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Pierre Bélanger, ex-ministre de la Sécurité publique du Québec, revient sur l'une des pires catastrophes naturelles de l'histoire du Canada.
Des pylônes effondrés sous le poids de la glace le 10 janvier 1998 à proximité de Saint-Bruno-de-Montarville, à l’est de Montréal
Photo : La Presse canadienne / JACQUES BOISSINOT
Il y a 25 ans jour pour jour, une tempête de pluie verglaçante d’une force exceptionnelle s’est abattue sur le Québec, sur l’est de l’Ontario et sur le Nouveau-Brunswick. Des pylônes que l’on croyait indestructibles se sont écroulés, plongeant la moitié du Québec dans le noir. « Personne n’était prêt […] et je pense que nous ne le serons jamais assez », a confié mercredi l'ancien ministre Pierre Bélanger à l’émission Tout un matin sur les ondes d'ICI Première.
Au début, tout le monde trouvait que les images du verglas sur les arbres étaient belles, et puis tout à coup, ça s’est précipité très rapidement et nous avons eu le sentiment que le ciel nous tombait sur la tête. […] Pour moi, ce sont des souvenirs qui resteront gravés dans ma mémoire pour le restant de mes jours.
Quand j'ai finalement pu sortir de Montréal, le premier jour de la crise, une fois arrivé de l’autre côté du pont Jacques-Cartier, j’ai vu d’immenses complexes immobiliers totalement dans le noir. Je me sentais comme à Beyrouth, mais sans aucun dégât. […] C'était un sentiment de mort assez terrifiant.
Impossible. Personne n’était prêt. Je pense que c’était le plus grand constat. Tout le monde a fait son possible, et ce que je trouve extraordinaire, c’est que même 25 ans plus tard, il y a beaucoup d’histoires de héros inconnus qu’on ne connaît pas encore.
Ce n’était pas facile. J’étais un jeune ministre, en poste depuis quelques mois. J’avais 37 ans, jeune père d’un bébé d’un an et demi, et nous étions nous-mêmes sinistrés dans mon comté, à Anjou.
Il ne faut pas oublier non plus le contexte : nous étions en pleine guerre des motards. J’ai eu trois gardes du corps pendant quelques semaines parce que nous avions reçu des menaces de mort. […] Une chance que [l’ancien premier ministre du Québec] Lucien Bouchard avait pris le leadership très rapidement. […] C’était essentiel, parce qu’il n’y avait aucun ministre qui avait l’ensemble des compétences pour pouvoir agir rapidement.
Nous avons créé comme un nouveau ministère en l’espace de quelques jours pour trouver des génératrices et des vêtements, entre autres. Il y avait des gens qui arrivaient dans les centres d’hébergement sans même une brosse à dents. Ils n’avaient rien, il fallait tout leur trouver. Et tout le monde était débordé, même la Croix-Rouge. […] Le maillon le plus faible de la chaîne de la sécurité civile avait échoué, c’est-à-dire les plans d’urgence.
Un résident de Vankleek Hill, à l’est d’Ottawa, se repose dans l’abri d’urgence installé à l’école primaire Saint-Jude. Les résidents du secteur ont été laissés sans électricité pendant plusieurs jours.
Photo : La Presse canadienne / Jonathan Hayward
Certaines municipalités ont déterré de vieux plans cachés dans leurs tiroirs, d’autres n’avaient aucun plan d’urgence. Le gouvernement avait une responsabilité et le ministère devait s’assurer que toutes les municipalités avaient un plan d’urgence. C’était un grand manque. Une chaîne est aussi forte que le plus faible de ses maillons.
[Rires] Ça a été évoqué dans mon bureau, oui, parce qu’on devait préparer des plans. […] Il n’y avait vraiment plus qu’un seul et unique fil électrique pour alimenter tout Montréal. Le fil oscillait et on n’avait aucune garantie qu’il allait tenir. S’il [était] tomb[é], [l'île] serait restée plus d’une semaine sans électricité ni eau potable. Il n’y aurait plus eu d’essence non plus parce que les stations-service n’auraient pas été en mesure d’alimenter les véhicules. Cela aurait semé la panique…
Donc, à un moment donné, j’ai demandé à mes sous-ministres quel serait le plan si on perdait ce fil. Après un silence, l’un d'eux a proposé d’évacuer la ville de Montréal… mais pour aller où? À Québec? Ils n’avaient jamais pensé à ça. […] Et l’idée s’était d'ailleurs arrêtée là : je ne l’avais jamais présentée au premier ministre, c’était impensable.
Des fils électriques couverts de glace pendent dangereusement à quelques mètres au-dessus d’une rue à Montréal.
Photo : Radio-Canada
Je pense qu’on a beaucoup appris. Le réseau autour de Montréal est beaucoup moins vulnérable, [mais] avec les dérèglements climatiques, une nouvelle crise du verglas peut arriver demain. On a donc revu nos façons de faire, mais 40 % du projet de loi qu’on avait adopté en urgence en 1998 n’est toujours pas en vigueur.
Il concerne les municipalités qui avaient un gros problème […] au niveau de l’organisation municipale, qui devait être revue en profondeur. […] D’après ce que je comprends, il y a eu des négociations avec les municipalités. […] On était aussi à la veille des fusions municipales et la crise du verglas nous a fait comprendre à quel point il y avait des responsabilités en lien avec la sécurité civile qui étaient confiées à des entités municipales qui étaient beaucoup trop petites. À un moment donné, on a envoyé la Sûreté du Québec pour chercher les clés d’un chalet municipal qu’un maire avait sur lui et qui s’était enfermé dans sa maison… Ça vous donne une idée : c'était la panique.
C’est pour cela que lorsque je vois les températures qu’on a présentement, ça me fait peur. Nous ne pouvons pas prévoir les changements auxquels nous serons confrontés demain, mais je pense que nous ne serons jamais assez prêts.
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