Cela fait bientôt trois ans, à l’Île-Tudy. Je viens de la restauration et j’avais commencé à parler de mon idée de conciergerie à certains clients. La première année, j’ai eu six biens. Par la suite, le bouche-à-oreille a fonctionné. Désormais, moi qui suis auto-entrepreneure, faisant appel à des prestataires, je vais certainement changer de statut cet hiver car mon chiffre d’affaires augmente.
Chacun a son concept. Pour ma part, je suis spécialisée dans les locations type Airbnb, à savoir tout ce qui est court ou moyen séjour, en location saisonnière. Je gère tout : les annonces, la communication, la location, les arrivées, les départs, les états de lieux, le nettoyage et la maintenance des logements à la place des propriétaires. En contrepartie, je prends 30 % de ce que touchent les propriétaires.
Non, aucun des logements n’est à moi. Tous appartiennent à des particuliers, c’est leur logement secondaire pour beaucoup ; d’autres l’ont acheté pour réaliser de l’investissement ; pour d’autres encore, ce sont des maisons de famille. Souvent, ils habitent loin.
Je dois être à 20 logements. Je suis concentrée sur le territoire de l’Île-Tudy car, quand on a plusieurs communes, il y a des temps de route à prendre en compte or il faut être réactif et hyper présent pour les locataires. J’ai de la demande pour des localités comme Loctudy, Penmarc’h mais je leur conseille de trouver une conciergerie plus proche d’eux.
Il est vrai qu’on loue davantage en été qu’en hiver mais je loue tout le temps. Là, j’ai pas mal de monde qui vient les week-ends. Toutes les maisons ne se louent pas de la même façon, certaines se louent mieux que d’autres. Il faut savoir aussi que les durées n’excèdent pas quinze jours car les tarifs sont tout de même assez élevés. On ne les brade pas, on pourrait mais on ne le fait pas car ce ne serait pas intéressant ni pour les propriétaires, ni pour moi.
Il y a beaucoup de demandes mais il y a aussi beaucoup d’offres. Il y a énormément de gens qui se mettent à louer, peut-être en pensant qu’ils vont amortir leur investissement. Mais il faut être clair : selon le prix d’achat, c’est difficile d’amortir par de la location saisonnière, notamment à l’Ile-Tudy, et par la location annuelle encore plus. Car on gagne plus en location saisonnière, c’est une évidence…
Tout à fait. Il y a beaucoup de gens qui ne sont pas d’ici qui ont acheté à des prix impensables des maisons qui ne leur plaisent finalement pas donc ils vont les revendre à des prix toujours impensables. D’autres m’appellent très souvent pour réaliser des estimations de valeur locative. Ils me disent clairement : on pense acheter telle maison, vous pensez qu’elle peut se louer combien par la suite ? Ils pensent aussi que leur bien va être loué de juin à septembre en entier alors que ce n’est pas comme cela que ça se passe.
On est plein, partout, tout le temps, de la dernière semaine de juillet au 21 août. Avant et après ces quatre semaines, ça nous arrive de baisser les tarifs. Par exemple, une maison que je vais louer 3 000 € sur ces trois fortes semaines d’août, en septembre, je ne vais la louer que 1 200 €. Et il y a un gros parc de logements secondaires à l’Île-Tudy (1 006 logements secondaires en 2018 selon l’Insee, NDLR) et pas qu’à l’Île-Tudy.
Je suis bien d’accord. J’en ai fait mon métier car j’ai eu cette opportunité et qu’il y avait du boulot là-dedans mais je suis d’ici et, moi aussi, plus jeune, j’ai galéré à trouver un logement parce qu’il n’y en a pas ! Il faut être clair, il n’y a pas assez de logements. Je pense qu’il faudrait s’attaquer au problème des gens qui achètent ici, des gens qui achètent trop cher, des gens qui ne sont pas là mais qui ne loueront pas leur maison à l’année puisqu’ils y viendront une à deux semaines. Il faudrait vraiment réguler l’immobilier pour que les gens d’ici puissent acheter un bien.

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