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Ils sont policier, chauffeur et enseignante. Comme beaucoup, ces Azuréens et Varois sont sortis de leur retraite. Quelles sont leurs motivations, comment cumuler emploi et retraite? Rencontre avec Isabelle, Gérard et William.
Votre métier aujourd’hui?
“Je suis partie à la retraite en septembre 2019, après 37 ans de carrière dans l’Éducation nationale. Depuis le 11 janvier, je suis à nouveau enseignante.
La semaine dernière, j’ai remplacé pendant trois jours une personne positive à la Covid à l’école maternelle du Tignet. Lundi, j’étais à l’école maternelle Jules-Ferry de Pégomas. Mardi, avec une classe de CE1 de l’école élémentaire du Tignet. Demain à l’école Saint-Exupéry de Peymeinade.
Je suis prévenue la veille ou deux jours avant concernant l’école dans laquelle j’irai et le niveau que j’aurai à prendre en charge. La veille, je contacte l’enseignant titulaire de la classe. Il me donne quelques pistes de travail en maths, Français, une poésie ou quelques petites choses que j’adapte. Les programmes ont peu changé et je ne suis pas partie depuis longtemps.
Certains collègues à la retraite ont peur d’attraper la Covid au contact des enfants. Je n’y ai même pas pensé.
 
 
Quand j’arrive dans la classe, on se présente. Je fais faire aux élèves une couronne ou une étiquette sur laquelle ils ont écrit leur prénom. Partout où je passe, ça accroche tout de suite. En une demi-heure, j’arrive à cerner la classe. C’est l’expérience.
Nous, les seniors, avons une certaine capacité d’adaptation. Certains collègues à la retraite ont peur d’attraper la Covid au contact des enfants. Je n’y ai même pas pensé. Je suis vaccinée et en bonne santé. Je porte mon masque.”
Comment avez-vous trouvé cet emploi?
J’ai vu un reportage à la télé dans lequel il était indiqué que l’Éducation nationale recherchait des enseignants retraités pour remplacer les absents dans les écoles. La directrice de l’école maternelle du Tignet m’a appelée pour me demander si j’étais disponible. Ça s’est décidé le samedi.
Le lundi, j’ai signé le contrat, et j’ai commencé le mardi.
Pourquoi êtes-vous retournée au travail?
C’est un geste civique. Je suis restée en contact avec d’anciens collègues et j’ai su la galère que c’était avec les protocoles sanitaires dans les écoles. Aujourd’hui, quand un enseignant est absent, on ne peut plus répartir ses élèves dans d’autres classes. Les chefs d’établissement sont obligés de renvoyer les enfants à la maison et de prévenir tous les parents.
Je me suis mise à la place des collègues. Ils passent leur temps à envoyer des mails.
Je me suis mise aussi à la place des parents qui sont en galère pour trouver au pied levé des solutions pour faire garder leurs enfants.
Revenir travailler, pour moi, c’est de l’altruisme. J’ai voulu me sentir utile. Je pense aussi aux élèves qui ont besoin d’une continuité pédagogique. Les enfants sont déjà assez perturbés par la Covid, alors si en plus, on ferme leur classe… Le contact avec eux me manquait aussi. C’est enfin un challenge, une façon de me prouver que je suis toujours capable d’enseigner.
Gérard, 64 ans, chauffeur de bus scolaire à Vence
“J’ai des crédits à payer…”

Votre métier aujourd’hui?
Je suis conducteur de bus scolaire à Vence. Je commence à 6h30 le matin, j’emmène les élèves à l’école, au collège et au lycée, jusqu’à 9 heures. Puis, je reprends à 15h15 pour terminer vers 17h15-17h30. Du lundi au vendredi. C’est un secteur tranquille, ça se passe bien avec les enfants et les parents.
J’ai pris ma retraite le 31 mars 2018, avant j’étais chauffeur de bus de tourisme. Mais j’ai recommencé à travailler au bout de 3 mois, d’abord comme VTC. Puis la Covid est arrivée, et j’ai démarré ce travail qui m’occupe 28 heures par semaine.
Comment avez-vous trouvé cet emploi?
Un jour je prenais un café avec un ancien collègue de travail, et il m’a dit que sa société cherchait des chauffeurs. C’était en septembre 2020. J’ai fait un test de conduite, que j’ai réussi. Vous savez, j’ai fait dans ma carrière au moins deux tours du monde en distance. J’ai parcouru 32 pays d’Europe.
Pourquoi êtes-vous retourné au travail?
J’ai des crédits à payer… Le montant de ma retraite, 935 euros par mois et 330 euros de complémentaire, suffit à peine à payer le loyer de la maison. Quand je suis parti à la retraite, à 60 ans, j’avais pourtant tous mes trimestres, mais la retraite ne prend pas en compte les primes et les avantages que je percevais quand je travaillais.
Si je n’avais pas un autre revenu, je coulerais.
 
 
Quand j’ai découvert que je n’aurai pour vivre que 50 % de mes revenus d’avant, après avoir travaillé 43 ans, j’ai failli tomber de ma chaise. Si je n’avais pas un autre revenu, je coulerais. Alors je travaille pour arrondir mes fins de mois, je touche 1.100 euros avec ce boulot. Franchement, quand le réveil sonne à 5 h 15, certains jours, je préférerais rester au lit. Mais les enfants que je conduis sont sympas, je vois des collègues, et le métier n’est pas stressant. Ce petit boulot me permet de joindre l’utile à l’agréable, de sortir de chez moi.
Quand je solderai mes crédits, dans 5 ans, j’arrêterai, j’espère. J’ai un collègue qui a 70 ans et qui travaille encore…
Votre métier aujourd’hui?
Je suis à la retraite depuis juin 2020. J’ai travaillé dans la police nationale pendant 33 ans, adjoint d’officier dans le district de l’Est-Var.
À mon départ en retraite, je me suis inscrit à la réserve nationale, qui permet à des policiers retraités d’offrir leurs services à leur ancienne administration.
Aujourd’hui, je travaille en soutien à la Police aux frontières de Menton.
Je travaille aussi dans mon ancien service car je connais bien le terrain. Néanmoins, je ne peux pas occuper les mêmes fonctions de gradé et je prête surtout main-forte pour des tâches administratives. Quand nous faisons partie de la réserve nationale, nous pouvons travailler maximum 120 jours par an. On y va quand on peut. En ce moment, j’ai repris des études pour être formateur, donc je ne réponds pas aux sollicitations de mon ancienne administration. J’envisage par la suite de participer à la formation des réservistes issus de la société civile de la future réserve opérationnelle de la police.
Comment avez-vous trouvé cet emploi?
J’avais déjà repoussé d’un an mon départ à la retraite. Quand il a été effectif, je me suis inscrit à la réserve de la police nationale. Un mois après mon départ à la retraite, on m’a appelé pour prêter main-forte à la Police aux frontières à Menton.
Pourquoi êtes-vous retourné au travail?
Je suis rentré dans la police car j’aimais le principe de service public. Pour moi, ça fait sens. J’ai eu un métier passionnant. En travaillant dans la police judiciaire, j’ai résolu des affaires, j’ai aussi suivi des cas de violences conjugales, j’ai pu aider des gens à s’en sortir, et ça, c’est une grande satisfaction.
Il y a une utilité sociale dans tout ça, et je voulais continuer après mon départ à la retraite.
Je peux aussi garder contact avec mes collègues, venir en soutien. En travaillant à la Police aux frontières, j’ai pu connaître une nouvelle facette de mon ancien métier. Bien sûr, il y a aussi une partie financière, non négligeable, mais ce n’est pas l’essentiel.
Lancé en 1983, le cumul emploi-retraite permet à des salariés en pension de travailler quelques heures par an *. Déplafonnée en 2009, cette mesure intéresse aujourd’hui quelque 400.000 retraités en France selon une étude publiée en 2019 par la Caisse nationale d’assurance vieillesse. Et le phénomène ne cesse de croître, remarquent les acteurs du secteur.
Valérie Gruau a créé le site “Seniorsavotreservice” en 2008. L’idée? Mettre en relation des retraités à la recherche d’un emploi avec des particuliers.
“Leurs motivations sont diverses, explique-t-elle. Il y a un aspect d’abord économique. Soit la retraite est trop faible, soit il faut aider les enfants car ces derniers sont, par exemple, encore à charge. Ils ont aussi besoin de rester actifs, de se sentir utiles.” Selon Valérie Gruau, ce sont surtout les métiers de contact qui sont recherchés, comme “le service à la personne, la garde d’enfants.”
D’anciens artisans proposent également leurs services pour de petits bricolages.
L’emploi de retraités permet aussi à des entreprises de garder une certaine souplesse.
 
“Les entreprises recrutent à temps partiel, souvent pour des missions ponctuelles, comme au moment des bilans, par exemple.”
Dans le commerce et dans la grande distribution, on fait souvent appel à eux pour faire le client mystère. 
Tous les ans, il y a de nouveaux inscrits, remarque Valérie Gruau. Cette année, 20.000 personnes ont déposé leur annonce en ligne. Le site compte aujourd’hui 220.000 seniors candidats sur 380.000 membres, entreprises demandeuses comprises.
*Pour connaître les modalités du cumul emploi-retraite, vous pouvez vous tourner vers votre caisse régionale. Si vous souhaitez poursuivre une activité relevant d’un autre régime, vous devez vous référer à la caisse de retraite correspondante.
Vous cherchez un emploi? Voici deux sites où vous pouvez en trouver un:
> Seniors à votre service
Inscription et publication d’annonces gratuites
pour entrer en contact avec un annonceur. L’abonnement est obligatoire.
Job retraite Inscription gratuite
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