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Cet ancien musicien devenu cinéaste a signé l’un des plus gros succès du cinéma français. Les Choristes, 8,6 millions d’entrées, 20 millions dans le monde. Il est à Cannes pour se pencher sur le son.
Il préside le jury de la Meilleure création sonore. Prix créé il y a cinq ans, sous l’égide de l’Unesco. Christophe Barratier le martèle: “Plus que la taille de l’image, c’est le son d’un film qui agrandit l’écran.” Démonstration.
En quoi consiste votre mission?
Nous ne sommes pas là, avec des potentiomètres, pour régler le son dans les salles. Notre rôle est de considérer le son sous l’angle de la création. On a toujours considéré le cinéma comme un exercice totalement narratif, en se demandant si l’image est belle ou pas. Plus rarement, le public nous dit que le son était bon. Alors que cette dimension peut influence considérablement l’attention du spectateur. La musique bien sûr, mais aussi l’esthétique du son. Où une ambiance sonore brutale peut faire partie de l’expérience à vivre. Je m’en rends compte, moi qui me rends souvent dans les salles avec mes films: si la qualité de l’image est moyenne, ça va toujours. Alors que si un son ne nous enveloppe pas, on passe à côté de l’émotion.
Sur quels critères départager les films en sélection?
Il ne s’agit évidemment pas d’écouter le film en aveugle. À l’arrivée, on donnera quand même le prix à celui que nous aurons aimé, préféré. Pas à celui dont nous aurions détesté le contenu mais dont la bande-son nous aurait beaucoup plu. Ce serait idiot.
Ce Prix est récent. Le son, on ne s’en préoccupait pas auparavant?
Le son concerne beaucoup plus de domaines qu’on ne le croit. Ce n’est pas seulement la musique, mais aussi la sonnerie des portables, l’acoustique des nouveaux immeubles, musées, restaurants… Depuis le haut-parleur jusqu’à nos oreillettes, tout ce qui tourne autour du son représente 38 milliards d’euros dans le PIB de la France. Autre chose: on parle souvent de la pollution visuelle, moins de la pollution sonore. Quand les gens parlent de calme, ils ne pensent pas forcément silence, mais plutôt harmonie.
Le son requiert une grande attention dans vos films?
Oui, et il ne s’agit donc pas seulement de la musique. Il doit y avoir un réflexe pavlovien qui fait que, curieusement, le César est généralement décerné à un film musical. De la même façon que le prix pour les costumes ou les décors revient le plus souvent à un film d’époque. Dans mes longs-métrages, le son est direct, dans 95% des scènes. Le numérique permet d’aller beaucoup plus loin. Alors que dans le cinéma italien des années soixante, par exemple, le doublage et le bruitage sont omniprésents. Un personnage qui se trouve au loin parle à notre oreille, comme s’il était filmé en gros plan.
Ce travail du son devrait inciter à voir un film en salle?
Je n’ai pas vu Top Gun, mais j’imagine que c’est immersion totale. Le Dolby en salle, ce doit être autre chose qu’un écran à la maison. Quand on offre du “plus” par rapport à la télé, je pense notamment aux multiplexes, avec des parkings pour se garer facilement, on attire le public. En 1993, on était à 113 millions d’entrées en France. En 1999, à 214 millions. Nous serons à la moitié à la fin de l’année. Une habitude s’est perdue. Les seniors ne sont pas complètement revenus. Les familles non plus.
Mon dernier film, Le temps des secrets, fera 500.000 entrées, il aurait fait le double en 1999. J’ai l’impression qu’aujourd’hui, on parle en “anciennes entrées”, comme on parle d’anciens francs par opposition à l’euro.
Après Les Choristes, comment retrouver un tel niveau de succès?
Vingt millions d’entrées et trente-cinq pays dans le monde, deux nominations aux Oscars, une adaptation aux Folies-Bergère qui a tourné dans les Zénith pendant un an: quand on vit ça une fois dans sa vie, on est content. J’avais une autre chance, c’est d’avoir trente-huit ans. À vingt ans, j’aurais peut-être eu le “boulard”. En plus, je venais du milieu du cinéma, je savais ce que c’était. Je pense à mon oncle Jacques Perrin, qui vient de nous quitter.
Il s’est toujours mis en danger, mais avec autant de sérénité dans les triomphes que dans les bouillons. Je pense que je tiens cela de lui. Je n’ai pas connu d’échec noir, mais des chiffres décevants.
Le pire étant sûrement de se dire que l’on a fait un mauvais film en croyant qu’on ferait un succès commercial. Heureusement, je n’ai jamais fait assez mauvais pour avoir honte! Honnêtement, quand on a un bon scénario, de bons acteurs et un bon producteur, on n’est sûr de rien, sauf d’une chose: on ne fera pas une merde. C’est le minium. Maintenant, savoir si tel ou tel film marchera, c’est une autre affaire. Le succès des Choristes, personne ne l’a vu venir et personne ne saurait le reproduire.
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