153 m de haut, 40 étages, 11,000 m2 de bureaux, une centaine de logements, un hôtel Hilton 4 étoiles et un bar panoramique. Le tout derrière une façade en verre parcourue par un ruban végétal. La Tour Occitanie, premier véritable gratte-ciel de la Ville rose, doit être construite sur le site de l’ancien tri postal de la SNCF, à proximité de la gare Matabiau. Et tout récemment, Carole Delga, la présidente de la région Occitanie, a réaffirmé qu’elle y était favorable. Pourtant, depuis sa présentation par le maire de Toulouse (Haute-Garonne), Jean-Luc Moudenc, lors du Mipim de Cannes 2017, le projet, porté par le promoteur immobilier La Compagnie de Phalsbourg, semble à l’arrêt, ou presque.
Pourtant, le permis de construire a bien été délivré par la mairie de Toulouse, en juillet 2019. Mais aucun chantier n’a été lancé depuis, en raison notamment des recours en justice déposés par plusieurs associations – France Nature Environnement, Droit au Logement, Les Amis de la Terre, et Non au gratte-ciel de Toulouse – et quelques riverains. « Le promoteur aurait très bien pu lancer les travaux, car nos recours ne sont pas suspensifs. Mais il a fait le choix, avec la mairie, d’attendre que les jugements soient purgés », reconnaît Richard Mébaoudj, l’un des fondateurs de Non au gratte-ciel de Toulouse.
« Nous sommes obligés d’attendre que la justice se prononce. Les recours ne sont effectivement pas suspensifs, confirme Éric Paillot, vice-président de la Compagnie de Phalsbourg. Mais c’est un projet important. La justice s’est déjà prononcée à de nombreuses reprises, mais il serait cavalier pour une entreprise comme la nôtre de faire un bras d’honneur à la justice en entamant sans attendre la construction. »
Car le combat juridique se poursuit. « Nous avons deux recours », explique Richard Mébaoudj. Le premier concerne, pour l’association Non au gratte-ciel de Toulouse, « un abus de pouvoir du président de la Métropole, Jean-Luc Moudenc, dans la modification du PLU qui permet au promoteur de ne pas prévoir de logements sociaux » notamment. Le deuxième, « plus important », est le recours en annulation du permis de construire. En août dernier, trois riverains et quatre associations (France Nature Environnement, Droit au logement, les Amis de la Terre et Non au gratte-ciel de Toulouse) se sont pourvus en cassation devant le Conseil d’État après le rejet par le tribunal administratif de Toulouse de l’annulation du permis de construire. « Nous avons été déboutés mais pas condamnés aux dépens », pointe Richard Mébaoudj.
Pour Éric Paillot, cette bataille est « purement idéologique ». S’il avoue trouver cela « injuste et terriblement long », il estime qu’il n’y a pas de raison objective de s’opposer au projet et regrette l’absence de discussion. « Je comprends que ça puisse ne pas plaire mais nous sommes passés devant des instances nationales, les architectes de Bâtiments de France, les monuments historiques… C’est un projet de qualité », assure-t-il, précisant que les derniers recours devraient être purgés au plus tard à la rentrée 2023.
Pourtant, les opposants n’en démordent pas et leurs principales craintes portent sur des questions écologiques. « Ils se sont pressés pour échapper aux nouvelles normes de construction, assène Richard Mébaoudj. Ce sont 80 000 tonnes de béton, avec la climatisation à tous les étages, pas de récupération d’eau et aucun dispositif en matière de développement durable. » Des accusations infondées pour le promoteur. « On respecte toutes attentes environnementales, que nous avions justement anticipées à l’époque du projet. On crée plus des espaces verts. Et en construisant en vertical, on consomme moins de terrain », assure le vice-président de la Compagnie de Phalsbourg.
Quant à la question de l’îlot de chaleur avancé par les opposants, Julia Hidalgo, chercheuse spécialisée en climatologie et météorologie urbaines du Laboratoire interdisciplinaire solidarités sociétés territoires (Lisst) de l’Université Toulouse 2 Jean-Jaurès, explique : « Un seul bâtiment n’a pas d’impact sur l’îlot de chaleur urbain qui est un phénomène de plus grande ampleur spatial. » Selon elle, sur un tel projet, « l’enjeu se situe davantage sur le confort intérieur (du fait d’un grand taux de vitrage dans ce type de buildings) et la durée de vie de l’ensemble rapportée à l’impact énergétique lors de sa construction ».
La balle est une nouvelle fois dans le camp de la justice qui devra se prononcer définitivement sur ce projet de Tour Occitanie, qui, avant même d’être sorti de terre, fait planer l’ombre de la discorde.
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