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DÉCRYPTAGE – Les militants qui distribuent les tracts sont, cette année encore, présents à chaque coin de rue, devant les étals de marché et les magasins. Une méthode de communication politique traditionnelle qui fait encore ses preuves.
Il fait beau ce dimanche, le soleil brille et les températures sont printanières. À Paris, dans le quartier de la Motte Piquet (15e arrondissement), à deux semaines du premier tour de l’élection présidentielle, l’heure est à l’opération séduction. Il suffit de déambuler quelques heures dans les étals du marché pour croiser des militants avec un tract, petit, moyen ou grand format, à la main. «Emmanuel Macron avec vous», «Pour que la France reste la France» d’Eric Zemmour, «Le courage de faire» de Valérie Pécresse, «Un autre monde est possible» avec Jean-Luc Mélenchon… Tous les candidats, ou presque, sont représentés.
Les affiches de campagne des 12 candidats à l’élection présidentielle 2022
Au moment où la campagne s’intensifie, chaque prétendant à l’Élysée multiplie les supports de communication, notamment les formats sur les réseaux sociaux – Facebook, Twitter, TikTok, Instagram… À l’heure de la dématérialisation de la vie publique, le traditionnel tractage papier a-t-il encore une utilité ?
Qu’est-ce qu’un tract ? «Une petite feuille de papier imprimée qu’on distribue gratuitement ou qu’on colle aux murs, à des fins de propagande», définit Le Larousse, «propagande», étant entendu au sens large comme action politique pour convaincre. Un tract est plus concrètement une image, un nom, très souvent un visage et un slogan. Il a pour mission d’interpeller le futur électeur par une image et quelques idées fortes, le conduisant ensuite à se renseigner plus précisément sur son programme. «On retrouve donc les lois du marketing», analyse Anaïs Théviot, maître de conférences en sciences politiques à l’Institut catholique de l’Ouest.
S’il existe une seule affiche officielle de campagne, «il existe plusieurs types de tracts en fonction du moment de la campagne électorale, poursuit l’auteure de Faire campagne sur Internet (éd. Presses de Septentrion, 2018). Et chacun d’entre eux a un but particulier.» Ainsi, les prospectus de début de campagne sont plus fournis que ceux de l’entre-deux-tours. Il s’agit de commencer par présenter les grandes lignes du programme, quitte à réaliser des tracts par thème.
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Malgré sa difficulté à percer dans les sondages, la candidate PS, Anne Hidalgo, est celle qui a la plus grande variété de tracts. Un sur l’écologie, un autre sur le travail ou encore sur les jeunes ou la République. À chaque tract, son message, sa photo dans une situation particulière et un message adapté. Ainsi, sur l’écologie, la candidate PS est de profil, au milieu d’un champ de blé. Une image censée démontrer son attachement «aux territoires» et «à la ruralité». Tous ont en commun une photo d’Anne Hidalgo, «car la présidentielle est l’apogée de la personnalisation de la vie politique», analyse Anaïs Théviot.
Les différents tracts d’Anne Hidalgo
Dans un autre genre, Marine Le Pen prépare, elle, le second tour. Alors que tous les sondages d’opinion annoncent un duel entre Emmanuel Macron et elle, la présidente du RN joue déjà sur cette opposition. En insistant sur leurs différences, elle en couleur, lui en noir et blanc, l’opposition entre les deux prépositions «sans» et «avec», marquant ainsi l’absence et la plénitude.
Un affrontement caractéristique d’une finale d’élection présidentielle. «Dans l’entre-deux-tours, on retrouve des tracts qui jouent sur l’opposition, les alliances […] et montrer parfois qu’une fausse information est véhiculée, note Anaïs Théviot. Il faut alors être très clair et efficace.»
Si l’objectif premier d’un tract est de transmettre une idée forte par une image, il n’est pas le seul. «Tracter est une manière de faire campagne, cela fait partie des habitudes militantes, complète Anaïs Théviot. Cela permet de réunir l’équipe de campagne, de créer du lien». Ensemble, les militants vont arpenter les rues, les marchés et «créer du collectif». De plus, tracter permet d’être présent localement. «L’objectif est d’être là, poursuit le professeur de sciences politiques. Si un de vos adversaires est en train de tracter sur les marchés, il y a toujours un effet de mimétisme, vous allez y aller aussi.» Montrer sa présence c’est aussi préparer les élections législatives, qui se jouent peu de temps après la présidentielle. Une échéance rapide, durant laquelle l’expérience de terrain est particulièrement importante. «Et à ce moment-là, les tracts vont changer, note Anaïs Théviot. Ils vont montrer les liens entre le candidat ou la personnalité forte et le député à élire.»
Le tractage apparaît donc nécessaire et «presque immortel» mais insuffisant. «Il faut utiliser tous les outils possibles pour assurer une meilleure visibilité», argue la spécialiste. Chaque moyen de faire campagne a ses propres cibles, une différence qui se retrouve même au sein des réseaux sociaux, TikTok étant pour les plus jeunes, Facebook pour un public plus large. «Sur les réseaux sociaux, on va capter les non-convaincus. Le tractage est davantage un moyen pour aller chercher les personnes qui ont un intérêt.» La campagne 2022 marque aussi le retour du porte-à-porte personnalisé, qui permet d’aller chercher les abstentionnistes. Ces derniers étant évalués entre 30 et 40%, selon les derniers sondages, les militants multiplient les moyens de faire campagne, du moderne au plus traditionnel.
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anonyme
le
Tracts et affiches sont moches, très chers, sales et surtout complètement ringards. J’ai quitté Paris pour une retraite en province et le premier jour au marché, je tombe sur une grande affiche d’Anne Hidalgo ! J’te jure, c’était bien la peine ! Mais la palme de la ringardise revient à mon avis aux spots télévisés ou radiophoniques. Au second degré, ils sont risibles de médiocrité. Éventuellement, on peut tolérer la propagande électorale officielle par voie postale, mais c’est tout.
CHRISTIANE BOUFFILH 1
le
Du papier, toujours du papier et vive l’écologie.
Entre les mégots de cigarettes qui pullulent et les tracts qui, pour moi, ne servent à rien si ce n’est faire que du gachis. Non merci CB
Grand largue
le
Les tracts et les affiches sont un archaïsme du 19eme siècle qui n’a plus d’intérêt aujourd’hui. Internet a balayé tout cela. Par contre, l’enveloppe de la préfecture avec tous les programmes réunis est essentielle car elle permet de comparer les offres tranquillement chez soi.
Les vœux du président de la République pour l’année 2023 ont été particulièrement critiqués à droite comme à gauche.
RÉCIT – Retour sur l’échec de la candidate LR au premier tour de l’élection présidentielle, le 10 avril 2022.
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Présidentielle 2022 : le tractage est-il encore utile ?
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