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Vous avez peut-être remarqué son stand sur les marchés du secteur. Marc Douchet propose des insectes à… manger. Zoom sur ce vendeur au commerce particulier.
C’est une des tendances pour l’alimentation du futur. Les insectes s’invitent de plus en plus dans nos assiettes. Commode dans certains pays d’Asie, exceptionnel dans nos contrées.
Depuis janvier 2019, Marc Douchet sillonne les marchés du secteur de l’Est-Var avec ses petites bestioles, séchées ou déshydratées. Peintre à son compte, il s’est lancé dans ce “complément d’activité. J’ai mes chantiers et les marchés.” Un complément spécial, d’ordre alimentaire…
Sur son étal, des paquets de petites boîtes colorées attirent l’œil. Tactique de vente. “Les gens sont curieux”, sourit Marc. Les gens s’arrêtent. Parfois. Hésitent. Franchissent le pas, ou non. Entre 11 heures et midi, ce jeudi-là, à Draguignan, on compterait les plus téméraires sur les doigts des deux mains. Les réactions sont plutôt timides mais cash. “Vous ne voulez pas passer le cap?, demande le vendeur à une quarantenaire intriguée. C’est comme les enfants, on goûte et on verra.”
Elle est en pleine réflexion. “Les pâtes… Peut-être…” Marc s’enthousiasme et tend une boîte avec des molitors (vers de farine). “Vous voulez goûter?”
 La réponse ne se fait pas attendre. “Ah non!”
 Raté.
Il raconte: “Au premier abord, les gens sont réticents. Puis je leur explique. Ils se laissent tenter et sont surpris eux-mêmes.”
Alors forcément, avant de les mettre en vente, Marc passe à la casserole.
J’ai tout essayé. Les molitors ails et fines herbes sont l’un de mes préférés. Les crickets au paprika aussi. Tout est bon en fait. “
Car le Dracénois possède plusieurs gammes. Ses produits favoris font partie des apéros. Sa plus large gamme, qui comprend des molitors, buffalos (cousins du vers de farine), des grillons, des crickets. Natures ou aromatisés fruits rouges, mangue, ail et fines herbes, chocolat-vanille, oignons fumés, etc. L’une des autres portes d’entrées peut être les pâtes, “à base de vers de farine. On ne voit pas l’insecte. Elles sont moins “pâteuses” au niveau de la texture.”
 Sinon, il y a les céréales et les barres énergisantes. Autant de dérivés pouvant faciliter l’approche vers l’inconnue.
Pour les plus ouverts, on peut retrouver des chenilles déshydratées, “qu’il faut tremper 3 heures dans l’eau pour les réhydrater, puis les faire bouillir 30 minutes, les faire revenir à la poêle à l’huile d’olive avant de les mettre dans une salade.”
 Punaises d’eau géantes, scarabées, tarentules, scorpions vous attendent aussi.
Le bémol reste le prix. 8e pour 18g de molitors ail et fines herbes par exemple…
Il se fournit à Montreuil (77) chez Jimini’s, une entreprise qui revendique des insectes “100 % européens et cuisinés en France”.
À terme, j’aimerais bien ouvrir une boutique sur Toulon ou Fréjus et continuer les marchés et les foires.” 
Comme tout semble se goupiller, le marché des insectes à manger ne demande qu’à se développer.
Vous prendrez bien un petit vers pour l’apéro, non?
Au bout d’une bonne heure sur le stand, la question fatidique arrive. “Tu veux y goûter?”
 Quand Marc nous interpelle pour tenter l’aventure, on se croirait presque dans la peau d’un mec tout droit sorti de Koh-Lanta. Ma réponse est positive.
Bon d’accord, on ne vient pas de me mettre de gros vers blancs vivants à croquer. On me propose de petites “asticots”, morts et séchés, avec des goûts comme paprika. Je pars sur caramel-beurre salé. Marc m’ouvre la boîte.
Là, je déconnecte, ça ne sert à rien de réfléchir. J’y plonge ma main, prends une petite poignée.
D’un mouvement, les bestioles se retrouvent dans mon gosier. Je suis vivant. La texture était assez sèche, dans le genre chips, et on sentait plus le goût des aromates.
Je repars avec ma boîte de molitors ail et fines herbes sous le bras.
En soi, rien de fou…
L’entomophagie, c’est tout simplement le fait de manger des insectes. Comme le confirme le célèbre Larousse.
“Se dit des organismes qui se nourrissent d’insectes, et, en particulier, des insectes qui en dévorent d’autres.”
Dans Le Figaro, Samir Mezdour, chercheur en science des aliments estimait que “les insectes représentent une alternative idéale à la viande: ils nécessitent peu d’espace et rejettent 99 % de gaz à effet de serre de moins que leur équivalent en bœuf, au kilogramme de protéines produit.”
Il citait deux exemples: “Le grillon comestible contient trois fois plus de protéines, (…). Une dizaine de criquets cuits, soit 20 g., correspondent à la valeur énergétique d’un bifteck de 110 g.”
Par ailleurs, “les repas élaborés à partir d’insectes sont conformes aux normes de références alimentaires préconisées par la FAO (Food and Agriculture Organization) et l’Organisation mondiale de la santé (OMS).”
L’avenir de l’alimentation?
C’est au milieu des vignes de la cité mottoise que nous avons retrouvé Fanny Marchal.
Viticultrice, la jeune femme, installée depuis 2002 à La Motte, a voulu se diversifier. Nous sommes alors en 2015, et Fanny se lance dans l’élevage du vers de farine.
Le flou autour des réglementations l’intrigue. “J’avais potassé le sujet au niveau des procédures administratives. Il n’y avait pas d’autorisation de mise sur le marché, pas de traçabilité. J’avais une autorisation tacite des autorités pour la commercialisation mais personnes ne communiquait, c’était tabou.”
Depuis le 1er janvier 2018, le marché et la législation ont évolué, il est possible de présenter des demandes d’autorisation de mise sur le marché.
Revenons à l’expérience en elle-même.
D’abord ludique, elle a tourné vinaigre. “J’ai acheté des vers de farine sur Internet. J’ai démarré avec une centaine dans un meuble en plastique avec plusieurs tiroirs, dans le salon. Il fallait faire le tri à la main, sinon il y avait du cannibalisme.”
Pendant une heure par jour minimum, Fanny s’éclate avec ses enfants, à trier les petites bêtes par taille. Il faut aussi nourrir les vers avec de la farine et des légumes du jardin. L’élevage grandit.
Au point d’atteindre “environ 10 000 individus”, évalue la Mottoise. Tout ce monde a désormais besoin d’un local. Ça tombe bien, Fanny en a un dans le jardin.
Et propre. Après un an avec des vers de farine comme animaux de compagnie (“ça sent mauvais et ça fait du bruit”, avoue-t-elle), elle les sort dans le cabanon de 10 m2.
Et là… “J’ai eu des acariens de cuisine. Ils salissaient tous les substrats. J’avais beau les changer…”
 Les copeaux de bois et la farine sont envahis. Un mois plus tard, l’aventure s’arrête.
Entre-temps, elle aura eu le temps de les goûter, “séchés, au four et natures”. Sa dizaine de poules aussi.
Elles se jetaient dessus”, souligne-t-elle un sourire en coin.
À ceux qui aimeraient se lancer, elle dirait que “cela ne se fait pas comme ça. Il faut des formations et un investissement de départ.”
Son échec ne l’a pas refroidie.
Qui sait si Fanny ne rentera pas l’aventure… “Pourquoi pas si j’ai plus de temps. C’est une filière qui a de l’avenir. Ça fait moins de déchets qu’une vache…”
“Rhôooooooooo!”
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