Publié le 24/11/2022 à 13h38
Et voilà que l’on reparle de la transition écologique. Ou transition énergétique. Elle s’invite partout désormais, à juste raison. Elle est au menu de l’assemblée de l’AMF à Paris. Les maires ruraux ont lancé eux aussi ce vaste chantier par l’intermédiaire de leur association nationale. Ils se sont donné une année pour avancer des idées en animant des ateliers. Cinq week-ends donneront lieu à des réunions de travail, dès le début de l’année 2023.
En Haute-Loire, Michel Arcis, à la tête du Monastier et président de l’association départementale des maires ruraux (AMR), est un des 200 référents en France. Il est épaulé par Cécile Gallien, maire de Vorey, et Christophe Bredossian, édile d’Autrac. Ces deux élus représenteront la Haute-Loire au sein des ateliers.
Beaucoup d’actions se déroulent déjà. Le Monastier a entrepris d’installer un réseau de chaleur, profitant de la réhabilitation de la place du Valla. Le chantier a débuté l’été dernier et doit se poursuivre jusqu’à l’été prochain. Des tailleurs de pierre sont à pied d’œuvre. Les matériaux (la pierre) ont été récupérés suite à la déconstruction de bâtis anciens. La place va être rabaissée pour retrouver l’esprit de l’ancien espace médiéval. Celui-ci va être végétalisé. La collectivité doit récupérer l’eau d’une source, celle-là même qui avait été captée lors de la construction de la Transcévenole. Elle servira à alimenter trois fontaines du bourg. Cette eau sera aussi employée au remplissage de deux citernes de 50 m³ pour l’arrosage et à la protection contre l’incendie. 
Place du Valla au Monastier, un réseau de chaleur et deux citernes d’eau enterrées sont créés.
 
Dans les bâtiments conventuels voisins, la chaudière à plaquettes de bois (fourni jusqu’ici par un agriculteur) est conservée. Le silo va être agrandi. Il sera approvisionné avec la matière première venant d’un rayon de 50 km. Le réseau de chaleur devra servir à une quinzaine d’habitations autour de la place. Un deuxième réseau, dont les travaux débuteront l’an prochain, est le fruit d’un partenariat avec le collège public Laurent-Eynac. Il alimentera la salle des fêtes, le gymnase, le boulodrome et le collège lui-même.
« Ce qui apparaît important est de pouvoir travailler en amont sur la forêt et sa gestion raisonnée. Pour éviter bien sûr les coupes à blanc, surtout quand on a de petites surfaces pour lesquelles n’existe pas une obligation de replanter. On s’alimente localement notamment avec le GPF ».
Michel Arcis (empty)
Si le bois-énergie est une réponse à la transition, se pose aussi la question de l’autoconsommation avec le photovoltaïque. La communauté de communes Mézenc-Loire-Meygal a fait réaliser une étude de faisabilité sur l’ensemble des bâtiments publics.
Une étude précieuse pour les élus qui envisagent de monter un projet, soit pour produire, soit pour l’autoconsommation. Le Monastier envisage la création d’un parc photovoltaïque à la carrière du Mont. Le terrain est partagé entre l’exploitation de la carrière et la section de commune. L’étude est lancée pour une centrale photovoltaïque en vue de produire de l’électricité sur une surface de 4 hectares. « On respecte la réglementation dès lors qu’il n’est pas possible d’implanter de parc photovoltaïque sur des espaces agricoles à forte valeur agronomique » précise l’élu.
Michel Arcis explique encore : « Dans ce cas on va signer un bail avec une entreprise pour produire, mais on peut aussi faire de l’autoconsommation multi-sites, autrement dit produire à 2 km et attribuer l’énergie à un autre bâtiment ».
La transition écologique concerne encore la mobilité, la sobriété numérique, l’eau, un sujet d’actualité avec l’été qu’on a traversé et certaines communes qui ont vécu des temps compliqués (lire notre dossier spécial dans l’édition du 18 novembre). « On doit travailler sur l’entretien des réseaux, pour au moins limiter les fuites, à l’échelle communale et intercommunale, en lien avec les syndicats, pour Michel Arcis. Ce domaine est sans doute le plus compliqué avec le transfert de compétence en 2026 à l’intercommunalité qui peut à son tour passer la main à un syndicat. On le voit à travers notre secteur, où nous avons des communes en régie, d’autres au syndicat. Toute la question est de savoir comment on fait, demain, pour continuer à travailler ensemble ».
Le maire du Monastier est convaincu que « tout va s’accélérer ». L’AMR organise une rencontre sur le thème de l’eau dans le département, samedi 10 décembre avec l’hydrogéologue Bernard Montorier. L’accentuation des phénomènes climatiques remet en cause aussi la production alimentaire. Michel Arcis dit vouloir travailler sur un projet alimentaire territorial Mézenc Meygal à la suite de celui de la Jeune Loire et de l’agglomération du Puy.
Le président des maires ruraux de Haute-Loire estime qu’il faut par ailleurs agir sur les logements vacants… Le Monastier en sait quelque chose avec 14 % du parc inoccupé. Si les particuliers ne rénovent pas c’est souvent qu’ils n’ont pas les moyens. Michel Arcis trouve intéressante la proposition d’un élu :
Pourquoi l’État n’aiderait-il pas davantage en récupérant les investissements lors des reventes de biens et lors des transmissions, avec inscription aux hypothèques des dépenses liées à la rénovation ?
Reste à surmonter la question du financement. Ne faut-il pas repenser la taxe carbone ? « Je ne sais pas vraiment à quoi elle sert aujourd’hui, dit Michel Arcis. Que les activités polluantes permettent dans un premier temps de financer cette transition écologique me semble une bonne chose. Les gens sont suffisamment taxés. Dans des communes rurales comme les nôtres, c’est juste pas possible d’en rajouter ».
 
 
Philippe Suc
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