On le croyait enfin sauvé. Le château de Franconville est en réalité de nouveau en vente. Bien que l’ancienne demeure du duc de Massa ne soit référencée chez aucun agent immobilier, plusieurs potentiels investisseurs sont déjà venus visiter les lieux. Les actuels propriétaires de nationalité russe ont donc bel et bien renoncé à transformer le site en complexe hôtelier de luxe.
Le rachat de ce domaine riche d’histoire remonte à 2014. Le site faisait encore partie du patrimoine du centre hospitalier de Carnelle, même s’il n’accueillait plus de patients depuis longtemps (il avait été converti en sanatorium en 1929). Abandonné depuis les années 1990, le château avait subi d’importantes dégradations. L’offre russe avait donc été accueillie localement comme une chance inespérée pour ce monument en péril.
Pour mener à bien leur projet, les entrepreneurs ont déposé cinq permis de construire différents correspondants à autant de chantiers. « Ils voulaient faire un palace », explique le maire (DVD) Jacques Féron. « Ils auraient créé une activité énorme pour le secteur, avec à la clé beaucoup d’emplois. Ils y croyaient ! » Le projet pharaonique prévoyait de créer un centre de balnéothérapie en réaménageant notamment l’ancien théâtre du domaine.
Le duc de Massa, qui a fait construire le château dans sa forme actuelle entre 1876 et 1882 sous la direction de l’architecte Gabriel-Hippolyte Destailleur, était en effet compositeur de musique. À côté du bâtiment principal, réplique du château de Maisons-Laffitte (Yvelines), il avait fait édifier un théâtre, inspiré pour l’extérieur de celui de Versailles ou pour l’intérieur de celui de Bordeaux.
Le duc proposait ainsi des concerts lors des somptueuses fêtes qu’il organisait dans sa propriété, faisant venir ses invités de Paris dans des trains spécialement affrétés de la gare du Nord à Paris. C’est là que les propriétaires russes envisageaient de créer une piscine. Une centaine de salles de soin semi-enterrées auraient ensuite accueilli les futurs clients pour un moment détente.
Le château à proprement parler aurait accueilli un restaurant gastronomique. L’Orangerie devait également être rénovée pour être louée à l’occasion d’événements. Au total, on murmure que ce sont plus de 80 M€ qui auraient pu être investis pour créer ce complexe de luxe. Mais la détérioration des relations diplomatiques entre la France et la Russie, liée à l’annexion de la Crimée, semble avoir gangrené ce vaste programme, dissuadant les banques françaises d’accorder des prêts.
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Sur l’imposante grille du domaine, trônent encore les panneaux mentionnant un permis de construire obtenu en 2017. Vu de l’extérieur, on a pourtant l’impression que rien n’a bougé ces dernières années. « Grâce aux Russes, le château est hors d’eau », tempère Olivier Valmier président de l’association de sauvegarde du château de Franconville (ASCF). « Ils ont nettoyé, refait les fenêtres, le toit, débouché les gouttières, c’était déjà un chantier énorme. » Les milliers d’euros dépensés aussitôt après l’achat auraient ainsi permis de stabiliser le monument.
Il reste toutefois beaucoup à faire. Le théâtre et l’Orangerie se trouvent, entre autres, dans un bien piètre état. Reste à trouver un repreneur qui accepterait de relever le défi et trouverait les fonds. Car la mise à prix pourrait atteindre plusieurs millions d’euros. Au moins deux promoteurs auraient déjà montré un intérêt, sans pour le moment donner suite.
Quelle que soit l’identité du futur propriétaire l’association de sauvegarde du château de Franconville (ASCF) n’a qu’un seul souhait. « J’espère qu’il aura à cœur de protéger et respecter les lieux », confie Olivier Valmier en confiant qu’il n’avait guère été convaincu par le projet d’implantation d’une piscine dans l’ancien théâtre. « Le duc de Massa était un artiste important à son époque. Ici, il a voulu pousser l’art de vivre à la française à son paroxysme. Le château était un endroit d’excellence, nous avons tellement de chance d’avoir cela dans le Val-d’Oise… »
Le maire, lui, n’a qu’un seul souhait. « Il ne faut pas que le château soit complètement fermé au grand public », clame Jacques Féron. « Le futur projet doit comprendre au moins un restaurant par exemple. »
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