Le joueur le plus fort avec lequel vous avez évolué ?
Benoît Dauga et André Boniface. André, ç’a été mon idole pendant longtemps, ma passion. Il avait tout : l’allure, la classe, du talent. Benoît, il était exceptionnel physiquement ; hors norme. C’était un grand monsieur à tous les niveaux.
Il y a un joueur que j’ai beaucoup aimé aussi et que j’ai voulu faire venir quand je suis revenu à Mont-de-Marsan : Jean-Marc Loby, de Mimizan. Une bombe, une perle, un superbe trois-quarts centre. Mais il n’a jamais voulu quitter son club. Avec Dédé Boni, nous n’avons jamais réussi à le déraciner : 70 kilomètres, c’était loin !
Et le plus fort en face ?
C’est compliqué, il y en a beaucoup. À l’époque, Brive et Toulon étaient de belles équipes. À Toulon, il y avait André Herrero, un monsieur, qui est parti ensuite à Nice. Quand André Boniface a été mis un peu de côté à Mont-de-Marsan, je suis parti là-bas pour jouer avec lui. André Herrero, qui m’avait impressionné quand il était jeune, était un monument. De courage, de talent. De tout.
Celui qui vous a fait rêver ?
Quand je parle de rugbymen, ce qui est important pour moi, c’est l’esthétisme. André Boniface, c’était quelqu’un de beau. Jo Maso fait partie aussi de ceux qui m’ont inspiré, en allure, en…
Benoît Dauga et André Boniface. André, ç’a été mon idole pendant longtemps, ma passion. Il avait tout : l’allure, la classe, du talent. Benoît, il était exceptionnel physiquement ; hors norme. C’était un grand monsieur à tous les niveaux.
Il y a un joueur que j’ai beaucoup aimé aussi et que j’ai voulu faire venir quand je suis revenu à Mont-de-Marsan : Jean-Marc Loby, de Mimizan. Une bombe, une perle, un superbe trois-quarts centre. Mais il n’a jamais voulu quitter son club. Avec Dédé Boni, nous n’avons jamais réussi à le déraciner : 70 kilomètres, c’était loin !
Et le plus fort en face ?
C’est compliqué, il y en a beaucoup. À l’époque, Brive et Toulon étaient de belles équipes. À Toulon, il y avait André Herrero, un monsieur, qui est parti ensuite à Nice. Quand André Boniface a été mis un peu de côté à Mont-de-Marsan, je suis parti là-bas pour jouer avec lui. André Herrero, qui m’avait impressionné quand il était jeune, était un monument. De courage, de talent. De tout.
Celui qui vous a fait rêver ?
Quand je parle de rugbymen, ce qui est important pour moi, c’est l’esthétisme. André Boniface, c’était quelqu’un de beau. Jo Maso fait partie aussi de ceux qui m’ont inspiré, en allure, en beauté. J’ai beaucoup de respect pour lui. Le geste, l’allure sont des notions très importantes à mes yeux. Je ne veux pas passer pour un vieux con, mais aujourd’hui, quand les mecs se rentrent dedans pendant deux heures, ça me fait chier. Mais bon, c’est l’évolution. Maintenant, les gens s’entraînent six heures par jour ; avant, c’était trois heures par semaine. Quand on parle de 100 mètres, il y a évidemment Usain Bolt, qui est un monument, mais c’est pour moi un robot. J’ai beaucoup plus de passion pour Carl Lewis.
Le plus fou ?
Il y a un mec qui était merveilleux, très gentil, qui s’appelle Pierre Chadebech (ancien Briviste). Ce n’était pas le plus fou, mais le plus original. Dans la vie, il faisait des choses que personne ne faisait. Le jour de mes 35 ans, après le match Mont-de-Marsan – Brive, il n’est pas rentré en Corrèze avec l’équipe mais est resté avec moi. Je lui ai dit : « Le lendemain, je t’amène où tu veux. » Il m’a alors répondu : « Non, non, tu m’amènes au bord de la route et je vais partir en stop. » « Tu ne vas pas partir en stop ? » « Si, si… » Voilà, que des trucs un peu à part, mais l’homme est merveilleux, sublime.
Le plus méchant ?
Je n’ai jamais eu de mecs cons, désagréables en face de moi. Sincèrement. Il y avait évidemment des mecs qui te faisaient mal, quand ils te plaquaient notamment, mais c’était régulier.
Le plus dur alors ?
Claude Dourthe. J’ai commencé à 17 ans en première. Il faisait mal, mais loyalement. Il m’a impressionné. C’était de la dynamite.
La plus grosse bagarre ?
La seule cicatrice que j’ai ici (il montre le coin de son œil droit), je la dois à Eric Buchet, l’ancien capitaine de Nice. À cette époque, j’étais revenu à Mont-de-Marsan, puisqu’André Boniface était redevenu entraîneur. Le seul coup de pompe que j’ai pris dans la gueule de ma vie. J’étais par terre et c’est arrivé ; je ne savais même pas que ça pouvait exister. Je n’avais pas compris : peut-être parce que j’avais quitté Nice pour retrouver Mont-de-Marsan… Enfin bref, c’est comme ça. Et c’est le seul incident de la sorte qui m’est arrivé.
Le joueur perdu de vue que vous aimeriez revoir ?
Jo Maso. Dans la même filiale, il y a aussi Codorniou (Didier). Des gens que j’aime beaucoup mais que je vois moins, à cause de l’éloignement. J’en oublie beaucoup. J’ai commencé à 17 ans en première et j’ai arrêté à 35 ans : j’en ai croisé des gens. Avec 95 % de bons souvenirs.
Et les 5 % restants ?
Buchet. Même si je n’ai pas le droit de dire du mal de Nice, car j’ai été reçu comme un roi là-bas.
Le match qu’il vous reste en mémoire ?
L’équipe de France, qui devait partir en tournée en Afrique du Sud, contre Mont-de-Marsan, à Barbe d’Or, l’ancien nom du stade de la ville, en 1971. Derrière, à Mont-de-Marsan, tout était huilé. Un moment magique. Il y avait des perles en face : Maso, Dourthe. Et la sélection n’était pas encore définitive ; des mecs voulaient donc gagner leur place contre nous.
Le plus grand regret ?
De ne pas avoir été sélectionné en équipe de France. J’ai aimé la vie, tout ce qui était un peu excessif, mais je l’assume. Un jour, quelqu’un dit à Codorniou : « Vous avez 22-23 sélections. » Christian Montaignac, la belle plume de « L’Équipe » après Denis Lalanne, ajoute alors : « Tu ne vas pas te plaindre. Toi tout seul, tu as plus de sélections que Maso et Nadal réunis. » Maso en avait 21-22 et moi 0. Mais ce qui me fait plaisir, c’est que j’ai toujours évolué dans la sphère de ces grands centres. Je n’ai pas le droit de me plaindre car j’ai fait ce que j’ai voulu. Si j’avais voulu être international, j’aurais pu aller jouer à Agen. Mais par amitié pour André Boniface, je ne l’ai pas fait. Je n’ai jamais trahi une amitié pour une sélection.
La meilleure troisième mi-temps ?
Je suis excessif dans le sens où je vis passionnément, mais je n’ai jamais fait de conneries extraordinaires. Chez moi, l’amitié, c’est sacré. On se retrouvait autour d’une bouteille, on refaisait le monde et on racontait quarante fois la même histoire. On ne buvait pas du chocolat mais je n’ai pas fait de choses hors norme. C’était les trois quarts du temps chez moi car j’ai toujours eu des cafés, des bars ou des restaurants.
Les plus chauds derbys : Sud-Est ou Sud-Ouest ?
Devant, c’était plus la guerre dans le Sud-Est que dans le Sud-Ouest. Avant un match important – on jouait contre Avignon il me semble – André Herrero parle dans le vestiaire. À l’époque, c’était un peu le papa et moi, qui débarquais de Mont-de-Marsan, je ne connaissais pas ça. Je me mets alors à siffler et à taper mes chaussures. Et d’un seul coup, silence. Un ange passe… Tous les mecs me regardent. André Herrero s’adresse alors à moi : « Patrick, dehors », en me montrant la porte. J’ai dû aller m’habiller dans le couloir. Pour moi, le rugby était un jeu, mais pour eux, c’était la guerre.
La ferveur populaire était-elle la même ?
À Nice, c’était des passionnés, des purs et durs. Chez nous, ça fait partie de notre religion. Comme les Fêtes de Bayonne ou de Mont-de-Marsan ; c’est dans la mentalité, dans l’esprit des gens. Tu n’avais pas les mêmes approches du rugby.
Et LE derby ?
Mont-de-Marsan – Dax, évidemment. J’ai connu mon premier, j’avais à peine 17 ans. Je jouais à l’aile. Ça gueulait dans les tribunes, c’était intense, mais je n’ai jamais réellement senti cette notion de pression. Je prenais ça du bon côté. Je n’en ai que des bons souvenirs, même si j’ai dû croiser Claude Dourthe, qui faisait mal. Et quand tu passes directement des cadets à l’équipe première, ça fait drôle.
Signer à Dax, ç’aurait pu être possible ?
Pour moi, non. En tant que joueur, le style de jeu de Mont-de-Marsan me convenait, la culture dacquoise était davantage basée sur des gaillards devant. Mais ce n’est pas la rivalité entre les deux clubs qui a pu m’en empêcher. J’avais des amis à Dax. Ce n’était pas une notion qui m’importait. Alors qu’ici… (en parlant du Pays basque). Un jour, Serge (Blanco) est venu manger ici (aux Basses-Pyrénées) avec Eric Bayle, de Canal. Quelqu’un lui dit alors : « Tu viens à Bayonne, toi ? » Et il répond : « Non, ici je suis chez Patrick, en terrain neutre, montois. » Ils sont durs entre eux les Bayonnais et les Biarrots. Je ne connaissais pas ça dans les Landes. Ici, il y a 4 kilomètres entre les deux villes ; entre Mont-de-Marsan et Dax, il y a 50 bornes. Ce n’est pas la même chose. J’ai des copains biarrots qui ne passent jamais à Bayonne ; ils préfèrent faire un détour.
L’entraîneur qui vous a le plus marqué ?
André Boniface m’a entraîné, mais ce n’était pas vraiment un entraîneur. Plus un prêtre du beau jeu. Sinon, quand j’étais jeune, il y avait Henri Domec. C’est lui qui m’a fait entrer en équipe première. Un ancien très bon troisième ligne de Lourdes. Un beau joueur. Un monsieur. Mais bon, j’avais mon caractère. Tout en étant gentil, quand je voulais faire quelque chose, tu ne me faisais pas faire le reste.
La plus grande fierté ?
Quand je vois des gens d’un certain âge qui me parle avec des étoiles dans les yeux. Je ne veux pas que ça paraisse prétentieux, mais plus tu avances dans le temps, plus tu embellis dans l’esprit des gens. Un jour, une dame vient me voir et me demande : « Ça vous dérangerait de venir dire bonjour à mon mari, il n’ose pas vous déranger. » J’avoue que je suis toujours un peu surpris de ce genre de démarches. Mais ça fait plaisir.
Le plus gros coup de gueule ?
Un jour, alors que j’étais président de Mont-de-Marsan, nous avions été nuls. Ça m’est rarement arrivé d’avoir honte de mon club, mais là… Après le match, je me suis planté devant les joueurs : « Vous ne pouvez pas être nuls comme ça. Vous n’avez pas de tripes, pas de cœur, pas de talent. Que s’est-il passé ? » Le match m’avait tellement vexé, blessé. Ça ne m’était jamais arrivé de réagir de la sorte.
Le plus gros fou rire ?
Ce n’était pas en tant que joueur, mais dirigeant. Un jour, j’arrive dans les vestiaires avec un grand copain, qui s’occupait des fringues. On jouait un match très important à Carcassonne. On était en retard car on s’était attardé à l’apéro. Les joueurs n’étaient pas contents. « Tu nous fais chier, ça fait trois quarts d’heure qu’on devait avoir les maillots », lancent-ils à mon ami. Celui-ci s’est alors mis à les leur jeter à la figure. On nous a foutus dehors tous les deux, mais on a gagné le match. Aujourd’hui, tu fais ça, tu vas en prison…
Le plus grand écart ?
Quand je jouais à Nice, j’habitais les hauts de Cimiez. Un endroit magnifique. J’étais gâté là-bas. C’était un club BCBG, haut de gamme. Si l’argent avait été mon principal moteur, je serais resté. Sauf que je suis parti au bout d’un an à Mimizan. Mais comme Ferrasse (Albert) et Basquet (Guy) m’avaient foutu une licence rouge, je jouais en réserve. Et quand on affrontait Mugron par exemple, on allait se doucher au collège. Tu partais du stade à pied, tu traversais la place de l’église, alors que je venais d’un club où tu avais tout : les peignoirs, les chaussons… Le jour et la nuit. Mais ça ne m’a pas traumatisé.
L’anecdote qui vous définit ?
Un jour, alors que je travaillais à Mimizan, je rentre pour aller m’entraîner à Mont-de-Marsan. Je vois alors du côté de Solférino des gosses qui jouent dans un champ. Je m’arrête pour jouer avec eux, et voilà que j’oublie l’entraînement. Du coup, j’arrive à 19 heures, alors qu’il était prévu à 18 h 30. Je me suis fait assassiner par Dédé Boni. Mais avec ces gosses, j’avais trouvé une passion.

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