Article écrit en juillet 2017 (mis à jour)
En 2018, pour la huitième année consécutive, ( mais aussi en 2019 ) Bordeaux ne voit pas le Tour de France. La deuxième ville la plus visitée par la Grande Boucle après Paris (55 fois ville-étape et 27 fois ville-départ) l’a accueillie pour la dernière fois en 2010. Le peloton était arrivé sur les quais en provenance de Salies-de-Béarn, avec une victoire au sprint de Mark Cavendish, puis était reparti le lendemain pour un contre-la-montre direction Pauillac.
Depuis, les habitants de la région bordelaise doivent se contenter de regarder le Tour à la télévision ou de se déplacer dans les départements voisins traversés, comme la Dordogne , le Lot-et-Garonne , les Landes et les Pyrénées-Atlantiques ces jours-ci. La faute à qui, à quoi ?
D’abord à la “stratégie d’ouverture à d’autres pays ou territoires depuis 2010” adoptée par l’organisateur, ASO, selon Arielle Piazza, adjointe aux Sports à la mairie de Bordeaux. Depuis 2009, deux grands départs sur trois se font en effet à l’étranger (Belgique, Allemagne, Pays Bas, Grande-Bretagne…). Ces vocations expansionnistes, qui permettent de toucher de nouveaux publics, de séduire des partenaires et des diffuseurs supplémentaires, réduisent de fait le nombre d’étapes 100% hexagonales.
Les six dernières éditions du TDF sur une seule carte 😱
Le parcours du #TDF2019 n'est pas présent sur cette image !

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Les contraintes calendaires ne sont pas neutres non plus. En 2016, impossible d’accueillir en même temps l’Euro et le Tour : comment loger les afficionados de la pédale en même temps que les dizaines de milliers de supporters de football ? Sans compter les obligations liées à la sécurité, désormais sans commune mesure avec celles de 2010. Enfin, il est aussi “question de budget : accueillir une étape coûte beaucoup d’argent, sans parler du soutien logistique énorme supporté par la Ville”, souligne Arielle Piazza.
Pour accueillir une étape, une commune doit en effet s’acquitter d’un ticket d’entrée auprès d’ASO : 65 000 euros pour un départ, 110 000 euros pour une arrivée et 70 000 euros pour une journée de repos . Ce coût, auquel contribuent souvent le département, la communauté de communes ou la métropole, a augmenté de 25% depuis 2000. S’ajoutent également l’installation de 4 kilomètres linéaires de barrières de chaque côté de la route en amont de l’arrivée d’une étape, l’implantation du village-départ le cas échéant (tentes et stands) et, si nécessaire, les aménagements de voirie. À l’arrivée d’une étape de plaine, la route doit faire au moins 6,5 mètres de large.
Mais la plupart des communes estiment que l’investissement est rentable. “Pour un euro dépensé, c’est environ dix euros de gagnés pour l’économie locale”, assurait-on par exemple à la mairie de Pau en 2015 après avoir été ville de repos et de départ. Cinq ans plus tôt, l’agglomération avait fait réaliser une étude pour évaluer l’impact économique du passage du Tour. Bilan : “plus de la moitié des restaurateurs et un tiers des commerçants ont ressenti un impact sur leur chiffre d’affaires” et la collectivité avait engrangé de 800 000 à 900 000 euros . En 2012, à Metz, ce chiffre s’élevait à 673 000 . Dans les deux cas, cela équivaut à environ une fois et demie la mise de départ.
Les villes peuvent aussi compter sur les effets à plus long terme. “Quand on parle de marketing territorial, le Tour de France serait formidable pour témoigner de l’évolution et de la dynamique de Bordeaux. On ne peut pas faire mieux pour parler de notre ville “, estime Arielle Piazza. En 2010, la réalisation avait offert aux téléspectateurs de nombreux plan aériens des quais rénovés, de la place de la Bourse et du miroir d’eau. Une campagne promotionnelle géante diffusée sur plusieurs millions d’écrans en France et dans 190 autres pays.
La préfecture girondine, pas candidate pour 2018 en raison de l’arrivée de la Tall Ships Regatta à la mi-juin, vise les années suivantes. “On pourrait voir le Tour en 2019, 2020, où nous n’avons aucune manifestation sportive de grande ampleur prévue. Ce sera un événement prioritaire qui sera proposé au maire. Charge à lui, ensuite, d’arbitrer. Mais notre histoire nous pousse à garder ce lien avec le Tour.” Le dossier devrait être évoqué dans l’équipe municipale une fois l’actuelle édition achevée.
“On ne retrouvera pas le Bordeaux systématique qui existait chaque année autrefois […]. Bordeaux est un candidat un peu permanent et informel. Alain Juppé nous appelle chaque année . Il souhaite avoir le Tour régulièrement. Pas forcément chaque année”, confiait lundi Christian Prudhomme, directeur de la Grande Boucle, à Sud Ouest .
Le parcours est dévoilé par l’organisateur au début de l’automne précédent la Grande Boucle. S’il est prématuré de parler des lieux de passages du peloton à Bordeaux, Arielle Piazza avance des pistes : “Je pense que les points de passages pourraient être le pont Chaban-Delmas , d’où on verrait aussi la Cité du vin, avec une arrivée au niveau du Matmut Atlantique, où on a largement la place d’accueillir les coureurs.” Les quais, un peu justes en largeur en 2010, ne devraient pas être parcourus une seconde fois.
[Mise à jour] Pour le Tour de France 2020, l’idée d’un passage des coureurs en Charente-Maritime, sur les îles de Ré et d’Oléron semble de dessiner. Une bonne occasion pour passer par Bordeaux ?
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