l’essentiel Un randonneur a été attaqué sur le GR 10 par cinq chiens qui protégeaient un troupeau de brebis ce samedi 24 juillet, dans le Couserans, à proximité du pic de Barlonguère (massif du Mont-Valier). Si l'homme de 49 ans a été mordu à la fesse gauche par un mâtin espagnol, une femme l'a été à la main quelques jours avant, au même endroit. À la problématique ours-brebis, s'ajoute celle de la cohabitation entre les chiens et les hommes.
"Que se serait-il passé si je n'avais pas de bâton ou si j'étais avec un enfant ? questionne Nicolas C., un randonneur de 49 ans habitué aux sentiers du Couserans. Un jour il va y avoir un vrai carton." Ce samedi 24 juillet, Nicolas C. a été attaqué par six chiens – cinq selon le groupement pastoral, un patou et quatre mâtins espagnols – chargés de protéger un troupeau de 2 200 brebis. Les faits se sont déroulés vers 9 h 30 alors qu'il randonnait sur le GR 10 en provenance du parking de la vallée du Riberot et à destination du pic de la Barlonguère. Résultat : une morsure de mâtin espagnol à la fesse gauche. "J'ai des lésions peu profondes mais un hématome et des traces de dents, illustre celui qui marche dans les Pyrénées depuis 45 ans. Il aurait pu me faire plus mal ou j'aurais pu perdre une main."

Sur le parking de la vallée du Riberot, un panneau alerte sur la présence de patous.
Sur le parking de la vallée du Riberot, un panneau alerte sur la présence de patous. Photo DR – N.C.

En colère, Nicolas C. raconte l'incident : "Je suis parti à 6 h 30 sous une brume, il y avait 20 mètres de visibilité. À environ 2 100 mètres d'altitude, à 15 minutes de la cabane de Barlonguère, j'ai entendu les clochettes d'un troupeau mais je n'ai pas vu de brebis car j'étais à 150 mètres d'elles." Puis "au détour d'un virage", l'ancien membre des pelotons de gendarmerie de haute montagne (PGHM) a aperçu "deux patous assis". "Ils ont couru vers moi puis un troisième est arrivé avant de claquer des dents à 2 centimètres de mes mains. Je suis resté immobile, en parlant calmement, détaille celui qui n'avait jamais été attaqué en montagne. Trois chiens de race espagnole sont ensuite arrivés. J'étais entouré par six chiens, dont un m'a mordu à la fesse gauche."
Encerclé, le randonneur confie avoir "réagi à l'instinct". "Je voulais sauver ma peau. Ça a duré cinq minutes, précise celui qui travaille à Toulouse. Puis j'ai réussi à rebrousser chemin en courant." Dans l'action, Nicolas C. a cassé son bâton en trois morceaux. "Ils étaient à 2 centimètres de moi, justifie celui qui a grimpé 2 600 mètres de dénivelé positif pour éviter les chiens en redescendant. On se défend avec les moyens qu'on a." Trois jours après, le quadragénaire souligne le "souci de comportement du berger, qui n'a pas su maîtriser ses chiens". "Il a sifflé cinq minutes après, dénonce Nicolas C. C'était trop tard." C'est pourquoi il devait déposer plainte ce mardi 27 juillet "contre un berger qui n'a pas trop su surveiller ses chiens".
"J'aurais préféré voir un ours à 100 mètres avec des jumelles"
Quelques jours avant, "une femme avait été blessée dans le même secteur par les mêmes chiens", note Nicolas C., informé par une connaissance. "Elle est médecin et a suturé elle-même sa plaie à une main, ajoute-t-il. Elle a ensuite écrit une lettre à la préfète de l'Ariège (les services de la préfecture affirment ne pas avoir reçu d'éléments sur cette affaire, NDLR)." D'autres randonneurs auraient pu subir une mésaventure semblable, selon Nicolas C. "Des jeunes sont passés près du troupeau mais le berger a appelé ses chiens à temps", complète celui qui est allé chez le médecin ce lundi pour recevoir un rappel du tétanos et "une ordonnance pour le dépôt de plainte avec description des lésions". Avant de conclure : "J'aurais préféré voir un ours à 100 mètres avec des jumelles que me faire attaquer par des chiens."

Nicolas C. est tout de même monté au sommet du pic de la Barlonguère.
Nicolas C. est tout de même monté au sommet du pic de la Barlonguère. Photo DR – N.C.

 
Robin Cazalé, président du groupement pastoral, reconnaît que ces incidents entre randonneurs et chiens sont "fréquents". L'éleveur de brebis confie d'ailleurs avoir "déjà sorti un chien à regret car il avait mordu trois fois", à proximité du pic de Barlonguère, où ont eu lieu les deux récentes attaques. Avant de nuancer : "C'est un peu facile de condamner le berger (pour les faits subis par Nicolas C.). Même le meilleur du monde, à neuf heures du matin, dans le brouillard… Les chiens sont fatigués de protéger les brebis des ours, irrités. Si une personne approche à 500 mètres du troupeau et court, ils vont venir. Ils font leur travail." Robin Cazalé remarque toutefois que Nicolas C. a eu "de la chance" et qu'il a eu raison de porter plainte. "C'est ce qu'il faut faire", résume celui qui certifie que les chiens de berger sont "éduqués".
"J'alerte la préfète de l'Ariège depuis deux trois ans, il va finir par arriver une catastrophe"
Le président du groupement pastoral assure que les éleveurs sont "les premiers à ne pas vouloir de chiens". "Si l'on pouvait s'en passer…, souffle Robin Cazalé. On fait plus que les subir. Parfois je me pose la question d'arrêter les chiens sauf que je devrais arrêter les brebis." L'éleveur de brebis affirme d'ailleurs que "la préfecture est au courant, nous avons des bombes entre les mains". Et de préciser : "J'alerte la préfète de l'Ariège depuis deux ou trois ans. Il va finir par arriver une catastrophe." Problème, posséder des chiens de protection "est une obligation, sinon les brebis tuées ne sont pas remboursées aux éleveurs", décrypte Robin Cazalé. Avant de condamner : "C'est la faute de l'État et de ceux qui veulent des ours."
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Résigné, Robin Cazalé estime qu'il n'y a "pas de solution". "Nous n'arrivons pas à cohabiter avec les ours et c'est encore plus dur entre les hommes et les chiens, regrette-t-il. Avoir 2000 touristes sur l'estive ne nous dérange pas mais il y a l'ours en face." Le président du groupement pastoral imagine ainsi que "le tourisme en montagne et nous (les éleveurs) sont en voie de disparition". "On nous demande de protéger les brebis de l'ours or elles sont toujours mangées et les chiens attaquent les hommes, s'afflige-t-il. Nous sommes des victimes des obligations de l'État et au village nous passons pour des brutes, des coupables."
"Sensibiliser les 250 000 adhérents de la fédération française de randonnée et les 18 millions de randonneurs occasionnels"
Jean-Claude Emlinger, président du comité départemental de randonnée pédestre de l'Ariège (CDRP 09), confirme qu'il y a "de plus en plus de monde en randonnée l'été et donc plus de possibilités d'incidents". "Conscient des problèmes de cohabitation avec les chiens", il rappelle que le CDRP 09 a "créé un livret intitulé « Réussir sa randonnée » il y a presque un mois". Sur les 24 pages du petit carnet tiré à plus de 5 000 exemplaires – également disponible sur le site de la CDRP 09 – la dixième est consacrée aux patous. "Nous expliquons aux randonneurs comment se comporter en cas de rencontre avec un patou, détaille-t-il. Nous allons essayer de le distribuer plus abondamment pour sensibiliser les 250 000 adhérents de la fédération française de randonnée et les 18 millions de randonneurs occasionnels."

Un extrait du carnet de la fédération française de randonnée.
Un extrait du carnet de la fédération française de randonnée. Photo DDM – M.B.

Dans ce contexte, le président du CDRP de l'Ariège est "inquiet" car "il y a de plus en plus de conflits d'usage". "Nous ne communiquons pas assez avec les éleveurs, reconnaît Jean-Claude Emlinger. Il faut qu'on se mette autour d'une table pour la prochaine saison." Et d'appuyer : "Les gens parlent beaucoup des ours mais le risque est de vivre en commun avec les vaches, les chiens, etc. Certains randonneurs ne sont pas sensibilisés. Les divers acteurs doivent y réfléchir. L'éducation est la solution pour une coexistence pacifique." Reste à rassembler des protagonistes aux intérêts opposés. Et se mettre d'accord. 
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Quand les brebis se font attaquer par les ours ou les loups on accuse les bergers de ne pas protéger leurs troupeaux, mais quand ils les protègent, c'est de leurs fautes si les chiens attaquent les randonneurs.
Un peu de bon sens quand on voit un troupeau les chiens ne sont pas loin, il faut passer le plus loin possible.
question pour un champion:qqun peut-il me dire combien de fois j.mi cite-t-il le mot "doryphore" dans ses commentaires?
question subsidiaire:qqun a-t-il une explication psychanalytique?
Seul le doryphore se reconnaissant peut s’ en plaindre 🤗😊
À ferlie la montagne appartient à tous. Il faut la respecter. Les bergers sont responsables si leurs chiens mordent des randonneurs. Comme en ville.
Les bergers doivent faire en sorte que tous vivent en bonne entente. Les GR sont fait pour les randonnées qui ne sont pas illégales. La montagne est assez grande pour tous.
La montagne est pour tous mais ceux qui en vivent et l entretiennent doivent être respectés davantage que celui qui la foule juste pour son propre plaisir.
Un peu de bon sens suffit pour le comprendre et le respecter
Parmi ceux qui en vivent, il y a les acteurs du tourisme qui vivent des activités en montagne dont font partie la randonnée, la pêche etc
Après si vous voulez rester strictement entre vous faut le dire avec des panneaux comme dans les westerns ….
Genre " Étranger, si tu as l'intention de poser tes fesses par chez nous, nos chiens affamés t'attendent " …
A carqueyrolles : en quoi les randonnées sont payantes??? N'importe qui peut se promener sur les gr si il respecte la nature.
En effet on se paye la tronche des doryphores qui avancent comme s’ils tiraient une remorque 😁
Certes kelt, mais on peut voir la question par les deux bouts du problème :
– les randonneurs consomment sur le territoire où ils randonnent, lieux de séjour, alimentation, resto, bistrot, souvenirs etc.
– Les vacanciers venus dans l'Ariège font quoi ? Ils restent cloitrés dans l'hôtel, le gite, ou la location ? Non, ils randonnent, pêchent, vont aux champignons etc

Le maillons faibles du tourisme rural sont les animations. Souvent les gens trouvent le coin pas mal, mais ils s'y ennuient.

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