Plusieurs milliers de poissons morts ont émergé de la surface dans la Nieppe et le canal du Préavin dans le Nord. Les autorités l’expliquent par un phénomène “récurrent” dû à la chaleur, à des microalgues et des bactéries. Il est recommandé de faire attention aux chiens en promenade dans le secteur.
Plusieurs milliers de poissons ont été retrouvés morts dans la Nieppe et le canal du Préavin ce vendredi 20 mai. Julien Marissiaux, militant écologiste de l’association Le Cercle St Eloi et habitant de La Motte-au-Bois, a lancé l’alerte sur cette “catastrophe” environnementale sur les réseaux sociaux.
C’est une riveraine qui a prévenu la mairie ce vendredi face au constat de cette hécatombe. “Dès qu’on a eu l’information, j’ai tout de suite prévenu l’Union Syndicale d’Aménagement hydraulique du Nord (USAN) qui est gestionnaire du cours d’eau“, raconte Jérôme Darques, le maire de Morbecque.
L’USAN s’est ensuite adressée à la Fédération de pêche. Ces derniers ont alors saisi l’Office français de la biodiversité pour mettre au clair cette situation.
Aujourd’hui, on est à J+4, c’est des dizaines de milliers de poisson qui subsistent à la surface. On voit une carpe qui fait 3-4 kilos, des gardons, des alvins, c’est un tiers à peine de ce qu’il y avait ici dimanche quand on est arrivé.
La Direction départementale des territoires et de la mer du Nord (DDTM) rapporte que l’Office français de biodiversité (OFB) s’est déplacée vendredi 20 mai dernier “avec la gendarmerie et l’Union syndicale d’aménagement hydraulique du Nord, ils ont constaté une mortalité importante de poissons“.
Des prospections ont été faites sur le cours d’eau, mais “ils n’ont détecté aucun polluant“. Alors, comment expliquer cette soudaine mortalité ?
On était sur des conditions climatiques particulières qui ont pu favoriser la raréfaction d’oxygène. Il y a eu des changements de temps, des orages. Avec les excès de chaleur, les débits réduits, quand on a une baisse de pression atmosphérique, on a une baisse du taux d’oxygène dans le milieu. Ce n’est pas rare.
Les couleurs rougeâtres dans l’eau, quant à elles, ne sont pas dues à une pollution à l’hydrocarbure. L’explication est toute autre selon l’Office français de la biodiversité.
La “volute rougeâtre” qu’on retrouve sur les poissons est “d’origine biologique”. C’est “un développement anarchique de bactéries et de microalgues en quantité anormales par rapport au milieu, explique la DDTM qui reprend les informations de l’OFB. Quand le milieu est déjà un peu fragilisé, qu’on a des conditions particulières d’oxygène, on peut avoir ces développements-là“.
De plus, s’il y avait eu une pollution, “on aurait eu une partie du cours d’eau avec une mortalité bien ciblée des poissons“, précise Clément Costenoble. Or, ici, les pertes s’étendent sur plusieurs kilomètres.
Là, c’était vraiment sur la longueur du cours d’eau, donc ça montre bien que ce n’est pas un rejet qui aurait créé cette pollution
Finalement, la mort massive de ces poissons est “quelque chose qui est récurrent, détaille Clément Costenoble. Tous les ans on a un phénomène de mortalité dû à un problème d’oxygène dans l’eau“. Il reconnaît néanmoins l’importance “exceptionnelle” des pertes. “Tous les ans à cette période, en sortie de printemps, on a un problème d’oxygène dans l’eau, les niveaux d’eau ont baissé donc on a une mortalité piscicole.”
Des propos corroborés par Jérôme Darques, le maire de la commune, “c’est un phénomène naturel, ça arrive assez fréquemment. En 2021, on a eu le même phénomène en juillet. Cette année, c’est arrivé plus tôt.”
Plusieurs problématiques se posent désormais pour la suite selon Julien Marissiaux. Parmi lesquelles, les risques sanitaires et l’odeur qui va se dégager du cours d’eau : “ce sont toutes les bactéries qui vont se dégager de centaines de milliers de corps en putréfaction et on sait ce que ça va générer au niveau du biotope.“
Il s’inquiète aussi qu’on laisse “potentiellement ces canards, ces rats, tout ce qui a autour se nourrir de ça.” De son côté, la mairie de Morbecque invite les promeneurs de chiens à faire attention à ce que leurs compagnons ne boivent pas l’eau du cours d’eau.
Clément Costenoble et l’USAN assurent qu’ils vont “essayer de retirer un maximum de poissons morts au niveau des ouvrages“. Une surveille “accrue dans les prochaines semaines” est prévue dans le secteur de la Nieppe.