Hier résigné, aujourd’hui révolté. Afif Khaled, 47 ans, longtemps tapis dans l’ombre d’un « racisme quotidien », a décidé de ne plus se taire. Depuis qu’il s’est séparé de son épouse, Charentaise, ce père de trois enfants a le plus grand mal à trouver un logement. La faute selon lui à son patronyme à consonance maghrébine. Le Bon Coin, agences immobilières – « elles ne…
Hier résigné, aujourd’hui révolté. Afif Khaled, 47 ans, longtemps tapis dans l’ombre d’un « racisme quotidien », a décidé de ne plus se taire. Depuis qu’il s’est séparé de son épouse, Charentaise, ce père de trois enfants a le plus grand mal à trouver un logement. La faute selon lui à son patronyme à consonance maghrébine. Le Bon Coin, agences immobilières – « elles ne me rappellent même pas » -, l’homme affirme avoir écumé les annonces pendant des mois avant de renoncer. « Je n’ai pas voulu candidater pour un HLM car je ne souhaitais pas être regroupé en minorité. » L’issue, il l’a trouvée auprès d’un ami à qui il loue sa maison à Chazelle où il vit toujours. Un autre l’avait auparavant dépanné.
En couple, « j’envoyais ma femme pour les visites ; il fallait bien trouver des subterfuges », confie cet auteur de BD exerçant à Angoulême. Ce statut professionnel pourrait-il refroidir les propriétaires les plus frileux ? « Non, la plupart du temps, je n’ai même pas le temps d’en parler, jure-t-il. J’avais déjà connu ces difficultés il y a 20 ans, mais je pensais que les temps avaient changé. »
Son sentiment ? Le « repli sur soi ». Pire, le « racisme anti-blanc » qu’il sent germer en lui. « Tout est sujet à décryptage : si par exemple au café, la serveuse ne me sourit pas, je me demande si elle est toujours comme ça, ou si elle a quelque chose contre moi. » Une suspicion attisée selon lui par le score du Rassemblement national lors des dernières élections présidentielles : « Marine Le Pen à 40 % [41,45 %, NDLR], ça fait quasiment une personne sur deux qui ne peut pas me saquer. » « Avant, j’avais le sourire, je voulais démonter les clichés autour des Arabes, là je n’ai plus envie de faire d’efforts. »
Le cas Khaled n’étonne pas Jean-Claude Doucet, membre du Droit au logement (Dal16). Sur les 27 dossiers empilés sur son bureau, 20 concernent des plaignants d’origine étrangère. « Pour eux, c’est clairement plus compliqué, on est en peine de le dire mais c’est la réalité, soupire-t-il. La situation économique fragile et la barrière de la langue n’arrangent rien. »
L’exigence de critères raciaux, Robin Gouiran, agent chez Human Immobilier, y a déjà été confronté même si la pratique est très minoritaire, « en moyenne, un cas sur dix », évalue le professionnel installé rue Hergé. « Dans certains cas, c’est demandé frontalement, dans d’autres avec des termes plus choisis. Systématiquement, je réponds que je ne suis pas là pour ça mais pour trouver un candidat solvable. »
Le code de déontologie qu’il a signé, est sans équivoque : « Les agents immobiliers s’obligent à ne commettre aucune discrimination […] tant à l’égard des personnes physiques que des personnes morales. » Chez Human Immobilier, les dossiers charentais sont traités par un « pôle d’analyse » situé à Bordeaux. « La condition est simple : le niveau de revenu, c’est une approche uniquement pécuniaire. » Et de se féliciter : « On ne peut pas être plus objectif. »
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