« J’ai le seum ». L’expression est sur toutes les bouches des jeunes Français de la cour de récré à l’Université. Si vous y avez échappé, c’est que vous vivez sur une île déserte. L’expression qui s’est popularisée à la vitesse de l’éclair ces dix dernières années veut tout simplement dire que l’on est horripilé au plus haut point par un événement. Le terme « seum » vient étymologiquement du mot arabe « sèmm » qui signifie « venin ». Autrement dit, quand on a « le seum », « on a la rage ».
Jusque-là cette expression argotique née en banlieue n’avait jamais dépassé le coin de la rue ou le boulevard des réseaux sociaux. Mais c’est seulement à l’occasion d’un événement footballistique mondial, la dernière Coupe du monde que beaucoup de Français de plus de 50 ans ont pu découvrir le mot et l’expression. La victoire des Bleus face à nos voisins Belges en demi-finale de la compétition avait occasionné des réactions que l’on qualifiera de « mauvais perdants » de la part des Diables Rouges. La foule des réseaux avait alors stigmatisé ces déclarations par le mot-clé « seum ». Depuis trois ans, pour beaucoup de jeunes Français, le « seum » est devenu synonyme… de Belgique !
Je vous présente une expression du visage bien connu de nos amis Belges et surtout de @thibautcourtois : LE SEUM😂 #FRABEL #seum @equipedefrance pic.twitter.com/GOVlp8dG3w
Ce jeudi les Belges avaient l’occasion de retirer l’offense. Et disons-le, ils n’étaient pas loin de tenir la dragée haute aux tricolores : une première période parfaite, deux buts de Yannick Carrasco et Romelu Lukaku et une nette domination juste avant la pause. Puis plus rien ou presque, sinon un but refusé pour hors-jeu. Ils se sont inclinés finalement face à la France (3-2) dans les derniers instants. Un nouveau camouflet accentué par les déclarations du CM de la fédération belge à la mi-temps.
Well, that’s a comfortable lead! pic.twitter.com/M8hQlVhUcj
Résultat, le « seum » est revenu encore plus fort au visage des « Red Devils » mais pas seulement sur les réseaux sociaux. Cette fois-ci, c’est le quotidien français de sport L’Équipe qui a tiré le premier. « Le seum deux fois » à la Une d’un des quotidiens les plus vendus de l’Hexagone.
“Le seum, deux fois”

🗞 La Une du journal L’Équipe de ce vendredi 8 octobre #FRABEL #BELFRA pic.twitter.com/rkGYFLAOGR
Même la presse belge a fini par s’incliner face au « seum ».
« Les circonstances du match pont permis ça. On le fait de manière légère, c’est plus un clin d’œil qu’autre chose » nous a confié Jérôme Cazadieu, directeur de la rédaction à l’Équipe. « Pour être honnête, on savait qu’une partie de nos lecteurs ne nous comprendrait pas, alors on a fait un sous-titre explicite » explique le dirigeant du journal sur ce choix éditorial. « C’est une manière de s’adresser à nos lecteurs de 8 à 55 ans qui sont sur les réseaux sociaux. On ne fera pas ça toutes les semaines » concède-t-il mais en reconnaissant que l’emploi du mot « seum » n’était pas anodin. « Oui l’expression a fait son chemin, la semaine dernière les télévisions belges m’ont appelé pour des papiers d’avant match et on ne m’a parlé que du seum », s’amuse-t-il.
« Ce genre de consécration d’un mot de la banlieue en Une, c’est important. La langue arabe a toujours apporté beaucoup de richesses à la langue française : les mots kif-kif, nabab ou tant d’autres encore… Et c’est ça qui fait qu’on n’a pas une langue morte », analyse la sémiologue Virginie Spies. « Les médias utilisent d’ordinaire des mots compris par leur public sur le mode on est dans le même club, on se comprend. Ici ça fonctionne et ça fait rire », ajoute encore la spécialiste du langage.
Pour la maître de conférences à Avignon, « il y a eu un effet boule de neige depuis le premier « seum » poste Coupe du monde 2018, avec les vidéos, les parodies qui circulent, et les gens ont désormais bien acquis cette référence. Une complicité langagière est née sur Twitter, es réseaux ont aussi du bon parfois… » constate-t-elle encore. « On a besoin de ces moqueries en ce moment. Le rire fait du bien ». Même les Belges ne diront pas le contraire : la blague est quand même leur meilleur produit d’exportation après la frite. Même l’humoriste d’outre-Quiévrain de France Inter, Alex Vizorek en convenait ce vendredi.
Apparement il est occupé à prendre des cours d’espagnol pour supporter son équipe dimanche…🤷 https://t.co/tyqqjiPBwJ
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