À l'issue de cette saison, Sione Tui rejoindra les rangs du Stade Français, le club qui l'a prêté à l'US Carcassonne. L'arrière – et parfois ailier – australien (22 ans ; 1,80 m ; 94 kg) nous parle de sa rencontre avec le rugby, des îles Tonga, la terre de ses ancêtres et sa relation avec la religion. Entretien avec un jeune wallaby à l'avenir plus que prometteur.
Comment le rugby est entré dans votre vie ? 
Ma famille est originaire des îles Tonga. Mes parents ont immigré en Australie en quête d'une vie meilleure. La meilleure façon que mon père ait trouvée pour s'intégrer dans ce nouveau pays a été de jouer au rugby. Le sport, en particulier celui-ci, est une langue internationale. Moi je suis né à Melbourne, toute ma vie, je l'ai faite là-bas. Vers mes 7 ans, mon père a voulu me faire essayer cette discipline dans un petit club de notre quartier. Je jouais avec des gosses polynésiens comme moi, j'ai tout de suite accroché. Ce sont toujours mes amis aujourd'hui, d'ailleurs. On partage les mêmes valeurs, les mêmes hobbies : notre culture commune, notre passion pour le rugby et le christianisme. 
Je suis quelqu'un de très pieux
En Australie, vous alliez à l'église tous les dimanches en famille… N'est-ce pas compliqué de pratiquer votre foi chrétienne, loin des vôtres et dans une langue étrangère ? 
Je suis quelqu'un de très pieux. La religion me permet de garder un mode de vie sain. Elle me relie à ma famille. Mon grand-père est prêtre dans une petite église destinée à la communauté tongienne. En effet, normalement, tous les dimanches, j'allais à l'office dispensé en tongien. Et tous les mercredis, toute la famille se réunissait chez mon grand-père. D'aussi loin que je me souvienne, j'ai toujours connu ça. Aujourd'hui, il est vrai que c'est plus compliqué. Quand je suis arrivé à Paris et que je suis allé dans une église où l'office était en anglais… ça n'avait pas la même saveur. Depuis que je suis à Carcassonne, je prie de mon côté. Avant de manger, avant de dormir, avant les matchs.
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Depuis votre arrivée à Carcassonne, vous avez réussi à vous recréer un petit cocon tongien… 
En effet, j'ai eu la chance de rencontrer plusieurs Polynésiens qui jouent ou jouaient au rugby à XIII. Des Tongiens et des Fidjiens. On a étudié la Bible ensemble. Ça m'a fait plaisir. Puis, par hasard, j'ai rencontré le gérant d'un foodtruck spécialisé dans la gastronomie du Pacifique. Nous sommes devenus amis. Je le considère un peu comme mon oncle. Il m'invite souvent chez lui pour dîner et regarder des matchs de rugby à XIII. Ce qui est étrange, c'est que comme j'ai grandi en Australie, je parlais plus souvent anglais là-bas, mon niveau de tongien n'était pas top. Mais depuis que je suis ici, en France, que j'ai rencontré plusieurs Polynésiens, je me suis mis à adorer parler cette langue. Au point que ma famille soit surprise de mon niveau ! En fait, je me sens plus proche de ma culture depuis que je suis en France. 
Je préfère regarder les matchs de XIII
Vous êtes un joueur de rugby à XV mais étrangement, vous préférez assister au rugby à XIII…
Je regarde vraiment beaucoup, beaucoup, de rugby à XIII. Sans me priver de suivre le rugby à XV bien sûr. Chez moi, la compétition à XIII est beaucoup plus dure. C'est un évènement très suivi. Alors oui, je l'avoue, je préfère regarder le XIII au XV. Je plaide coupable. 
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Bientôt vous regagnerez les rangs du Stade Français, quel bilan tirez-vous de votre expérience à l'USC ? 
Quand j'étais au Stade Français, malheureusement, je ne jouais pas beaucoup. J'étais jeune et en plus, un joueur étranger… Mon agent m'a proposé d'aller faire mes armes dans un club plus petit pour que je joue davantage et donc que je m'améliore. L'US Carcassonne était parfait pour cela. Depuis que je suis ici, je pense être devenu un meilleur joueur. Et aussi une meilleure personne. J'ai l'impression d'avoir grandi. Je suis seul dans une ville que je connais peu, je vis seul. C'est nouveau pour moi. Je dirais même que venir à Carcassonne a été la meilleure partie de ma carrière. Si j'étais resté au Stade Français, je n'aurais pas autant appris. Ici, j'ai eu l'occasion de jouer, de faire des erreurs, de me corriger et d'exprimer pleinement mon style de jeu. J'ai plus confiance en moi.
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Si vous étiez une ville ? Même si je n'y suis jamais allé, je dirais Tokyo. Cette culture japonaise m'attire. Sûrement parce qu'elle est aux antipodes de la mienne. 
Si vous étiez un film ? Le dernier Samouraï, avec Tom Cruise ! 
Si vous étiez un genre de musique ? De l'afrobeat : un genre musical mixant sonorité afro et hip-hop. Dès que j'en écoute, j'ai envie de bouger mon corps. 
Si vous étiez un animal ? Un aigle. Parce que c'est puissant et que ça peut voler. 
Si vous étiez un trait de caractère ? Tous les jours, j'essaie d'être modeste et honnête avec moi-même. Je n'ai pas envie de tricher…
Si vous étiez une star du rugby ? Sonny Bill Williams, le grand joueur néo-zélandais de rugby à XIII !
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Dans l' article ce jeune raconte sa passion unique pour le rugby à XIII et ses relations avec les joueurs du Pacifique qui jouent à Carcassonne XIII et au VARL XIII .

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