Fin 2011, un sanglier avait semé la panique au cœur de Toulouse, de la rue Alsace à Matabiau, rentrant même dans des magasins. Un lieutenant de louveterie avait dû achever la bête affolée. L’affaire avait ému bon nombre de citadins.
Elle n’avait pas étonné les chasseurs, habitués à cette cohabitation. Y compris en ville. Le mythe du vieux solitaire, roi des forêts, a du plomb dans l’aile. «On trouve de plus en plus de sangliers en zone urbanisée» résume Jean-Jacques Di Costanzo, vice-président de la fédération de chasse 31. Sa caméra infrarouge fixe vient de filmer, en plein Tournefeuille, laies et marcassins qui gambadent allègrement de nuit, le groin en éveil.
«On en trouve tout autour de Toulouse, à Launaguet, Saint-Jean, Fonsegrives…» confirme Maurice Saint-Cricq, président des louvetiers du département. Des hordes qui commettent de gros dégâts, dans les cultures, bien sûr, mais aussi dans des jardins de particuliers, des espaces verts, des terrains de foot. Dans l’agglo, des accessoires de piscine, des clôtures et même des cimetières ont subi des spectaculaires passages.
Le problème est tel que la préfecture autorise des battues administratives. Avec des résultats éloquents : 25 sangliers abattus sur le site de l’Onera, à Mauzac, 20 zone du Confluent (Pinsaguel, Portet, Lacroix-Falgarde…), 15 sur le site AZF, près de l’Oncopole, 10 à la limite Toulouse (chemin des étroits)-Vieille-Toulouse … Maurice Saint-Cricq en a tué un, qu’il avait piégé au pied d’un immeuble, entre Rangueil et Ramonville.
D’autres battues sont prévues, dont une sur l’aérodrome de Lasbordes, en bordure de rocade. «Ces chasses sont difficiles à organiser. Les sangliers s’habituent à l’homme, aux voitures. En zone urbaine, on ne peut pas les tirer n’importe où» souffle le louvetier. Les collisions sur la route sont fréquentes. En juin, trois gendarmes ont été blessés à Mondonville.
On dit chaud lapin, pas chaud sanglier. Mais le cochon prolifère aussi vite. «Le taux de reproduction peut atteindre 200 % par an. Née en mars, une femelle peut être en chaleur en octobre. Entre neuf mois et un an, elle peut mettre bas. Elle peut faire trois portées en deux ans, soit 15 à 21 marcassins ! Et ainsi de suite… Plus elle pèse, plus elle a de petits, jusqu’à huit. Un sanglier d’un an pèse 100 kilos» indique Henri Goizet, responsable des modules plan de chasse et dégâts, à la fédération.
La plaine toulousaine est un sacré garde-manger. Du maïs un peu partout (certains vivent dans des parcelles de 40 hectares, à Labarthe-sur-Lèze ou Rieumes), des châtaignes ou des glands dans les forêts de Bouconne ou Buzet… Et comme les «pachydermes» se déplacent beaucoup (50 km par nuit), le danger et les dégâts se multiplient. Au-delà de la régulation du cheptel, les chasseurs ont dû initier un lourd dispositif pour atténuer les dommages (lire ci-dessous). Même s’ils avouent «avoir du mal à appréhender une espèce ingérable».
Le gros gibier n’appartient à personne. Et pourtant, quand il commet des dégâts sans vergogne, les chasseurs sont les seuls à en payer les pots cassés. Une mission d’utilité publique. Dans certains pays, c’est l’État, donc le contribuable, qui s’y colle.
En Haute-Garonne, la fédération de chasse a pris le taureau par les cornes. Elle consacre un quart de son budget (337 000 € en 2012, sans doute 430 000 € cette année) à l’indemnisation des agriculteurs et des maraîchers, les seuls à pouvoir être remboursés. «Il faut avoir le statut d’exploitant agricole. 99 % des indemnisations concernent des agriculteurs, 1 % des maraîchers. Régulièrement, des particuliers nous sollicitent, en vain. Ce sont leurs assurances multirisques habitation qui prennent le relais» confie Henri Goizet.
En 2012, 60 % des sommes ont été consacrées au remboursement des dégâts ; 10 % financent du matériel de protection. Le reste, 30 %, couvre les frais de gestion (salaires ou paiement des estimateurs, frais de déplacements…).
Pour alimenter ce budget spécifique, la fédération fait payer un timbre spécial de 16 € aux 10 500 chasseurs (sur 14 500) qui traquent le gros gibier dans le département. Chaque société de chasse paie également un bracelet à chaque fois qu’elle prélève un cervidé, selon un plan de chasse (des prévisions préétablies) : 18€ pour un chevreuil, 33 € pour un faon, 63 € pour une biche et 83 € pour un cerf. Les prix du timbre et des bracelets fluctuent chaque année, en fonction du montant estimé des dégâts. «Si on voulait faire rentrer de l’argent, on ferait des bracelets pour le sanglier, comme dans certains départements» souffle Henri Goizet.
Si tous les dégâts commis par les espèces grand gibier sont indemnisables, le sanglier est le principal fautif. «Sur les 408 dossiers gérés en un an, plus de 300 concernent des sangliers. 84 ha de maïs, dont 30 de semis, près de Bouconne et à Montréjeau, ont été détruits».
Le cerf n’a endommagé que 12 ha, dont 8 de maïs, le chevreuil 12 aussi, surtout du tournesol.
Les dégâts du gros gibier occupent huit personnes en Haute-Garonne, 60 % de l’année : sept estimateurs (deux privés, cinq de la fédé) et un administratif, chargé de la constitution, du suivi et du paiement des dossiers. Les dégâts ont surtout lieu en mars (prairies), en mai-juin (semis de maïs, de tournesol, de blé, de colza) et du 15 août au 30 novembre (maïs).
Chacun des estimateurs est agréé. Dans un délai de dix jours après l’appel de l’agriculteur, il calcule la surface détruite sur un échantillon de trente rangs de céréales. «On peut marcher 30 km par jour !» sourit Florian Arroyo, leur responsable. Il évalue la perte de rendement et la transmet à une commission départementale d’indemnisation, souveraine, composée de chasseurs, d’agriculteurs et de techniciens de la Direction départementale des territoires, l’ex-DDA. «Leur rôle n’est pas facile. Il y a un peu de tension. Les agriculteurs ne chassent plus autant qu’avant, sont moins compréhensifs. Heureusement, nos relations avec la Chambre d’agriculture sont au beau fixe» analyse Henri Goizet.
Sangliers>Tués en Haute-Garonne. Le département ne manque pas de gros gibier. En 2012, 3124 sangliers ont été tués. Il n’y en avait eu que 150 il y a 40 ans! On a compté aussi 1543 cerfs, biches et faons, et 6000 chevreuils environ. Une espèce en plein développement. Il y a trente ans , on n’en prélevait que vingt par an, essentiellement dans le Comminges.
90 €
Rue Lejeune – à louer Garage dans résidence sécurisée.[…]55 €
Secteur Arènes – place de parking sécurisée située en rez-de-chaussée extér[…]807 €
SANS FRAIS D'AGENCE – Quartier SAINT SIMON / 33 chemin de LESTANG: à louer […]J’ai déjà un compte
Je n’ai pas de compte
Vous souhaitez suivre ce fil de discussion ?
Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?
Je vois qu'il est plus facile de publier un commentaire quand on est chasseur!

@jevoistout: Je ne vois pas pourquoi ça serait aux écolos d'aller s'occuper des dégâts des sangliers dont la seule responsabilité revient aux chasseurs et à leur politique en matière de gestion de ces animaux depuis des décennies! A eux d'assumer!
Moi je ferais payer ( financièrement) les animalistes. Cela leur mettrais du plomb dans la tête (expression)
Tout a fait d'accord avec toi papayeverte, d'ailleurs, le titre de cet article aurait dut être : " La ville dans l'habitat des sangliers " (et du reste de la faune et de la flore sauvage )
Ha ! la, on ne les entends pas les "écolos" pour les procès d'intentions ils sont là, mais pour le concrèt, il n'y a personne !

source

Catégorisé: