Les bouteilles d’huiles venant des champs d’une exploitation agricole du sud-est de l’Eure sont très demandées depuis que les rayons des magasins se sont vidés.
La commune de la Couture-Boussey est connue depuis plusieurs siècles, et dans le monde entier, pour ses ateliers de fabrication d’instruments de musique à vent réalisés en bois local tels que flûtes, hautbois ou clarinettes.  
Depuis le début du XXIe siècle, d’autres produits locaux font parler d’eux au-delà des frontières de la commune : ceux de la Ferme du Clos de la Mare. Agriculteur avisé, Jean-Marie Lenfant s’est lancé il y a plusieurs années dans la transformation et la vente de ce qu’il cultive sur ses terres. C’est ainsi qu’il fait pousser du blé, du blé noir et du seigle pour produire de la farine avec une meule en pierre.  
En parallèle de la culture des céréales pour la farine, d’autres végétaux font la renommée de la ferme de la Couture-Boussey : le colza et le tournesol. Avec le colza, Jean-Marie Lenfant et ses deux fils a mis au point des recettes de tuiles aux graines de colza torréfié, de sablés aux graines de colza broyé, des chocolats aux graines de colza torréfié et du savon fabriqué avec de l’huile de colza.
L’huile, c’est l’autre spécialité maison avec une importante production artisanale de haute qualité. Comme l’apprennent les visiteurs de la ferme, “les graines ramassées en été sont transformées lorsque leur taux d’humidité et leur maturité sont adéquats”.
Ecrasées à l’aide d’une presse à huile spéciale pouvant produire de 1 à 3 litres par heure, les graines produisent une huile qui sera ensuite mise à décanter pendant 3 semaines avant d’être filtrée, mise en bouteille et étiquetée. Les graines sont stockées et conservées pendant deux ans, ce qui permet de produire de l’huile toute l’année.
En plus du colza, très présent dans les champs normands, Jean-Marie Lenfant cultive du tournesol sur une proportion de 10% de terres. Il ne compte pas en augmenter les récoltes afin de respecter le principe agronomique de la rotation des cultures de différentes plantes (lentilles, colza,orge…) sur ses parcelles d’une année à l’autre.
Une forte demande
Depuis le début de la guerre en Ukraine, les cours de l’huile de tournesol ont considérablement augmenté et les rayons des magasins se sont vidés. Selon l’ONG Foodwatch, deux tiers des importations de tournesol viennent d’Ukraine.
A La Couture-Boussey, depuis le début de la pénurie d’huile, la ferme du Clos de la Mare reçoit, comme les autres producteurs normands d’huile, de nombreuses demandes de particuliers et de professionnels. Mais Jean-Marie Lenfant, comme il l’a expliqué à notre journaliste Stéphanie Letournel, ne veut pas suivre les cours mondiaux et tripler ses prix. Son litre d’huile n’a augmenté que de 50 centimes et coté commandes, il veut d’abord respecter les engagements pris avant le conflit :
“On a des magasins qui nous appellent  en nous suppliant de leur livrer de l’huile de tournesol. Mais voilà, moi, je suis un producteur fermier et ce que je souhaite c’est d’abord livrer mes clients [habituels] et faire en sorte que les restaurants scolaires puissent aller jusqu’au bout de l’année. Donc on limite aussi les quantités livrées.”

Au 6 mai 2022, au vue de ses réserves de graines, Jean-Marie Lenfant comptait “tenir jusqu’au 15 juin” avant une nouvelle récolte.
Autre pénurie constatée en ce début mai 2022 dans les rayons des magasins, celle de la moutarde.  Après une baisse la production de graines de moutarde au Canada (premier producteur mondial) à la suite de mauvaises récoltes conséquence d’un épisode de sécheresse en 2021, les entreprises comptaient compléter leur approvisionnement en Russie et en Ukraine.
Mais la guerre a bloqué les importations, faisant monter les prix et baisser de façon importante la production, entrainant un début de pénurie. Comme pour l’huile de tournesol produite dans une ferme de l’Eure, une plantation de graines de moutarde a été relancée en Seine-Maritime pour le retour de la moutarde cauchoise. 

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