Ce « petit pinson blond », Marie-Annick s’en souvient bien. Devant son portail grand ouvert, en ce dimanche pluvieux, cette ancienne Atsem raconte une « gamine adorable », une petite « blonde aux yeux bleus », qui ne s’arrêtait jamais de chanter. « Déjà en maternelle, Faustine adorait ça, elle avait ça dans le sang », souffle-t-elle.
Et d’ajouter, la voix éteinte : « Il n’y a pas de mot pour ce qui lui est arrivé. On est encore sous le choc. » Très vite ce week-end, la triste nouvelle du décès de Faustine Nogherotto, vendredi, s’est répandue à Velennes, petit village de 240 habitants où elle a grandi, suscitant une vive émotion.
Depuis des années, la chanteuse de 31 ans souffrait d’une maladie auto-immune incurable. Son décès a été annoncé samedi sur le réseau social Facebook par sa sœur : « La vie est injuste, ma sœur avait tout pour elle la beauté la gentillesse une pureté dans la voix. Elle souffrait tellement… Maintenant, elle est apaisée ».
Quelques maisons plus loin de celle de Marie-Annick, Marie-Thérèse confie également sa tristesse : « Je pense beaucoup aux parents, je compatis à leur douleur ».
« On l’a connue bébé. C’était une fille très douce, très gentille, très jolie », souffle un couple de voisins retraités. Eux avaient pris l’habitude de l’entendre chanter quand ils étaient dans le jardin.
D’une main, lui désigne une maison juste à côté : « Regardez, sa fenêtre donnait directement chez nous ». Leurs deux visages s’éclairent quand ils évoquent « la chanteuse vedette de Venelles ». Et de regretter, comme tant d’autres : « Elle est partie trop tôt… »
Candidate de la « Star Academy 6 » en 2006, Faustine Nogherotto avait fait la fierté de la commune du Beauvaisis. Parmi les personnes interrogées, nombreux sont ceux qui la regardaient en « prime » à la télé. « Franchement, on avait commencé à visionner cette émission pour elle. Il y avait des affiches partout dans les commerces des environs », se remémore Nicole, 52 ans.
La maire de Beauvais a, dès samedi, tenu rendu hommage à Faustine. « Elle nous avait émus avec sa voix pleine de douceur, et nous avait fait vibrer avec ses interprétations durant son aventure télévisuelle », écrit ainsi Caroline Cayeux, sur son compte Twitter. Philippe Enjolras, président de la CCI de l’Oise, exprime quant à lui sa « grande tristesse » sur sa page Facebook. De nombreux anonymes, habitants de l’Oise, témoignent aussi de leur peine et de leur attachement à la chanteuse, sur les réseaux sociaux.
C’est avec une grande tristesse que j’ai appris le décès de Faustine Nogherotto.j’adresse mes plus sincères ms condoléances à sa famille et à ses proches.
La jeune femme, blonde et souriante, n’avait que 17 ans quand elle avait été sélectionnée pour participer à la saison 6 du télécrochet, à l’époque diffusé sur TF 1. « Elle était toute jeune, encore au lycée », rappelle un habitant. Éliminée en sixième semaine, Faustine s’était ensuite installée à Paris pour suivre une école professionnelle de chant, ambitionnant de réaliser son premier album.
Mais bien avant les plateaux télé, c’est à Velennes qu’elle avait donné ses premiers concerts, à l’occasion du spectacle de Noël de la commune. « C’était la seule qui ne chantait pas en play-back, ses copines d’école avaient dû faire la tête, assure Jean-Paul, 62 ans, qui s’occupait de la sonorisation à l’époque. À la fin, les habitants avaient demandé qu’elle recommence. » Il insiste : « J’avais été soufflé, une petite gamine comme son âge qui chantait si bien… C’est triste pour cette petiote. »
Mais ses rêves se sont brisés juste après son 21e anniversaire. Après de nombreux examens suite à une mononucléose, l’artiste avait découvert qu’elle qu’elle souffrait de l’encéphalomyélite myalgique (EM), une maladie neurologique chronique invalidante. En 2013, nouveau coup du sort, Faustine était également diagnostiquée positive au syndrome de Gougerot-Sjögren, une maladie auto-immune contre laquelle il n’existe aucun traitement connu.
Dans un entretien au Parisien, le 18 août 2015, la jeune femme parlait de son triste quotidien. « C’est d’abord une fatigue extrême, mon corps est tout le temps sans énergie. Je sais déjà que, lorsque j’aurai fini de vous parler, je serai essoufflée. Ce sont aussi des douleurs musculaires. Je ne peux pas descendre les escaliers sans trembler, parfois le simple fait de tenir un verre est insupportable […] Le combat est très difficile à mener. J’ai envie de dire aux chercheurs : Bougez-vous parce que je ne sais pas comment tenir, et l’avenir me fait peur. »
« Faustine se battait pour faire reconnaître en France cette maladie pourtant reconnue par l’Organisation mondiale de la santé. Ici, on la considère encore comme un trouble somatique fonctionnel alors que c’est une maladie physiologique », se désole Chantal Somm, fondatrice de l’association Millions Missing France et amie de la chanteuse. « Elle m’a dit il y a un mois que si elle n’arrivait pas à faire reconnaître sa maladie de son vivant, elle espérait que sa mort serve au moins à cela. »
« C’était une personne formidable, plein d’empathie pour les autres, ajoute-t-elle. Elle avait une voix formidable et elle chantait encore il y a trois mois, même si elle devait se reposer deux jours avant pour cela. C’était sa passion. »
L’association a lancé ce week-end une collecte. « L’argent récolté sera intégralement reversé à la famille de Faustine qui suivra ses dernières volontés pour l’attribution des dons », indique-t-elle. « Elle aurait aimé qu’on organise un spectacle pour financer la recherche », remarque Chantal Somm.
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