Économie Pour ces Français, des vacances perturbées par les prix des carburants
VOTRE VIE VOTRE AVIS La voiture reste la chouchoute des Français au moment de partir en vacances, même si le prix du carburant va pousser les voyageurs à faire des compromis
Qu’importe l’essor du train, la hype du vélotourisme ou le plaisir de la randonnée, la voiture personnelle reste LE mode de transport incontournable durant les vacances d’été. Selon une récente enquête Ipsos*, elle est plébiscitée par 65 % des vacanciers lors des grands départs, et 74 % l’utilisent une fois à destination. La raison est simple, nous dit le sociologue de la mobilité Yoann Demoli : « La voiture reste de loin le moyen de transport le plus pratique, le plus mobile, le plus libre ».
La success story s’accompagne pourtant cette année d’un « mais » de taille : le passage à la pompe, qui a de quoi donner des sueurs froides à toute personne ayant opté pour des vacances à plus de 50 kilomètres de sa maison. Par rapport à juillet 2021, le prix du litre d’essence a grimpé de 53 centimes en moyenne, et celui du gazole de 62 centimes. soit une hausse de près de 30 %. Une flambée qui chamboule fortement les vacances, jusqu’à provoquer leur annulation. C’est notamment le cas de Martine, 37 ans et trois enfants sous le bras, qui a répondu à notre appel à témoignages : « Pour la première fois depuis leur naissance il y a dix ans, on ne part pas, le plein d’essence étant passé de 80 à 140 euros. Un sacré budget quand l’aller-retour nécessite deux pleins. Nous allons malheureusement rester renfermés, gâchant les vacances d’été de 3 enfants qui rêvait de voir la mer après deux ans de confinement. »
Il y a aussi ceux qui partent quand même, mais beaucoup moins loin. Selon une étude des Villages vacances (VVF), en avril, plus de la moitié des Français (52 %) songeaient à changer leurs projets en raison des coûts du carburant. Et 39 % des futurs vacanciers avaient l’intention de partir moins loin. Passage à l’acte pour Mathieu, 40 ans et originaire de l’Eure : adios le Sud initialement prévu, afin de « limiter les coûts exorbitants du trajet ». Ce sera les plages normandes, « à 1h30 de chez nous. Changement total de projet. »
Et puis il y a ceux qui ont réservé trop tôt ou réagi trop tard, et qui se retrouvent un peu coincés. Virginie, 31 ans, a tout réservé dès février, « lorsque l’essence était encore à un prix correct. Nous sommes presque en train de regretter le fait de partir à 800 km de chez nous. Mais bon, nous ferons moins de sorties. Heureusement, nous avons choisi un camping avec un bon complexe aquatique. »
Pierre Chasseray, délégué général de l’association 40 millions d’automobilistes, dénonce cette situation où de nombreux automobilistes se retrouvent pris entre le marteau des prix du carburant et l’enclume de la réservation non annulable : « Il faut comprendre que les trajets sont un impératif pour de nombreux Français, qu’ils n’ont pas le choix. Vous voulez savoir comment ils s’adaptent ? Ils subissent : au moment de faire le plein, ils ferment les yeux et serrent les fesses lorsque les prix défilent. »
Quant à l’idée de changer de moyen de transport, ils n’étaient que 7 % à l’envisager, toujours selon l’étude de VVF. Et pour cause, Flavien Neuvy, directeur de l’observatoire Cetelem, le rappelle : « La plupart des vacances se font en famille : compter donc quatre passagers en moyenne. Malgré la flambée des prix du carburant, un trajet en voiture est souvent moins cher que quatre billets de train, quatre billets d’avion, quatre billets de bus… » Même constat pour Yoann Démoli : « Qu’importe la hausse du coût, la voiture garde de loin la faveur des Français. Elle dispose de trop de qualités pour que cela change ».
Alexandre, 34 ans, à trouver le moyen d’effectuer son voyage en voiture jusqu’au Sud tout en limitant les pertes : « J’ai fait du covoiturage de colis pour la première fois, et j’ai gagné 103 euros, ce qui m’a permis de payer les péages – 75 euros environ – et de mettre les 28 euros restants dans les frais d’essence et la nourriture. »
Si le trajet est donc inamovible, les activités sur place, elles, peuvent changer. Serrage de ceinture obligatoire chez Aurélie, 40 ans : « Il va nous falloir trois pleins environ pour l’ensemble de notre séjour, et le surcoût sur ce poste de dépense va devoir se répercuter ailleurs. Le budget n’est pas extensible, ce sera moins d’activités payantes, moins de restos… » Une situation qui inquiète Martine, gérante du bar de la plage Les pieds dans l’eau, à Canet-en-Roussillon (Pyrénées-Orientales) : « On est tout en bas de la carte, les gens font de gros trajets pour descendre et n’auront plus rien à dépenser une fois sur place. On s’attend à ce que les vacanciers, ruinés par la route, soient un peu radins sur les consos, voire nous boude totalement. »
Il n’en fallait pas plus pour que Pierre Chasseray revienne à la charge : « Une France où l’essence est chère, c’est une France qui ne bouge pas et ne consomme pas. Le système touristique fonctionne grâce à des déplacements longs et pas si coûteux. Là, c’est tout l’édifice économique qui est remis en question. L’ensemble du secteur va être impacté par cette hausse des prix. Ou alors on impose des vacances en circuit court, à moins de 100 kilomètres de chez soi, mais c’est un peu vache pour ceux qui habitent à Melun. Voilà pourquoi il faudrait une vraie aide gouvernementale, au lieu de petits coups de pouce ici et là. On plaide pour la TVA à 5,5 % sur l’essence ».
Une situation économique qui inquiète moins Flavien Neuvy : « Même en période de crise de pouvoir d’achat, certaines dépenses sont sanctuarisées dans le budget des ménages, notamment les vacances. Il y aura bien sûr des arbitrages sur place – hébergement, restaurant, activités – mais les vacances, c’est une période d’achats non prévus qui vont augmenter encore plus le budget ». Selon le baromètre annuel Europ Assistance**, publié en juin, 74 % des Français ont l’intention de partir cet été, soit 7 points de plus qu’en 2021, et le budget moyen consacré aux congés a augmenté de 11 %. Jules, 40 ans, se veut tranquille : « Tant que le litre n’aura pas atteint 5 euros, je ne change pas mes habitudes. »
Reste qu’une fois sur place, certains ont décidé de moins rouler. C’est notamment le cas d’Aurélie, toujours elle : « Nous allons laisser la voiture au max à l’arrêt et privilégier le vélo pendant notre séjour. » Une preuve par l’absurde de l’importance de la voiture dans le cœur des vacances des Français : oui, ils peuvent s’en passer… mais seulement une fois arrivés à destination.
* Etude Ipsos. Digital auprès d’un échantillon représentatif de 1.000 Français ayant prévu de partir en vacances cet été âgés de 18 à 75 ans, interrogés en ligne du 29 au 30 avril 2022. L’échantillon est représentatif selon la méthode des quotas.
** Enquête en ligne réalisée par Ipsos à la demande d’Europ Assistance auprès de 15.000 personnes (échantillons représentatifs au niveau national de 1.000 personnes par pays), dont la France, entre le 26 avril et le 16 mai 2022.
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