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Samuel Gontier
Publié le 23/06/20 mis à jour le 07/12/20
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« Au sommaire ce dimanche, annonce Harry Roselmack sur TF1, une grande école française unique en son genre, elle forme les futurs maîtres d’hôtels et directeurs des plus grands palaces. » « Voyage à Mexico, annonce Xavier de Moulins sur M6. Une destination très prisée des expatriés français. La ville attire pour son exotisme mais aussi pour son patrimoine, sa gastronomie et ses plages de rêve à portée de main. » Chaque semaine, dans Sept à huit life et 66 minutes, TF1 et M6 envoient du rêve. Rien de mieux pour éviter le blues du dimanche soir.
 
© TF1
L’évasion commence avec une « immersion à l’école Ferrières, près de Paris. Les apprentissages sont variés avec une constante, la recherche de l’excellence, développe Harry Roselmack. La formation sur trois ans coûte 54 000 euros. Une source de motivation supplémentaire pour de nombreux élèves qui ont souscrit des prêts étudiants ». Si les universités publiques multipliaient par dix leurs droits d’inscription, leurs étudiants seraient bien plus motivés. « Leur rêve : travailler dans les plus beaux palaces du monde. » Et vivre dans le monde du luxe.
Le reportage débute avec « un cours d’art de l’accueil. Marti, 18 ans, joue le rôle de maître d’hôtel ; ses camarades, les clients », sous l’œil de leur « professeur de bonnes manières. Marti doit appliquer toutes les règles apprises en classe de protocole ». Attention, « rien n’échappe à l’impitoyable professeur Frusetta », qui reproche à son élève d’avoir dit à ses faux clients « veuillez bien me suivre ». « Ça ne va pas. Il faut dire : “Permettez-moi de vous accompagner à votre table.” Voyez la sémantique, la musicalité de la phrase. » Et son exquise obséquiosité.
 
© TF1
« Élève en deuxième année, Jane espère décrocher un premier boulot de concierge. » Mais pas dans un immeuble du 16e arrondissement. « Ce sont ses parents, entrepreneurs dans le digital et l’immobilier, qui paient sa scolarité. » Comme l’uniforme est obligatoire, « Jane a déboursé environ 700 euros en plus du coût de sa scolarité » pour se payer ses tenues. Une nouvelle source de motivation supplémentaire. « Jane suit des cours de gestion, de marketing ou de ressources humaines mais elle met aussi la main à la pâte. Aujourd’hui, cours de repassage, en anglais s’il vous plaît. » C’est tout de suite plus chic. Dans la classe d’à côté, « atelier pliage de couette avec la professeure de house keeping, autrement dit de ménage ». Ne dites plus : « Je passe l’aspirateur », dites : « Je fais du house keeping », vous verrez que cette tâche vous sera bien plus agréable.
La professeure initie ses élèves « à la technique de la crêpe, ou comment changer une housse de couette en un temps record sans trop faire d’efforts ». Le reporter s’étonne : « La plupart des élèves veulent diriger, manager, ouvrir leur propre établissement. À quoi ça sert de savoir faire un lit ? – C’est pour savoir guider leur personnel, savoir contrôler le travail de leur personnel. S’ils ne savent pas le faire eux-mêmes, ils ne seront jamais en mesure de dire : “Vous pouvez le faire en tant de temps.” » Et ils ne seront pas en mesure d’exploiter au maximum les femmes de ménage sans-papiers employées par des sociétés sous-traitantes – nombre d’entre elles se sont mises en grève ces dernières années pour protester contre leurs conditions de travail et la faiblesse de leurs salaires.
 
© TF1
Revoici le professeur de bonnes manières. « Au programme aujourd’hui, épluchage de pomme à la volée, annonce la voix off. Une technique héritée de la Renaissance qui consiste à transformer la simple découpe d’un fruit en un moment de divertissement. La méthode est désuète, mais qu’importe. » « Bien faire quelque chose qui n’a pas de sens, on le vit comme une contrainte, explique le professeur. Sauf que ça fait partie de l’apprentissage de s’habituer à la contrainte, la rigueur, l’ordre. » Et à l’obéissance aveugle. « L’excellence et la perfection, ça ne s’obtient pas par un clic sur Internet. » Si Internet était le domaine de l’excellence et de la perfection désuètes, ça se saurait.
« Les élèves viennent de milieux très différents, assure la voix off. Marti est tombé dans le chaudron de l’hôtellerie en voyageant avec ses parents journalistes. » Des journalistes de luxe, sans doute. « Mais aussi en regardant la télévision, notamment Downton Abbey, une série britannique sur une famille de lords dans laquelle les domestiques tiennent le premier rôle. » Le jeune homme en commente une séquence : « On voit bien que même un valet de pied est toujours très classe, élégant. » Si même un valet de pied est élégant, imaginez la classe d’un maître d’hôtel. « C’est une chose qu’on perd un petit peu en ce moment, il me semble. » La domesticité n’est plus ce qu’elle était. « Mais justement pas dans l’hôtellerie de luxe, où on garde les mêmes traditions. » Seuls les ultra-riches ont gardé le goût des saines traditions. « Se balader dans un château toute la journée en queue-de-pie, évidemment, tout le monde aimerait ça. » En effet, c’était mon rêve avant de me retrouver vautré en survêtement dans mon canapé pour écrire des chroniques dans un journal de bobos débraillés.
 
© TF1
« Marti souhaite devenir consultant en étiquette et protocole. » Un métier trop peu connu. « Ses parents paient son logement mais, pour régler les 54 000 euros que coûtent les trois ans de formation, Marti a dû s’endetter, comme la moitié de ses camarades. » Ainsi Lola, dont les parents sont « fiers du choix de leur fille malgré les a priori qui pèsent sur leur profession ». « Les gens prennent ça pour une voie de garage, l’hôtellerie, regrette son père. On fait un métier de service, les gens ont l’air de croire que c’est un sous-métier. La satisfaction du client, quand il repart content, y a pas mieux, y a pas de meilleure récompense. » Toute autre rémunération est accessoire. « Lola a dû souscrire un prêt étudiant de 58 000 euros. Une fois diplômée, elle touchera au minimum un salaire de 1 500 euros nets et devra rembourser 550 euros par mois. » Outre une motivation supplémentaire, ce crédit devrait lui assurer un surcroît de docilité vis-à-vis de ses employeurs.
De son côté, « Jane se prépare à un entretien très important ». L’école a invité « les recruteurs des plus grands palaces pour une bourse aux stages et aux CDI. Les élèves se vendent et, étonnamment, les recruteurs aussi ». Une recruteuse promet : « Quand c’est votre anniversaire, il y a une journée organisée pour vous le souhaiter. » L’employeur est trop bon. « Vous avez les RH qui vous le souhaitent en vous laissant une petite enveloppe. » Les RH sont si généreuses. « On take care, c’est vraiment ce message qu’on veut envoyer. » On take care des employés qui fliqueront avec d’autant plus d’ardeur le travail des petites mains dont on ne take pas care.
 
© M6
Après ce film promotionnel pour l’école Ferrières, Sept à huit propose un autre film promotionnel pour le Parc Astérix, à l’occasion de sa réouverture. Redoutant de quitter le monde du luxe pour celui du populo, je zappe sur M6 découvrir la vie « des expatriés français à Mexico. Ils sont vingt mille à y vivre ». Ne les appelez surtout pas « migrants », ce terme est réservé aux étrangers qui viennent nous envahir. « Mexico est une capitale où l’on vit bien… » Surtout quand on est expatrié. « … au climat toujours égal, 24 degrés toute l’année, où l’on peut savourer les fameux tacos à chaque coin de rue et découvrir sa culture millénaire et exotique. » Quand ce sont les Français qui y migrent, l’étranger est fatalement exotique.
« Une ville qui réserve bien des surprises à ceux qui l’ont adoptée. La capitale mexicaine est idéalement placée à quelques heures de la côte pacifique et de ses plages paradisiaques. » On peut donc s’y baigner chaque soir après le boulot. « Un atout précieux pour tous ceux qui ont choisi de s’expatrier au soleil de Mexico. » Pour eux, c’est les vacances toute l’année. Le reportage offre de découvrir « la tentaculaire Mexico vue de l’avion privé de Carlos Couturier, un Franco-Mexicain businessman et millionnaire ». Selon lui, « les gens sont gentils, on y mange bien, il fait beau, les affaires fonctionnent… On y vit bien ». C’est le paradis des expatriés, comme toutes les villes visitées par M6 pour décrire la vie idyllique de compatriotes enfin délivrés des carcans français – ce genre de reportage est un poncif de la chaîne. « On y vit bien quand on a les moyens, précise le reporter. Et Carlos a les moyens. Il investit dans l’immobilier, il est à la tête de seize hôtels de luxe à Mexico et aux États-Unis. » Tiens, revoilà des hôtels de luxe. Le monde (des riches) est petit.
 
© M6
« Carlos nous emmène dans son 4 x 4 argenté. Une voiture pas bling-bling, selon lui. » « Ma voiture est un prolongement de ma personnalité qui n’a rien à voir avec le luxe. » Sa Mercedes lui sert seulement à afficher son rang social. « Carlos nous fait visiter le chantier de son dernier projet, un investissement de plusieurs millions de dollars. Il transforme ce bâtiment historique pour en faire un nouvel hôtel. » Carlos présente « notre architecte française, Sarah », la voix off explique : « À Mexico, tout reste à construire. » Ce pays est tellement arriéré qu’il ne peut évoluer sans l’apport civilisateur des colons – pardon, des expatriés – français. « Et surtout, tout est plus facile pour les entrepreneurs. » Une vraie start-up nation, le Mexique.
« Le Smic est seulement de 4 euros par jour. » C’est génial. « Et puis il y a toujours moyen de s’arranger. » Pour payer moins que le Smic. « Il y a cette flexibilité au niveau des normes qui fait que tout va pouvoir s’adapter, se félicite l’architecte. Cette notion de pouvoir s’adapter, elle est beaucoup plus forte ici. » Alors qu’en France les entrepreneurs sont étranglés par des normes absurdes. « Il y a le côté syndical aussi qui est plus simple, ajoute Carlos, les gens sont beaucoup plus flexibles. » On peut les exploiter sans risquer les prud’hommes, c’est le rêve.
 
© M6
Le reportage quitte Carlos pour s’intéresser à un autre héros. « Mathieu a créé une filière bio qui cartonne au Mexique. Il a ensuite monté trois boulangeries dans le centre-ville. » Un grand classique : pas de reportage sur les expatriés de Chicago, Sydney ou Mexico sans son portrait de boulanger-pâtissier qui a fait fortune en important notre inégalable savoir-faire gastronomique.
« 7h30 du matin dans le quartier chic de la capitale, enchaîne le reportage. Chez Maria et Sébastien, c’est un grand jour qui commence : c’est la rentrée scolaire pour Yolie et Néphélie. Yolie rentre en CP, Néphélie en CM2. » « C’est toujours émouvant la rentrée », s’émeut le papa à la table du petit déjeuner tandis qu’une domestique s’affaire en cuisine. « Sébastien dirige un groupe européen d’électroménager. Son entreprise prend en charge le loyer et l’école des filles. » C’est la belle vie. « Comme tous les expatriés ici, le couple paie une employée à domicile. » Qu’il convient de ne pas appeler « domestique ». La maman lui demande de coiffer une de ses filles : « Vous lui faites une petite tresse. » La voix off reprend : « Yolie et Néphélie vont dans l’une des deux écoles françaises de Mexico. Une petite école à taille humaine et un enseignement un peu spécial. Le cours est donné par deux professeures, chacune parlant dans sa langue. » Une très chère école privée qui ne coûte rien aux parents, c’est parfait.
Nouvelle séquence « dans un quartier chic aux immeubles cossus du centre de Mexico. C’est ici que vivent la plupart des expatriés français ». Ah bon ? Je pensais que leur goût pour l’exotisme les conduisait à emménager dans les favelas. « Nous y retrouvons Claire. Sur le toit de son immeuble se trouve quelque chose qu’elle n’aurait jamais imaginé pouvoir posséder, même en rêve. Une piscine privée pour faire ses longueurs. » Et l’occasion rêvée de réaliser un plan serré sur les fesses de la nageuse. « Pour son appartement de 50 mètres carrés avec service de sécurité et piscine privée, Claire paye 550 euros par mois. » C’est donné, même si c’est « un prix relativement élevé pour Mexico qui s’explique par le quartier, très prisé. Et pour Claire, l’essentiel est là ». « C’est mon petit paradis après le travail. Je me sens très bien ici, je suis chez moi. » On se sent tout de suite chez soi avec une piscine sur le toit.
 
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« Claire est venue parce qu’on lui a offert un travail de six mois de kinésithérapeute. Elle a été embauchée par une entreprise qui vend du matériel de massage. Aujourd’hui, elle masse une journaliste de Vogue. » « L’enjeu, précise Claire, c’est qu’elle recommande cette technique à toutes les lectrices de Vogue. » Après le massage du dos, « on change de zone ». « Pour la séduire, Claire va insister sur une zone très importante pour les Mexicaines : le derrière. » L’occasion d’un nouveau plan serré sur des fesses. « Pour lui montrer l’efficacité de sa machine, Claire fait une photo de ses fesses. » L’occasion d’un nouveau plan fixe sur des fesses. « La journaliste semble conquise. Le travail de Claire ici commence bien. »
 
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« La vie est douce pour les expatriés. » J’avais cru le comprendre. « Mais Mexico est une terre de contrastes. La moitié de la population vit sous le seuil de pauvreté. » Beurk, des pauvres. « Et en même temps, la capitale accueille beaucoup de millionnaires. » Chouette, des millionnaires. Cette capitale est vraiment très accueillante. « Comme Carlos, le roi des hôtels de luxe », qui fait visiter son immense loft. « C’est le quartier je dirais pas chic, je dirais le plus cher. » « Il a aménagé sa maison selon ses goûts très particuliers, avec une piscine de 25 mètres juste pour faire des longueurs. » Très particulier, en effet, le goût pour la piscine.
On retrouve « Mathieu le boulanger », dont l’excentricité l’a poussé à habiter dans un quartier populaire. « Ses entreprises marchent très bien, pour lui c’est un pays idéal pour travailler. » « C’est une ambiance plutôt décontractée, c’est sympa. » C’est les vacances toute l’année. Sa compagne confirme : « On tombe vite amoureux de cette ville complètement en désordre mais qui est complètement attachante. » C’est le charme du sous-développement. « Mathieu vit très bien à Mexico. » Pour preuve, il y a une piscine dans son jardin.
 
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Bref, « Mexico est une fête ». Pour les expatriés de M6. « Dans ce bar de salsa, la musique la plus typique de l’Amérique latine, la seule femme est trompettiste et elle est française. » Mais laissons Mathilde et revenons à Claire. « En fin de journée, c’est l’heure de son petit plaisir, les courses au supermarché. Car Mexico est le paradis des fruits exotiques. » Dans une ville exotique, c’est logique. « En plus d’être excellents, ces fruits ne coûtent presque rien. » Un vrai jardin d’Éden, le Mexique. « Notamment l’avocat, le fruit emblématique du pays. » « C’est 1,70 euro le kilo, jubile Claire, on n’a pas ça en France. » « En France, c’est plutôt 1,70 euro pièce », persifle le commentaire. À cause des normes, du niveau exorbitant du Smic et du manque de flexibilité des salariés.
« Mais, à part les fruits et légumes, il n’y a pas grand-chose de bon. Le Mexique, c’est aussi le pays de la malbouffe. 70 % des adultes sont en surpoids. » Ces pauvres n’ont aucune éducation. « Le Coca, ici c’est la base, témoigne Claire, il est moins cher que l’eau. Les chips font partie de la base de l’alimentation, les gens se nourrissent de chips. » Ces pauvres n’ont aucun goût. « Résultat, dans le reste du magasin, Claire n’achète presque rien. » « Au niveau gastronomie, confie-t-elle, on est bien en France, quand même. » N’importe quel expatrié dans n’importe quel pays du monde vous le dira (sur M6). « Le fromage n’a pas de goût, c’est compliqué de bien manger ici », déplore la jeune femme originaire du pays du camembert. « Alors, pour manger, le plus souvent Claire va au restaurant. Elle peut se le permettre : restos, sorties, tout est bien moins cher ici. » Quand on vous dit que le luxe ne coûte rien à Mexico.
 
© M6
Retour avec Yolie et Néphilie pour montrer « des images d’école idéale. Mais il existe une autre réalité. Beaucoup d’enfants n’ont pas la chance d’aller en cours. 10 % des 5-17 ans ont même déjà un travail ». Une belle preuve de flexibilité. « Et la violence liée au narcotrafic pousse des milliers de mineurs à la rue. » D’où la nécessité de vivre dans des résidences sécurisées. « Dans le quartier de Topito, l’un des plus pauvres de la capitale, Mathieu le boulanger gère une fondation pour les enfants des rues. » Quelle bonté. « Ici, plus de quarante enfants abandonnés ont trouvé un toit et à manger. Ces jeunes peuvent même se former au métier de boulanger. Et c’est bien sûr Mathieu qui a monté tout l’atelier. » Pour se fournir en main-d’œuvre flexible et non syndiquée.
 
© M6
Mathieu le boulanger pavoise : « Quand on a commencé il y a dix ans, y avait rien ici. » On ne dira jamais assez les bienfaits de la colonisation – pardon, de l’expatriation. « Le Mexique m’a apporté énormément de choses, j’ai réussi à avoir une entreprise qui tourne bien donc je pense que c’est logique de pouvoir aider ces gamins. » Rien de mieux qu’un pays pauvre pour s’adonner à la charité.
« Autre ambiance à une heure d’avion de là. Acapulco, le Saint-Tropez mexicain. Du soleil et une eau idéale pour la baignade toute l’année. » Carlos plonge depuis un bateau. « Ça ne se voit peut-être pas mais Carlos, notre businessman, est ici pour le travail. » Il l’admet : « On se croit en vacances. » Le travail au Mexique, c’est les vacances toute l’année. « Carlos vient contrôler la gestion de l’hôtel qu’il possède ici. Business et plaisir sont ses maîtres mots. » Plus il y a de business, plus il y a de plaisir. « Carlos est très fier de son hôtel de charme avec sa vue imprenable sur le Pacifique. » La voix off précise qu’il est le descendant d’arrière-grands-parents immigrés au Mexique, ce qui en fait un « expatrié » un peu rassis.
 
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« À 400 kilomètres de là se niche un autre lieu magique où les habitants de Mexico peuvent venir se prélasser le temps d’un week-end. » Ça les change de leur favela. « Voici Puerto Escondido et ses plages paradisiaques qui s’étalent sur des kilomètres. C’est aussi un spot de surf mondialement connu où nous retrouvons Claire, notre kiné normande. Elle a payé seulement 40 euros son billet d’avion depuis Mexico pour venir pratiquer son sport préféré le temps d’un week-end. » C’est donné. À ce prix-là, n’importe quel expatrié peut se payer le bilan carbone d’un millionnaire européen.
« Ça va faire du bien d’aller se rafraîchir mais honnêtement la chaleur est totalement supportable. – Ça vous rappelle la Normandie ? – Non, la température n’est pas la même. Moi, je suis vraiment une surfeuse d’eau chaude. » C’est un fait bien connu des expatriés en Normandie : l’eau y est assez peu chaude. « Aujourd’hui, les vagues sont belles. » L’occasion d’un nouveau plan serré sur les fesses de Claire allongée sur sa planche.
 
© M6
Alanguie dans un hamac, « Claire réalise à quel point son changement de vie est radical ». « Je me rends pas compte que lundi je bosse. Je suis juste à une heure de mon boulot et c’est dingue, je pourrais venir là tous les week-ends. » Alors qu’une kiné havraise n’aura jamais les moyens de se payer chaque semaine un vol pour Saint-Tropez. « La journée se termine en beauté avec un instant yoga devant le coucher de soleil. » Une nouvelle occasion d’apprécier la sublime plastique de Claire dans le couchant. « Une petite parenthèse zen de quarante-huit heures avant son retour en ville. » Dans un avion carburant au kéro-zen.
 
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Xavier de Moulins, le présentateur, réapparaît sur le plateau de 66 minutes. « Depuis notre tournage, la famille Allègre est partie vivre à Hong Kong. » Ah bon ? Mais pourquoi donc ? Je croyais que Mexico était la ville idéale des expatriés. « Et Claire la kiné est rentrée dans sa Normandie natale. » Et son changement de vie radical ? Et les restos « bien moins chers ici » ? Et son appartement avec pisicine où elle se sent chez elle ? Et sa plage paradisiaque où elle pourrait venir tous les week-ends ? Je n’ose croire que la « surfeuse d’eau chaude » soit condamnée aux frisquettes vaguelettes de Donville-les-Bains.
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