Il semblait s’affaiblir un peu plus à chaque scrutin, mais le Parti Communiste attendait simplement son champion. S’il n’a pas réussi à rassembler les électeurs, Fabien Roussel a au moins réussi son entrée sur la scène nationale, et emmené son parti avec lui.
Il y a encore quelques mois, il était inconnu de la plupart des Français. C’est peut-être l’unique point commun entre Fabien Roussel et Emmanuel Macron, récemment réélu président de la République : cette montée éclair, cette capacité à s’imposer dans la discussion. Elu de la 20ème circonscription du Nord, Fabien Roussel vient d’une famille de longue tradition communiste : son père, Daniel Roussel, était journaliste à l’Humanité, et adjoint au maire de Béthune. 

Sacré champion du PCF pour la présidentielle 2022, Fabien Roussel a su se médiatiser. D’abord par son slogan à contre-courant de la dureté ambiante : “La France des jours heureux”, qui applique à la lettre dans ses meetings : musique, danse, chansons avec le public, humour… Le candidat Roussel s’est toujours appliqué à mettre l’ambiance, et à donner à voir. Comme dans son meeting à Lille, le 7 avril, où il entonne l’hymne régional “Quand la mer monte”, en duo avec la salle. Il n’était peut-être pas sur le devant de la scène alors, mais la gouaille de Fabien Roussel ne date pas d’hier. En 2004, il est candidat aux élections cantonales. Son affiche de campagne ? Un dessin de Charb, accompagné du slogan “Je vote communiste et je t’emmerde”.

Sa marque de fabrique durant cette campagne a aussi été un côté franchouillard, revendiqué très haut, censé être taillé sur mesure pour parler aux classes populaires. Roussel ne revendique-t-il pas lui-même une enfance “rurale et ouvrière” ? Lors de son précédent passage dans Dimanche en Politique, il avait déclaré : “Un bon vin, une bonne viande, un bon fromage, pour moi c’est la gastronomie française. Mais pour y avoir accès, il faut des moyens”. Le fond n’est pas révolutionnaire, mais la formule ne manque pas de faire réagir, jugée par exemple à contre-courant des problématiques environnementales actuelles, ou simplement décalée en termes de priorité. Le propos est aussi jugé caricatural envers les classes populaires, jugées intrinsèquement éloignées de ces sujets. Son créneau du bien vivre, Fabien Roussel ne l’a pourtant pas lâché de sitôt, allant d’ailleurs visiter une école professionnelle de boucherie, dès janvier. 

Pour Fabien Roussel, la campagne n’a pas été de tout repos, marquée aussi par les révélations de Médiapart sur l’enquête qui le vise pour soupçons d’emplois fictifs. Mais la critique la plus souvent faite à Fabien Roussel, c’est finalement de n’avoir pas mis son talent politique au service d’une union de la gauche. Le soir du 1er tour de l’élection présidentielle, le Parti Communiste affiche le score de 2,8%. De l’autre côté du tableau, il manquait à Jean-Luc Mélenchon moins de 2% pour afficher une force de gauche au tableau du second tour. Mais finalement, Roussel a réussi une chose : remettre le nom du Parti Communiste dans les discussions, dans les négociations, dans la bataille des forces de la gauche.
Alors, pour les législatives, l’enfant de Béthune est déjà reparti, et espère du soutien. “Nous discutons tous les jours avec les insoumis, comme avec les écologistes et les socialistes. Ce que je souhaite d’abord, c’est que nous soyons le plus unis possible derrière les députés sortants de gauche, dans toute la France. Les Insoumis sont aujourd’hui la première force de gauche dans le pays, nous sommes prêts à accepter ce rapport de force, mais il faut aussi que les Insoumis acceptent les différentes sensibilités que nous représentons” a-t-il déclaré au micro de France 3.  

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