l’essentiel Un Pakistanais de 18 ans a été condamné à 18 mois de prison ferme par le tribunal de Castres pour une agression sexuelle commise dans un foyer de Lagarrigue.
« Je demande pardon, je ne le ferai plus, je ne pensais pas que cette erreur me conduirait devant le tribunal. Je veux rester dans votre beau pays qui m’a si bien accueilli », lâche les larmes aux yeux ce Pakistanais de 18 ans à la barre du tribunal correctionnel de Castres traduit par une interprète. Mais les juges ne se sont pas laissé attendrir par ce migrant, pourtant sans casier judiciaire, considérant qu’il « n’avait pas pris la mesure de la gravité des faits ». Il a été condamné à 30 mois de prison, dont 12 mois avec sursis probatoire durant 2 ans avec l’obligation de travailler, d’indemniser la victime, de ne pas rentrer en contact avec elle et de se soigner.
Le jeune homme était poursuivi pour une agression sexuelle sur la veilleuse de nuit du foyer pour jeunes migrants installé dans un ancien hôtel de Lagarrigue où il est hébergé dans le cadre d’un contrat jeune majeur de l’Aide sociale à l’enfance.

Les faits remontent à la nuit du 9 au 10 septembre. Vers 3 heures du matin, ivre sous l’emprise de stupéfiants, après avoir bu une bouteille de whisky dans sa chambre et fumé des joints, descend au bureau de la surveillante, une intérimaire de 45 ans. Il se montre agressif, force l’entrée et l’agresse sexuellement. Une scène violente au cours de laquelle la victime s’est vue mourir selon son avocat Me David Cucullières. Elle déposera plainte le lendemain. Le jeune homme interpellé et écroué le 13 septembre va nier les faits au cours de sa garde à vue comme à l’audience. « Ce sont des mensonges, je ne l’ai pas touché », assure-t-il. Même s’il avoue ne plus trop se souvenir pourquoi il a éjaculé. « J’avais trop bu et je regrette mon comportement », dit-il après que la présidente Cindy Tarride lui rappelle que la victime avait des marques sur le corps, des traces de sperme sur la cuisse et qu’elle a enregistré une partie de la scène avec son téléphone où on l’entend dire qu’elle est mariée, qu’elle a des enfants et qu’elle n’est pas sa copine avant de crier « Arrêtes, tu me fais mal ».
Une veilleuse de nuit qui entretenait une certaine complicité avec le prévenu et d’autres résidents, mais « comme une mère ». « Il y a des similitudes dans ces deux destins de la victime et du prévenu, elle aurait dû conduire à une solidarité et pas devant ce tribunal », affirme Me Cucullières qui explique que sa cliente de culture musulmane a été mariée de force avant de réussir à quitter son mari pour retrouver l’amour et avoir 5 enfants avec la volonté de travailler pour être libre et subvenir à ses besoins. Un avocat en colère car pour lui cette « issue était inévitable ».

Sa cliente s’est fait embaucher, via son agence d’intérim, par le foyer protestant de Castres qui gère ce foyer pour le compte du conseil départemental, alors qu’elle n’a aucune formation adéquate. « Elle n’est pas éducatrice et se retrouve seule en poste de nuit à gérer 30 mineurs et jeunes majeurs, lâche-t-il. Je ne fais pas de politique et je ne dis pas qu’il ne faut pas accueillir de migrants mais l’association a fait n’importe quoi », continue l’avocat qui pointe le stress post-traumatique de sa cliente qui suit depuis une psychothérapie.
Le procureur Freddy Marta, lui aussi, affirme que c’était « inévitable » que ce jeune se retrouve devant le tribunal alors que des témoins, dont le chef de service, évoquent l’agressivité et les addictions du prévenu qui suit une formation de peintre en bâtiment. Il aurait d’ailleurs agi sous la colère par jalousie, soupçonnant sa victime d’avoir une relation avec un autre jeune du foyer. « Il présente une dangerosité criminologique évidente. Les déclarations de la victime sont crédibles alors que celles du prévenu sont fantaisistes. Ce n’est pas un prédateur sexuel mais il a une conception particulière des relations homme-femme. Il a voulu restaurer son image d’homme qui domine les femmes », lâche-t-il requérant 3 ans de prison dont 18 mois avec sursis probatoire.

Après avoir pointé du doigt quelques incohérences dans le témoignage de la victime, Me Jessica Chefaroudi a tenté d’arrondir le portrait de son client dépeint par l’accusation. « Il n’a pas de problème avec les femmes au contraire il a été élevé par les femmes. C’est sa mère qui a versé 10 000 € à un passeur pour que son fils ait un avenir » explique l’avocate qui retrace le parcours chaotique de ce jeune migrant arrivé en France en 2020 et qui s’est retrouvé seul livré à lui-même, en manque de repères et d’affection.
Mais il a quand même été maintenu en détention et est reparti en maison d’arrêt pour 18 mois.

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