l’essentiel Reprendre une entreprise, ou la céder, n’a rien de facile, même si cela s’avère payant en général. Les chambres consulaires gersoises s’unissent pour organiser une journée sur ce thème lundi à Auch.
Le Gers va-t-il voir ses entreprises disparaître ? Tous les secteurs d’activités sont concernés : la pyramide des âges ne jouent pas en faveur de la pérennité du tissu économique gersois. Agriculture, industrie, artisanat ou services, 40 % des entreprises gersoises ont un dirigeant de plus de 55 ans. Et bon nombre vont disparaître si elles ne trouvent pas de repreneurs.
Les chambres consulaires ont décidé de mettre le sujet en tête de leurs préoccupations lors d’une journée spéciale à la CCI. Lundi 28 novembre à Auch, les Rencontres de la Transmission Reprise seront coorganisées par la CCI, la chambre des métiers et de l’artisanat et la chambre d’agriculture, dans le cadre du Plan Entreprendre Occitanie piloté par la Région et animé par Ad’Occ. « Nous avons, en gros, 11 000 entreprises inscrites à la chambre de commerce du Gers, dit Philippe Lafforgue, l’un des élus de la CCI. Avec presque un dirigeant sur deux qui a plus de 55 ans, il ne faut perdre de temps. Surtout qu’une transmission réussie demande 3 à 5 ans pour qu’elle soit effective. »
Le sujet est bien connu dans le Gers, qui est intégré depuis des années au dispositif Occtav, reconduit pour 3 ans. Ce mécanisme facilite les reprises ou les transmissions d’entreprises dans les territoires ruraux. Lundi prochain, la journée suivra deux axes, avec en 1er lieu les rendez-vous individuels avec les experts de la transmission – reprise que sont les chambres consulaires ou les partenaires du réseau entreprendre en Occitanie. Le but est de conseiller, guider et orienter les chefs d’entreprises cédants et les candidats à la reprise, et tout particulièrement en milieu rural.
« Les difficultés peuvent varier d’un secteur à un autre, dit Philippe Archer, le président de la chambre de métiers. Si on a moins de repreneurs, c’est aussi parce qu’on a moins formé… L’apprentissage pour nous est un vrai enjeu. » L’agriculture n’est pas en reste, avec souvent une importance accrue du facteur humain. « D’où l’importance de cette journée, dit Ghislaine Rey, en charge du dossier transmission à la chambre d’agriculture. L’accord entre repreneur et cédant, c’est vraiment un élément clé. » Une bonne part de la réussite des transmissions tient à cette intégration, en particulier en zone rurale.
Marycéline Fraxinous, qui a repris une enseigne de motoculture à Auch, en sait quelque chose. « Il ne faut pas sous-estimer l’importance du facteur psychologique, pour les deux parties. Savoir laisser la place, ce n’est pas évident. D’autant qu’il faut qu’il reste pour former son successeur. En reprenant, on doit aussi accepter de suivre une partie du chemin déjà tracé par le cédant. L’entreprise a une solidité, avec une clientèle fidélisée, un réseau, etc. Cela compte. » Un repreneur qui ne parvient pas à faire perdure l’image de marque de l’entreprise court le risque de rompre le lien avec cette précieuse clientèle, et même avec les salariés de l’entreprise. « Cela passe par une écoute mutuelle, un échange entre celui qui part et celui qui arrive. »
Reprendre une entreprise, quelle que soit l’activité, reste pourtant, en dépit de ces obstacles apparents, une excellente opportunité lorsque la transmission est menée dans les règles. Dans l’agriculture, les jeunes sont très nombreux à s’engager dans la reprise d’exploitation ; la moyenne d’âge se situe à 28,5 ans. « Une entreprise reprise est en général plus pérenne, dit Philippe Lafforgue. Il y a deux fois moins d’échecs. »
Les chiffres sont encore plus élevés pour l’agriculture, où le suivi est très pointu : à 15 ans, 80 % des repreneurs maintiennent leur activité. « Et sans reprise, c’est l’emploi qui trinque, insiste Philippe Archer. L’artisanat représente 3 000 emplois dans le Gers. » Chaque année, près de 150 entreprises sont à céder dans le département. Dans les 10 prochaines années, ce chiffre pourrait passer à 250.
Lundi, le programme sera le suivant : 8h45-9 h : accueil/café ; 9 h : conférence inaugurale : les enjeux de la transmission/reprise en milieu rural ; 9h45-13 h : rendez-vous experts avec les conseillers CCI/CMA/CA, experts-comptables, notaires, avocats, banques et les structures partenaires ; 13 h : clôture des rencontres ; 13 h-14 h : cocktail/ échanges conviviaux.
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