Faits divers A Brive, les habitants regrettent la médiatisation sur une tragédie
REPORTAGE Les habitants de Brive restent choqués par le drame de la jeune femme, mais ils préfèrent aujourd’hui passer à autre chose
De notre envoyée spéciale à Brive (Corrèze),
Ici, à Brive, on préfère parler de la Foire du Livre. Pourtant, avant cet événement culturel très important pour la commune, la ville de Corrèze a été largement médiatisée à travers un fait divers tragique. Justine Vayrac, 21 ans, a disparu le week-end du 22 octobre. Son corps a finalement été retrouvé le 27 du même mois après les aveux du principal suspect de l’enquête, Lucas L., mis en examen pour meurtre, séquestration et viol et placé en détention provisoire.
Deux semaines plus tard, les rues fourmillent de touristes portant des sacs « Foire du Livre » à la main. Des embouteillages bloquent les rues du centre-ville et en face du lieu où se tient l’événement, les terrasses des restaurants sont pleines à craquer. Presque tous les restaurants de la ville affichent d’ailleurs complets le samedi midi, tout comme les hôtels, même les plus excentrés.

Il faut dire qu’un certain nombre de stars de la littérature française et même étrangère sont présentes pour signer des dédicaces aux férus de mots tout le week-end. Sont invités par exemple Douglas Kennedy, Sylvain Tesson, Joann Sfar, Mathieu Sapin, Vincent Hugueux, Erik Orsenna ou encore Eric Fottorino.
Une fête bienvenue après le drame qui a secoué Brive et mis la ville sur la carte. Cette petite commune de moins de 50.000 habitants a vécu la tragédie principalement à travers les médias. Si la dernière fois que la victime a été aperçue vivante c’était devant la fameuse boîte de nuit La Charrette, les médias sont vite partis hors de la zone pour se rendre davantage dans les communes de Tauriac et Beynat, d’où sont originaires la victime et le suspect.
« Honnêtement la présence de la presse je ne l’ai pas vue, ça a été plus à la télé que ça a fait bizarre », raconte ainsi Jules (le prénom a été modifié), un opticien du centre de la ville. « Voir notre ville à la télé pour un sujet comme ça, ce n’est pas très agréable », regrette-t-il. Quelques caméras de télévision ou des micros de radios ont bien sûr arpenté les petites rues pavées de Brive il y a deux semaines, mais elles sont vite parties. Une actualité en chassant une autre.

« Oui ça a fait bizarre, moi j’ai transporté CNews, Europe 1 et BFMTV, raconte notre chauffeur de taxi qui préfère garder l’anonymat. Ça s’est calmé depuis, ça fait plusieurs semaines qu’on ne voit plus de journalistes, aujourd’hui, on est un peu passé à autre chose, c’est la foire du livre. » « Ça a été très médiatisé, mais ça peut se comprendre aussi », ajoute Régis Bordes, qui tient une cave à vin à proximité de la boîte de nuit. Mais cette présence journalistique n’a pas duré trop longtemps, « parce qu’après le dossier est parti à Tulles puis Limoges, on n’a pas eu vraiment une concentration de journalistes », développe-t-il.
La vie paisible, comme elle est décrite par différents commerçants interrogés par 20 Minutes, a tout de même été perturbée. Pendant plusieurs jours, les gens ne parlaient que de ça. « Quand l’annonce a été faite, ça a été le sujet principal de la ville, quels que soient les âges », confirme Régis Bordes entouré de ses bouteilles de vin. Certaines personnes étaient même effrayées, plus méfiantes, comme des clients du salon de coiffure où travaille Morgane : « J’ai des clientes qui disent qu’elles aimeraient bien partir ailleurs, là où c’est un peu plus calme. Le fait que ça vienne dans notre région, c’est plus compliqué, confie-t-elle. Les gens sont plus méfiants, et même moi, quand je sors à 19 heures il fait nuit noire, je me méfie de tout, je trace et je rentre chez moi. »

Le choc a été si terrible pour certains, que nombreux sont les habitants qui ont refusé de nous en parler. « Ça nous a tous un peu touchés, forcément, Brive c’est plutôt une ville paisible, et ce genre de fait divers ça n’arrive jamais », admet le caviste. « Ça nous a quand même marqués. On n’est pas habitué », abonde-t-il. En effet, « ça a fait bizarre, on ne s’attendait pas que ça arrive chez nous, même si ça arrive partout », précise Morgane. « On se rend compte que ça arrive un peu n’importe où, n’importe quand et à n’importe qui », abonde Jules.
Justine a été inhumée vendredi dans son village du Lot, cette fois, à l’abri des caméras. Dimanche, une marche blanche est organisée à Saint-Céré, dans le nord de son département d’origine, en sa mémoire. Mais ici, à Brive, « on en entend plus trop parler. Il faut continuer à vivre malgré tout », souffle Jules. Et ce week-end, l’événement, c’est donc la Foire du Livre, qui est, selon Régis Bordes, « absolument pas perturbée », d’autant que c’est le 40e anniversaire, un rendez-vous important pour la ville.
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