Pendant près de deux siècles, le bâtiment a été vecteur de jeunesse, puis d’emplois. L’atelier de confection fermé il y a quelques mois, l’édifice reste et doit rester debout.
En ce début d’année, Brusque a tourné une page de son histoire avec la fermeture de l’atelier de confections qu’abritait le pensionnat Saint-Thomas. L’occasion de revenir sur la construction et la place qu’a occupée ce bâtiment dans la vie des villageois.
En 1842, après avoir doté sa paroisse d’une école de filles, M. Alvernhe, curé de Brusque, décide d’ouvrir une école de garçons. Devenu propriétaire de trois maisons et d’une grange sur la rive gauche du Sanctus, il fit construire à ses frais et sous sa surveillance, jusqu’en 1844, une vaste maison d’école. Avant même que l’aménagement ne soit terminé, il fit appel à la Société de Marie, fondée par le bienheureux Chaminade et vouée à l’enseignement. La Société répondit à son appel en envoyant trois frères et l’école ouvrit ses portes le 5 octobre. M. Philippe Guyot assura la direction pendant 42 ans, jusqu’en 1896. Grâce à son intelligence et à ses vertus, l’école connut pendant un demi-siècle une grande prospérité et jouit d’une réputation qui lui attira de très nombreux élèves.
En 1875, la Société de Marie acheta un terrain à une centaine de mètres du village en face d’un jardin que M. Canac, notaire, lui avait vendu pour 5 000 francs. Elle y fit construire un nouvel établissement. Les travaux commencèrent le 5 janvier. L’architecte était M. Galtier de Saint-Affrique et, après sa mort, M. Guy d’Albi. L’entrepreneur était M. Déjean, de Camarès. C’est le 4 juillet 1877 qu’eut lieu le déménagement de l’ancien au nouveau pensionnat. Celui-ci connut un grand développement. Vers 1880, Il logeait plus de 100 élèves et l’effectif est allé jusqu’à 150. Sa réputation s’étendait au-delà des départements voisins, grâce à la qualité de l’instruction qui y était donnée par des maîtres compétents et dévoués ainsi qu’aux succès remportés. L’école préparait aux examens du brevet élémentaire et supérieur, aux concours de l’école normale, des arts et métiers, des contributions directes et indirectes, des postes et télégraphes. Pour preuve, la citation d’une lettre écrite à M. Guyot par l’inspecteur primaire de Saint-Affrique le 22 juin 1861 : "Votre école est la première entre les meilleures des deux arrondissements de Millau et Saint-Affrique.".
En 1937, les pères du saint Sacrement prennent en charge le pensionnat avec "vocations petit séminaire". Puis, c’est la parenthèse de la guerre. Les années 1950 marquent un développement tant du juvénat que du pensionnat. D’un commun accord, par acte en date du 12 décembre 1954, la paroisse fit apport du pensionnat et de ses dépendances à la Congrégation. L’acquisition d’un terrain contigu (le camp des Graves) permettait, après terrassement, d’établir un terrain de foot. En 1954, sous l’impulsion du père Paul Raynal, on prolongea l’aile du côté sud de façon à augmenter les surfaces pour les classes et les dortoirs. Tout était prêt pour la rentrée scolaire de 1955. Ce fut l’époque glorieuse tant du juvénat que du pensionnat. 1960 marqua une nouvelle ère avec la prolongation de la scolarité à 16 ans et l’établissement d’une carte scolaire.
Brusque, quoi qu’on en pense, au fond de sa vallée, n’était pas le centre de l’univers et les effectifs s’amenuisaient. En 1965, il n’y avait que quelques juvénistes, les grands étant acheminés vers Château-Gontier. L’année suivante, le juvénat fermait. Le pensionnat restait comme école paroissiale, mais avec un nombre plus restreint de pensionnaires. Dès lors, on s’achemina vers une période de transition : déjà en 1964, le père Léon Daudet avait été nommé curé de la paroisse. Le père Urbain Durand, supérieur de la petite communauté qui comptait également le père Pierre Barberait, passa presque quinze ans à chercher une solution pour une utilisation des locaux. Sur l’initiative du maire, M. Bernat, la commune de Brusque se porta acquéreuse : un contrat de location-vente fut signé le 20 août 1980, puis un acte de vente le 12 janvier 1982.
À ce moment-là, pour occuper les locaux, la municipalité ouvre les portes de l’ancien pensionnat à une entreprise de confections. M. et Mme Bonnet sont les premiers dirigeants et mettent en place la fabrication de jeans. Une quarantaine de personnes, de Brusque et de la région, est formée au métier, et embauchée. Ce regain pour le village nécessite d’ailleurs la construction de logements. Chaque employée a son poste bien défini et sa spécialité : coupe, couture, poche, etc. Sept directeurs se succèdent et s’adaptent au marché : fabrication de housse de matelas, pantalons pour l’armée ou La Poste, l’aviation, le kayak, la confection de blouses ou de bérets et pour terminer les masques.
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