Dans six mois quasiment jour pour jour, le 6 novembre 2022, le skippeur amateur luzien, Jean-Baptiste Daramy, prendra depuis Saint-Malo le départ de sa deuxième Route du rhum. Quatre ans après y avoir décroché une très belle 10e place, l’adhérent du Yacht-Club Basque repart dans cette transatlantique en solitaire avec un nouveau bateau et « un nouvel état d’esprit ». « Une envie de continuer à progresser », que l’ingénieur de Compositadour confie à bord de son Class40 numéro 123, amarré à Hendaye depuis le week-end de Pâques.
Le « changement de mode » est enclenché depuis l’achat de ce bateau, en septembre 2021. Bien que le niveau général de la flotte soit encore monté d’un cran par rapport à 2018, le passionné de voile se réjouit de pouvoir prendre la barre de ce « modèle unique », « dessiné par un architecte de la Coupe de l’America ».
« Il ne fait pas partie des plus performants, mais c’est un bateau qui a tout gagné de 2013 à 2017, dont la Route du rhum 2014, et il n’aura jamais été aussi bien préparé », commente-t-il, au terme d’un gros chantier mené à la Trinité-sur-Mer.
Entièrement démonté et revu de A à Z, remis à jour et même développé au niveau de l’électronique, le 123 a passé sur le fil l’étape obligatoire de la jauge, le 11 avril, à Lorient. « Ça a été chaud, mais on a réussi à être à l’heure, plus précisément à être presque à l’heure », sourit-il depuis le ponton Tribord. Une course avant la course d’autant plus éprouvante, qu’elle s’est une fois de plus jouée en Bretagne, faute de disposer d’une infrastructure adaptée au Pays basque.
7 jours de chantier chez CG Marine à la trinité sur mer. On ponce, on coupe, on colle, on optimise. On ne s’ennuie…
« C’est d’autant plus rageant qu’on a ici, à Hendaye, une super zone technique avec Travlift (l’appareil qui permet de sortir les bateaux de l’eau, NDLR) et qu’on a les compétences. En fait, il manque juste un hangar pas trop loin de l’eau », commente-t-il en vantant les atouts d’« un équipement qui pourrait, par exemple, permettre au chantier naval de Socoa de prendre des chantiers de refit (modification de bateau, NDLR) qu’il ne peut pas prendre aujourd’hui ».
Le navigateur, qui rêve toujours d’Imoca et de Vendée Globe, espère pouvoir mener ses futurs projets au plus près de chez lui, en local. Mais chaque chose en son temps. « J’ai déjà eu l’occasion de parler de ce hangar avec le Département. Je pense que ce serait un vrai atout pour le territoire mais j’avoue que, là, ma priorité, c’est plutôt de terminer les derniers réglages du mât et d’aller prendre des vents forts, pour voir comment le bateau réagit », s’impatiente-t-il.
Cette préparation débutera au large de la Côte basque puis elle passera par trois navigations imposées. D’abord une qualification de 1 200 milles en solitaire, via l’Irlande. Ensuite le Mondial des Class40 à La Rochelle, en équipage et sur une semaine. Suivra un dernier 1 000 milles en solitaire via Cherbourg, l’Irlande et retour à la Trinité-sur-Mer, en juillet. « Ce sera vraiment le warm-up du Rhum, la régate qui me permettra de voir où j’en suis et de me mettre définitivement en mode course », annote-t-il.
Plus motivé que jamais, le compétiteur, toujours soutenu par la Maison Pariès et le spécialiste des charpentes métalliques Screb (entre autres sponsors), reste toutefois prudent dans ses pronostics. « Il y aura 55 Class40 sur la ligne de départ et en réalité, je serai exactement dans la même configuration qu’en 2018. En gros, les trois quarts de mes concurrents sont des professionnels, certains avec des budgets deux fois supérieurs, et sur le papier, il y a 30 bateaux plus performants. Du coup, même si ce n’est pas mon objectif, si je finis dans la première moitié, ce sera déjà bien. »
À l’image de la 10e place accrochée en 2018 avec son numéro 109, juste devant un certain 123, contraint de faire escale après une panne d’anémomètre, le compétiteur basque espère mieux. « Ce qui est sûr, c’est que je ne suis pas dans le même état d’esprit qu’il y a quatre ans. En 2018, je disais que ce serait aussi mes vacances et donc que je prendrais forcément la route sud, en cherchant les alizés. Même si c’était un peu pour amuser la galerie, cette année, je dis que s’il y a un coup à faire en prenant une route nord, plus engagée, je ne me poserai pas de questions. »
Une ambition à la hauteur de son cheminement dans la course en solitaire, commencé très jeune, en Mini 6,50. « Je repars avec beaucoup d’envie, mais dans ce genre d’aventures, on n’est jamais à l’abri de démâter ou de connaître une avarie », sait-il. « Dans les courses au large, il y a toujours une part de réussite, reprend-il. L’objectif, c’est de la provoquer… »

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