Fait historique cette semaine tout au Sud du Pays basque. La petite île des Faisans, territoire interdit d’accès entre Hendaye et Fontarabie, au milieu du fleuve Bidassoa, est repassée sous souveraineté française. La cérémonie de passation a été célébrée ce lundi 1er août par les autorités civiles et les représentants des armées française et espagnole, dans le (quasi) respect des règles de partage territorial établies en 1901, dans le sillage du traité des Pyrénées du 7 novembre 1659. La pandémie étant passée par là, l’Espagne avait en effet gardé les clés de la maison…
Fait historique cette semaine tout au Sud du Pays basque. La petite île des Faisans, territoire interdit d’accès entre Hendaye et Fontarabie, au milieu du fleuve Bidassoa, est repassée sous souveraineté française. La cérémonie de passation a été célébrée ce lundi 1er août par les autorités civiles et les représentants des armées française et espagnole, dans le (quasi) respect des règles de partage territorial établies en 1901, dans le sillage du traité des Pyrénées du 7 novembre 1659. La pandémie étant passée par là, l’Espagne avait en effet gardé les clés de la maison commune depuis 2018, alors que selon le texte pacificateur celles-ci s’échangent habituellement tous les six mois…
Plus important que ces aléas diplomatiques imposés par l’épidémie de Covid, la France a ce jour-là marqué l’histoire en choisissant de confier pour la première fois cette mission d’État à une femme. L’heureuse élue s’appelle Pauline Potier et elle est depuis le mois de juin directrice adjointe des Territoires et de la Mer des Pyrénées-Atlantiques, déléguée à la mer. Une fonctionnaire de seulement 35 ans, devenue donc officiellement la toute première « vice-reine » de l’île des Faisans.
#Insolite 🤓 Au milieu du fleuve Bidassoa, entre Hendaye et Fontarabie, se situe une petite île 🏝, l'île des Faisans,…
La jeune représentante de la République française sourit évidemment devant ce titre honorifique, à résonance royale. Un titre uniquement porté par des commandants de Marine jusqu’à la fermeture de la base navale de l’Adour, en 2015. « On me chambre beaucoup sur les attributs qui pourraient être les miens dans le cadre de cette fonction. Mais le fait que ce soit pour la première fois une femme, ce n’est pas anodin. C’est un vrai signe de modernité, le reflet d’une évolution de la société qui fait écho à la nouvelle loi sur la parité », commente-t-elle.
La nouvelle souveraine évoque surtout « une véritable responsabilité ». Outre la dimension historique de cette minuscule bande de terre qui fut le théâtre d’accords de paix, d’échanges de prisonniers et de réunions secrètes, il est question de gestion du fleuve et de ses usages, « avec des actes réguliers à signer », dit-elle. Le premier d’entre eux prend la forme d’une ordonnance qui organise et régit les connexions maritimes entre Hendaye et Fontarabie. D’autres concerneront les zones de mouillages alentour, la protection de l’île contre l’érosion, l’entretien de son monument aux morts partagé par les deux pays, etc.
Représentant l’État français lors de cette cérémonie, le sous-préfet de Bayonne, Philippe Lemoing-Surzur, précisait que dans les relations internationales contemporaines, l’île des Faisans est désormais l’unique exemple de « condominium », soit un territoire soit un territoire où plusieurs États exercent une souveraineté alternée.
« Avoir pour fonction d’assurer la souveraineté de cette île, c’est un peu un mythe dans l’administration de la mer. Pour ma part je trouve que c’est un joli symbole que nous avons réussi à conserver, un territoire qui vient illustrer la notion de paix durable », réagit Pauline Potier.
À ceux qui s’interrogeaient sur la présence d’éventuels faisans sur cette île de moins de 130 mètres de long pour 15 de large (lire par ailleurs), Kotte Écénarro, le maire d’Hendaye confirmait dans un sourire et comme lors de chaque passation qu’il n’y avait pas plus de faisans sur cette enclave franco-espagnole que sur la place de la République d’Hendaye. Le terme renvoie non pas à l’animal à plume mais bien sûr à « ceux qui font ».
« Point de faisans dans l’île ! » écrivait déjà Victor Hugo dans le deuxième tome de ses « Voyages ». Ces souvenirs d’une traversée de la Bidassoa partagée en 1843 avec Juliette Drouet étaient complétés par ces mots : « C’est la règle générale. À Paris, au Marais, il n’y a pas de marais ; rue des Trois-Pavillons, il n’y a pas de pavillons ; rue de la Perle, il y a des gotons (des prostituées, en vieux français) ; dans l’île des Cygnes, il n’y a que des savates naufragées et des chiens crevés. Quand un lieu s’appelle l’île des Faisans… il y a des canards ! Ô voyageurs, curieux impertinents, n’oubliez pas ceci ! »

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