l’essentiel Une association du hameau s’attache à faire revivre un temps révolu à l’aide de personnages tout droit surgis du passé.
Il fut un temps où le hameau de Rulhe-d’Auzits connaissait une vie villageoise plutôt soutenue. Il y avait école, commerces, échoppes artisanales. Il y avait surtout l’activité minière, ici, et à quelques kilomètres de là, à Cransac, qui soutenait la vie et l’animation du bourg, administrativement rattaché à la commune d’Auzits. Ce temps-là est révolu. La mine a fermé. École, commerces, échoppes artisanales ont fait de même. Il reste aujourd’hui un hameau simplement résidentiel où vivent des gens en recherche de calme, de quiétude, d’authentique. Des gens, pour certains du moins, qui entendent aussi ne pas oublier ce que fut le passé.
C’est dans cet esprit qu’est née l’association les Festaïres de Rulhe, en mars 2019. À l’origine, Jackie Belloc, Nîmoise de naissance, qui a rejoint le village voilà quelques années avec son mari, Jean-Louis (lire par ailleurs). Un village pour qui la Gardoise a eu un coup de cœur et qu’elle souhaite voir vivre et s’animer tout au long de l’année. Ainsi, fort d’une poignée d’autochtones motivés, l’association fleurit le bourg, le décore, pour Noël notamment. Mais surtout, et on en revient à l’objet même des Festaïres de Rulhe, il s’agit de matérialiser un véritable voyage dans le temps.
Ainsi fut imaginée "La Balade au fil d’antan". Cette balade, elle s’effectue en compagnie de tout plein de personnages d’hier, ressurgis du passé sous la forme de "mounaques". Et ce, même si Jackie Belloc n’aime pas trop l’appellation.
"Les mounaques, ce sont des poupées de chiffon grandeur nature que l’on trouve à Campan, dans les Pyrénées, explique-t-elle. Ici, c’est différent. Nos personnages sont certes grandeur nature, mais ils ne sont pas en chiffon. On réfléchit d’ailleurs à leur donner un nom, un nom bien à eux. Si quelqu’un a une idée, il peut nous la proposer."
En attendant un "nom bien à eux", les "mounaques de Rulhe" ont repeuplé le hameau, tel qu’il était en un autre temps. Le forgeron est venu reprendre sa place devant l’ancienne forge. L’épicière a en a fait de même devant l’ancienne épicerie. La bouchère devant l’ancienne boucherie. La fermière devant l’ancienne ferme. Le pêcheur s’est à nouveau installé en bord de ruisseau. Le soldat a rejoint le monument aux morts. Les mariés, en habits 1900, ont repris place devant l’église. Le curé, en soutane d’époque, a quant à lui retrouvé une autre église, celle d’Auzits. Le mineur a repris le chemin de la mine, non loin de quelques wagonnets remplis de vrai charbon. L’instituteur a retrouvé celui de l’ancienne école, accompagné dans son cours par deux jeunes élèves. Au total, une trentaine de scènes ont été ainsi reconstituées avec minutie.
Dans le souci d’aller le plus loin possible sur le chemin de l’authenticité, les costumes et les accessoires utilisés sont le plus souvent des pièces d’origine remises en état. Par exemple, le maître d’école a endossé la blouse, la vraie, que portait le directeur de l’établissement scolaire pour l’ultime jour de classe.
La fabrication des personnages, qui se déroule dans le garage d’un des bénévoles, est tenue secrète. Seule entorse à cette règle de confidentialité : les têtes sont à la base toutes les mêmes, en polystyrène. D’abord achetées sur internet, elles sont désormais acquises chez une enseigne ruthénoise. Elles sont ensuite travaillées et décorées en fonction de leur destination.
Et chaque personnage mis en situation est accompagné d’un panneau en bois sur lequel sont expliqués le pourquoi et le comment de sa présence à cet endroit précis. Sans oublier un petit prénom choisi pour chacun et, là aussi, si possible en lien réel avec le passé qu’il rappelle, entre Armand, Marie ou Marius.
Mise en scène cet été entre le 1er juin et le 15 septembre, la Balade d’antan ruhlacoise a rencontré un joli succès populaire. Les gens d’ici, les gens d’ailleurs ont fait le détour pour voir de plus près le travail accompli ; succès populaire bien aidé par un sujet magasine mis en boîte par une équipe de télévision et diffusé en juillet dans l’édition du 12/13 d’un journal télévisé national.
Ainsi confortés dans leur démarche de mémoire et soutenus par la mairie d’Auzits, les Festaïres de Rulhe ne vont pas s’arrêter là. Comme le révèle la présidente Jackie Belloc, "l’équipe a déjà en tête de faire d’autres personnages pour faire revivre d’autres scènes du passé. Mais il va falloir trouver des sous. Nous avons dans l’idée de lancer une cagnotte en ligne. On verra."
Le passé de Rulhe n’a pas fini de se conjuguer au présent.
Jacqueline Belloc (photo ci-contre, avec le maire d’Auzits Benoît Olivié) est nîmoise. Elle est née et a vécu toute sa vie dans le Gard. Au moment de la retraite, elle et son mari se sont mis en tête de trouver un petit "coin tranquille" pour asseoir sereinement leur nouvelle vie.
C’est en discutant de cet objectif avec des amis decazevillois que le couple s’est décidé à venir passer un week-end dans le Bassin ; histoire de voir, histoire de répondre à la sollicitation de leurs amis qui leur vantaient les charmes du coin. Le week-end en question les a conduits, de balades en balades, jusqu’à Rulhe-d’Auzits. Et là, coup de foudre pour une vieille maison à vendre et à retaper.
Une maison qui appartient aujourd’hui au couple Belloc, qui a ainsi trouvé le "coin tranquille" où vivre désormais. Dans la foulée, Jackie, passionnée de généalogie, se lance dans l’histoire de sa famille. Et là, surprise !
Sans avoir jamais eu vent d’origines aveyronnaises, la Nîmoise découvre que son arrière-grand-père est natif d’Aubin et que son arrière-grand-oncle avait résidé à Rulhe d’Auzits, dans les années 1870 ! Le monde est petit. Et les clins d’œil du destin parfois coquins.
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