Une quinzaine de magasins de brocantes et antiquités jalonne le territoire rétais grand comme un mouchoir de poche, fût-il de belle facture ou bordé de fines dentelles.
À Ars, les enseignes rivalisent d’ingéniosité pour attirer les curieux ou mieux les collectionneurs, disciples de Balzac. Et à ce jeu-là, la Brocante du port de Sylvia Parisot entretient à l’envi la fièvre de la série. Véritable caverne d’Ali Baba, le joyeux capharnaüm tient dans des murs que la maîtresse des lieux n’arrive plus à pousser. Ce premier jour…
À Ars, les enseignes rivalisent d’ingéniosité pour attirer les curieux ou mieux les collectionneurs, disciples de Balzac. Et à ce jeu-là, la Brocante du port de Sylvia Parisot entretient à l’envi la fièvre de la série. Véritable caverne d’Ali Baba, le joyeux capharnaüm tient dans des murs que la maîtresse des lieux n’arrive plus à pousser. Ce premier jour de vacances de fin d’année, il y règne comme un parfum d’urgence envahi par les essences de bois.
Le verbe facile et assuré, Sylvia glisse malicieusement : « Je suis née dans une commode. Je suis une enfant de brocanteurs des puces de Saint-Ouen et, tout comme mes sœurs Catherine et Danielle, j’ai reçu ce beau métier en héritage familial. » Dans ce temple de la bricabracomanie chère à l’auteur de « La Comédie humaine », elle a fait ses armes en assistant aux tractations, et en apprenant à évaluer les objets. « Mon fils Maxime n’a pas encore le virus mais il n’a que 25 ans. Mon envie secrète serait qu’il ait le déclic », confie la brocanteuse dont la grand-mère exerçait le même métier à Angers.
Depuis 2003, sa Brocante du port occupe une petite partie d’un ancien hangar à bateaux à Ars où le cazavant, petit voilier en bois typique du cru, était construit. Pas surprenant de retrouver du matériel d’accastillage et autres références maritimes dans les travées chargées du magasin de 58 mètres carrés. Vaisselle ancienne, tableaux, meubles de caractère, maquettes de bateaux, verrerie, il y a de tout, il suffit de farfouiller pour trouver un verre finement travaillé pour quelques euros ou se laisser guider par la réminiscence d’un souvenir.
Aude et Hugo, un couple de trentenaires, craquent pour deux candélabres baroques, une affaire conclue en quelques minutes. « Depuis un ou deux ans, je remarque une jeune clientèle que je n’avais pas avant et ça me fait vraiment plaisir », sourit la brocanteuse.
À quelques pas, lovée au fond d’une belle galerie accolée au Café du commerce, l’Agence de l’Abbaye joue à cache-cache entre brocante et agence immobilière. Un concept où l’on peut pousser la porte happé par une lampe toute en rondeur des années 1960-1970 et repartir non seulement avec son coup de cœur mais aussi en route pour une visite de maison.
Une histoire que le propriétaire des lieux Cyrille Drouin aime à raconter. « Un couple de Suisses est entré pour un éclairage repéré depuis la vitrine et, en discutant, il se trouve qu’ils cherchaient aussi une maison à acheter mais n’avaient pas encore trouvé celle qui répondait à leurs désirs. Je l’avais mais je ne l’avais pas affichée, je leur ai fait visiter et l’affaire s’est faite », se remémore le fringant quinquagénaire. Et pour la petite histoire, la lampe leur a été offerte.
Et de confier qu’il ne chine que ce qu’il aime et mettrait chez lui. Dans un coin de la boutique, le bureau de l’agent immobilier se devine à peine sous une alcôve où trônent deux maquettes de bateaux d’exception qu’il n’est pas décidé à vendre.
À Saint-Martin-de-Ré, au pied de la porte des Campani, les pierres semblent murmurer le passé du Magasin du Roi devenu Magasin de la République. Sitôt franchie la porte, la haute silhouette de Vincent Bas se découpe dans la lumière du couchant réchauffant les murs. Campant un personnage sympathique, il semble surgir d’un conte où un Gulliver svelte aurait avalé le commandant Cousteau et l’explorateur Jean-Louis Étienne. Coiffé d’un bonnet de marin et chaussé d’après-ski, le longiligne maître des lieux se fond dans la vaste échoppe de 120 mètres carrés et 60 de galerie, taillée à sa mesure.
Avant lui, Geneviève et Mick Brandy, ses parents antiquaires, ont comme lui affronté le froid de l’hiver durant quarante ans sous la charpente culminant 7 mètres plus haut. Aujourd’hui Vincent en a fait un concept store qui mélange brocante et art africain mais pas seulement. Meubles de métier et chaises où Austin Powers aurait pu s’asseoir mais aussi des vêtements en coton bio d’une marque portugaise et objets de décos s’y côtoient gaiement.
Comme un aimant, une belle dame attire les regards. Savamment assise sur le comptoir du bar où le café ou le thé est offert aux clients, elle invite le visiteur à s’y adosser. Dévoilant négligemment un sein, elle semble susurrer son voyage en provenance d’un pays plus chaud. « C’est une rareté, cette perle est une ancienne enseigne de bar qui vient du Sénégal », explique le propriétaire en riant.

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