Il y a dix mois, dix entreprises sud-aveyronnaises du bâtiment décidaient de s’associer au sein d’une coopérative. Depuis, cette initiative originale a fait du chemin, notamment parce qu’elle permet aux futurs maîtres d’ouvrage de réduire leur facture.
Faire construire sa maison peut rapidement se transformer en une galère sans fin, sinon une expérience des plus dramatiques pour son compte en banque. En Sud-Aveyron, il existe fort heureusement des solutions pour éviter d’y laisser sa santé. La Bâtisse, encore toute jeune, en fait partie. Installée depuis neuf mois à Millau, cette jeune coopérative d’artisans du bâtiment a la particularité de regrouper une dizaine d’entreprises locales spécialisées dans la construction (maçonnerie, plaquiste, carreleur, électricien, plombier…) et d’apporter une réponse collective et locale aux futurs maîtres d’ouvrage situés en Sud-Aveyron et dans le nord de l’Hérault.
Une première en Aveyron
“Pour faire simple, on se charge de tout, de la conception du plan jusqu’à la remise des clés, y compris l’étude thermique et la mise en place du CCMI (Ndlr, contrat de construction de maison individuelle). Comme un constructeur traditionnel, on offre toutes les garanties requises durant le chantier, notamment au niveau des assurances”, affirme Jean-Marie Boissière dont le job consiste à coordonner les travaux et assurer la bonne relation entre tous les artisans de cette coopérative, à ce jour unique en Aveyron.
Outre son penchant naturel pour l’esthétisme et la performance énergétique, cette société atypique assure pouvoir concrétiser les projets en optimisant au maximum les coûts, tant sur le gros œuvre que sur le second œuvre. “En tant que coopérative, la Bâtisse n’a pas vocation à faire des bénéfices. Elle est là pour nous permettre de déléguer la partie commerciale, les études, et les contrats de construction, explique l’un des artisans associés, Olivier Thuault-Ney, qui dirige la société CMT 12 (couverture, zinguerie). En échange de quoi, poursuit-il, chaque artisan consent des prix réduits et des délais de livraison raisonnables.”
Après quelques mois d’existence légale, la Bâtisse semble dans le coup puisque une dizaine de contrats ont déjà été signés, à commencer par le projet de rénovation porté par Audrey Galtier. Installée sur le Larzac, au hameau familial de Jassenove, cette jeune agricultrice fut la première “cliente” de la coopérative. “Mes parents m’ont mis à disposition l’ancienne bergerie de Jassenove où il y avait beaucoup de travaux à faire. Mon projet était de la rénover pour y créer trois chambres d’hôtes et mon appartement à l’étage. Le truc, c’est que je n’avais aucune connaissance dans le bâtiment et pas spécialement envie de m’arracher les cheveux à courir après les artisans”, détaille cette femme de 24 ans qui exploitait jusqu’à présent un élevage de porcs et de vaches de l’Aubrac.
Un interlocuteur unique
Au contact de Bruno Pomarède, le designer de la Bâtisse, puis de Jean-Marie Boissière, AudreyGaltier a d’abord établi un diagnostic du bâti existant avant de définir les possibilités d’aménagement et, enfin, chiffrer le coût de son investissement personnel estimé à 150 000 €. “Ce qui m’a plu, dit-elle, c’est le fait d’avoir rapidement qu’un seul interlocuteur en face de moi. Bien évidemment, le prix me convenait et le volet écologique dans le choix des matériaux aussi. Après quelques lourdeurs administratives avec la commission départementale d’orientation agricole, mon projet agrostouristique a été validé et les travaux ont pu être lancés en début d’année.”
Six mois sont passés et aujourd’hui, son “chez-soi”, mêlant confort et innovation, respire la pérennité. L’agricultrice avoue être “ravie” du résultat, d’autant qu’elle a pu louer ses chambres à la fin de l’été, un délai que les artisans, pour la plupart Millavois et Saint-Affricains, s’étaient engagés à respecter dans le contrat. “J’ai pu être associée aux réunions hebdomadaires pendant tout le chantier et garder la main sur certains travaux que je voulais réserver à des artisans non adhérents à la coopérative, ce qui n’a pas posé de problèmes. J’ai trouvé le fonctionnement de la Bâtisse très sécurisant. On sent qu’ils savent bosser ensemble“, témoigne Audrey Galtier (*).
En unissant ainsi leurs forces et leurs compétences, les membres de cette coopérative ont gagné en lisibilité et en parts de marché. Preuve qu’on est toujours mieux armés en restant groupés. Surtout en temps de crise.
(*) Plus de renseignements sur les chambres d’hôtes au 06 28 67 15 34 (ou augaltier@gmail.com).