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ARCHÉOLOGIE – Le dépôt de fondation du site religieux retrouvé au début du mois serait le premier du genre à être exhumé en Bretagne.
Qui se souvient encore, à Quimperlé, du couvent des Capucins ? Fondé au début du règne de Louis XIV, cet ancien établissement finistérien a été saisi en 1793, adjugé, revendu puis transformé en collège avant d’être finalement détruit au milieu du XIXe siècle. Le souvenir du site s’est estompé au fil du temps, sauf dans la mémoire des historiens et des archivistes. Des archéologues, aussi. Leurs pelles et leurs truelles ont réalisé, ces derniers jours, une découverte rare en excavant son dépôt de fondation, c’est-à-dire la première pierre posée lors du chantier du couvent.
«Il était courant pour tous les bâtiments religieux de procéder à un dépôt de fondation, cela se faisait d’ailleurs plus généralement bien avant l’ère chrétienne, explique au Figaro Marie Millet, la responsable scientifique de l’opération de fouille. Sous sa direction, les archéologues ont exhumé, début août, le précieux ensemble, d’une apparence distincte des autres vestiges. Cette première pierre un peu spéciale de l’édifice était formée d’un carré de deux blocs de granit, scellés au mortier et sommés d’une croix gravée dans la roche.
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En son cœur, les chercheurs ont découvert une large plaque de plomb couverte de lignes. Un texte en latin. Malgré les concrétions de terre, quelques noms propres pouvaient y être distingués : le pape Innocent X, l’évêque de Cornouaille René du Louët de Coëtjunval, le duc de la Meilleraye, maréchal de France et lieutenant général de Bretagne, ainsi que le jeune Roi-Soleil en personne. «Il nous manque encore le nom de la personne qui a posé la première pierre. L’examen de la plaque après restauration nous en dira plus d’ici deux semaines», assure Marie Millet.
En attendant que les spécialistes se penchent sur les mystères du texte, un premier point de détail a surgi aux yeux des archéologues. «Le dépôt de fondation porte la date du 1er mai 1654», pointe Marie Millet, une note d’émerveillement dans la voix. Rares sont les vestiges que les archéologues peuvent dater sur-le-champ, clés en main, avec une telle précision.
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«Au jour près, cela n’arrive presque jamais, confirme-t-elle. Grâce aux sources écrites, nous ne connaissions jusque-là que deux autres dates: celle de l’achat de la parcelle par les Capucins, en octobre 1653 et le démarrage de la construction du couvent, en 1656. Cette datation très précise nous permet d’affiner la mise en œuvre du chantier.»
La pratique consistant à commémorer symboliquement la pose de la première pierre d’un bâtiment important est attestée depuis l’époque sumérienne et l’Égypte ancienne. Il est cependant rare de retrouver les dépôts des édifices religieux européens. «Comme ils se trouvent sous les fondations des murs, il est pour le moins difficile d’avoir accès aux dépôts ; et quand on pourrait y avoir accès, ils ont le plus souvent déjà été réutilisés», observe l’archéologue, qui savoure la trouvaille réalisée sur son chantier. Le dépôt de fondation découvert ce mois-ci serait, d’après les chercheurs, le premier retrouvé en Bretagne.
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Confiée depuis mai aux soins de l’Institut national de recherches archéologiques (Inrap), l’opération de fouille s’étend sur une superficie de 800 m2, à l’emplacement d’un futur conservatoire de musique et de danse. Comme toujours en archéologie préventive, le projet d’aménagement a donné l’occasion de jeter une lumière inédite sur l’histoire d’un petit pan du territoire. Et, en l’occurrence, sur les origines d’un petit couvent de l’époque moderne.
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Mal documenté par les sources écrites, l’ancien couvent des Capucins livre depuis plusieurs semaines ses secrets aux archéologues qui l’arpentent dans l’été quimperlois. Ici réapparaît un cloître ; là pointent les sépultures d’un petit cimetière conventuel et ses énigmes. Entre les mains d’un défunt, les archéologues ont retrouvé un minuscule agglomérat de couleur rouge, de la taille d’une monnaie. La chose est encore mal identifiée. «Il pourrait s’agir d’un cachet de cire, ce qui voudrait dire que la personne inhumée tenait une lettre», propose Marie Millet. Là encore, les examens en laboratoire feront parler le vestige.
Enfin, les archéologues ont également mis au jour, sous le couvent, la trace de plusieurs habitats de la fin du Moyen Âge. Une cour pavée de belle proportion indique qu’une demeure aisée se tenait à l’emplacement du site religieux, avant d’être démolie. Avait-elle été endommagée puis vendue suite à l’incendie qui semble avoir ravagé deux maisons voisines ? Marie Millet et son équipe ont jusqu’au début du mois prochain pour ausculter le sol. Préservés par l’étude, les vestiges subsistants du couvent seront alors détruits par le chantier à venir, exception faite du mobilier récolté. Et de la première pierre du couvent, extraite avec précaution du site bientôt disparu.
3984263 (profil non modéré)
le
Belle trouvaille. Mais détruire le passé pour mettre sur piedestal un futur bien sombre cela me rend nostalgique.
DidierLAGARDE
le
Merci au Figaro de consacrer des article sur ces découvertes archéologiques.
On aimerait avoir un article plus général sur le que fait l’INRAP, son activité au cours des dernières années, ses réussites et les difficultés rencontrées.
angal
le
bof
ARCHÉOLOGIE – L’extrémité du tunnel situé près d’un temple d’Osiris débouche sur la mer Méditerranée. Des recherches subaquatiques poursuivront l’exploration du site au cours des prochaines campagnes de fouilles.
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À Quimperlé, des archéologues découvrent la première pierre de l’ancien couvent des Capucins
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