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On évoque généralement une plante à l’origine du nom de ce haut lieu de la vie spirituelle, cher aux Antibois. Mais certains avancent d’autres possibilités… Le sujet est loin d’être clos.
La toponymie, autrement dit l’art de savoir pourquoi tel site ou tel quartier porte un nom en particulier, certains adorent ça ! L’occasion de se plonger dans les livres et les archives, de surfer sur les sites spécialisés, de raviver les souvenirs des anciens dont les racines familiales sont solidement ancrées dans le terroir.
C’est le cas de Pierre Magherini, fondateur de l’association des Amis du sanctuaire de la Garoupe, qui s’est penché sur l’origine, justement, du nom Garoupe. Il a réuni plusieurs définitions avancées par des “experts” qui, au fil des décennies, ont écrit sur ce haut-lieu de la vie spirituelle des Antibois. Dans un travail personnel, il les expose, les commente et finit par trancher.
On s’aperçoit que les hypothèses quant au choix de la dénomination du plateau sur lequel s’élève le sanctuaire de la Garoupe, où seront célébrées en juillet les célèbres fêtes de Notre-Dame-de-Bon-Port, sont nombreuses. La plus connue ? Une plante.
Plus précisément le daphné-garou, ou sainbois. Cet arbrisseau à rameaux minces, très feuillés et à fleurs blanches, envahissait les collines du cap d’Antibes. “Le nom provençal garou ou garoupa s’est francisé en Garoupe”, écrit Pierre Tosan dans son Dictionnaire d’Antibes-Juan-les-Pins.
Robert Maire note que dans le dictionnaire provençal de Mistral, le Garoupo est une sorte d’arbrisseau. Il évoque aussi le terme lou garou pour désigner la plante. Et également, une expression niçoise amusante “mounta la garoupe” signifiant vaincre une difficulté. Tous ceux qui ont gravi le chemin du calvaire ne diront pas le contraire.
Pierrette Chauvin, auteur d’Antibes d’un quartier à l’autre, penche elle aussi pour l’origine ” végétale” du nom de baptême de la Garoupe.
Très intéressante, l’hypothèse émise par le père André-Jacques Astre. En libanais, grhoub el shams signifie “coucher du soleil”. Depuis la vieille-ville, la Garoupe est le lieu parfait pour assister au coucher du soleil.
Pour le père Astre, “ce nom remonte aux langues méditerranéennes d’avant le grec, le latin et l’arabe. Il nous rappelle que, bien avant les Chrétiens, nos ancêtres célébraient en ce lieu un culte à la nuit. La déesse Lune y régnait (…) Quand la langue grecque s’est installée, la déesse Lune était appelée Séléna. Puis, quand les Chrétiens ont pris place, Séléna est devenue Sancta Elena…” Donc Sainte-Hélène. Le nom de Garoupe, lui, semble avoir traversé le temps.
Dans Les rues d’Antibes, Jacques Magherini (le frère de Pierre) avance une origine différente. Il rappelle la construction, au XIVe ou XVe siècles, d’une tour de guet sur le plateau de la Garoupe.
“Rappelons qu’en provençal, le verbe gardar, qui est à l’origine de nombreux mots, signifie protéger, observer. Il est probable que la dénomination de Notre-Dame de la Garde vient de l’existence de cette tour…”
La chapelle dédiée à la Vierge aurait été le premier édifice bâti sur le site. Pour Jacques Magherini: “Le nom de Garoupe, que l’on trouve sous la forme Garopa en 1334, est dérivé très probablement du radical pré indo-européen gar qui désigne un rocher, une hauteur (…)“
D’où les noms connus de Gardanne, Gardiole et Garde attribués à des lieux en hauteur qui permettent de surveiller la mer ou les campagnes. Charles Rostaing, auteur de la Toponymie française apporte de l’eau à son moulin: “Gar-opa: hauteur qui se voit de loin.”
Pierre Cosson, dans son Guide historique et touristique parle d’un seigneur, Rodoard Eldgarde, sur les terres duquel une tour de garde a été édifiée au XIe siècle. “Faut-il voir dans ce nom la désignation de la première chapelle de la Garde de la Garoupe“?
Pierre Magherini en appelle même à Georges Cuvier, le célèbre paléontologue qui, sachez-le, a rédigé une Excursion à Notre-Dame d’Antibes en 1869. Il y décrit, situés à peu de distance de la chapelle, “des rochers épars et souvent isolés mais formés de calcaire, sont fendus en différents sens, leurs fissures sont remplies d’une concrétion qui enveloppe des os et des fragments de pierre…”
Une vraie montagne de pierres. Pour Pierre Magherini, la messe est dite, si l’on peut dire: “Gar = pierre, rocher et oupa = hauteur, pierrier qui se voit de loin.”
Il illustre son propos par des photos datant des années 1830 montrant le plateau rocailleux, sans végétation.
Pour lui, ce ne serait donc ni la plante daphné garou ni le coucher du soleil qui aurait donné son nom à la Garoupe, mais le préfixe gar et le suffixe opa ou oupa. “Une montagne de pierres qui se voit de loin.“
Cela sonne bien. Belle démonstration. Mais, qui sait si la vérité n’est pas ailleurs?
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