Florence Lambert, PDG de Genvia, et Luc Mas, directeur de Cameron-Schlumberger à Béziers, livrent leur regard, un an après le lancement de leur collaboration sur le secteur de l’hydrogène vert.
Un an après le lancement officiel de Genvia, quel bilan tirez-vous ?
Florence Lambert : Ça a été une année folle, c’est clair. Je ne mesurais pas à quel point on allait se projeter dans une stratégie d’accélération. C’est toujours très abstrait quand on appuie sur le bouton et puis finalement quand on se retrouve un an plus tard : le bâtiment est prêt, on produit, ce qu’on produit est d’excellente facture, on est dans des très bons niveaux de performance […] Et puis il y a le regard des autres acteurs : en fin d’année, on a eu toute une salve de signatures d’accords, pour les futurs débouchés. Et on s’apprête à en faire au moins 3 d’ici juin. Auprès des partenaires, on a une image d’accélération et de crédibilité. Franchement, je ne pensais pas que ça puisse aller aussi vite et aussi fort. Et c’est aussi l’image que ça donne à l’extérieur.
Luc Mas : L’accélération, en effet, c’est notre ADN de toujours. À chaque fois qu’on a eu l’opportunité de démarrer une ligne de production, c’est dans un temps record. Participer à cette aventure, localement avec les équipes, c’est pour nous du pur bonheur. Les équipes travaillent ensemble et cultivent de toujours accélérer. Ça se passe parfaitement bien et ça donne des perspectives à tout le personnel de Béziers par rapport à une mutation du monde.
F. L. : C’est vrai, il y a un esprit, un collectif qui s’est forgé. […] Cette étape de transfert de technologie est très importante mais on aura besoin de connexion durable avec l’innovation pour faire la différence. Or l’innovation, elle est aussi sur la façon dont on produit. Pour moi, ce qui est étonnant, après la vitesse, c’est la mise en œuvre en croisant avec le digital, déjà lancée par Luc et ses équipes et pas forcément prise par nos compétiteurs. Une des clés de notre stratégie.
L. M. : La digitalisation va nous donner beaucoup d’avance. Cela signifie par exemple, être capable d’identifier qu’il y a un potentiel problème de fabrication avant qu’il apparaisse, grâce à des capteurs.
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C’est une course finalement dans laquelle vous êtes engagés ?
Oui on est dans une course. Et c’est essentiellement l’Europe, les États-Unis et le Japon qui sont dans notre segment de technologie (équipements destinés à produire l’hydrogène grâce à la haute température). […] Aujourd’hui, tout le monde se lance. Il faut être au rendez-vous autour de 2030, ce qui nous laisse 8 années pour devenir un grand producteur d’équipements. Ce n’est pas beaucoup. Tout temps de retard, c’est une place qui sera prise et pas pour Genvia. Donc oui c’est une course contre la montre […] La vitesse, ce n’est pas de la magie : on a transformé l’emploi de Cameron vers Genvia. Et ça marche, c’est du gagnant gagnant. […] Ce volet de l’aventure humaine est important pour nous tous. Là, on a 70 salariés, on devrait être une centaine à la fin de l’année.
L. M. : Au bout d’un an, il y a un bâtiment, des bureaux, un laboratoire, une ligne pilote qui est en train de se construire, ça va très vite. Il y a 450 personnes sur le site qui sont super fières de participer à ce projet. Ils ont tous conscience que c’est peut-être le projet le plus important de leur vie. Il s’agit d’acter la transition énergétique pour que demain on soit capable de pouvoir produire de l’énergie verte en décarbonant l’industrie.
Les salariés continuent d’être transférés de Cameron à Genvia ?
F. L. : On continue à faire des transferts. Pour la ligne pilote (qui devrait être prête avant la fin de l’été), il faudra plus d’opérateurs. Il y a encore un grand bénéfice de transferts. Ensuite, on va chercher des spécialistes du CEA ou à l’international.
L. M. : Dans une période qui était difficile pour Cameron France, le fait de transférer du personnel a été une aubaine. Depuis l’automne dernier, ça va dans le bon sens, on a recommencé à recruter à nouveau. On va continuer à jouer en équipe.
F. L. : On va continuer à s’adosser l’un à l’autre […] Dans cette aventure, il y a beaucoup de bonnes fées et du coup, on se sent responsable du fait d’engager les acteurs locaux, les sous-traitants, de faire en sorte de créer un écosystème en Occitanie. Pour nous, c’est le juste retour que doit faire Genvia.
L. M. : C’est une vraie symbiose. Certes, Cameron Schlumberger a aidé au démarrage. Mais d’ores-et-déjà, Genvia devient une locomotive qui va permettre au niveau d’expertise de Cameron Schlumberger d’augmenter.
F. L. : Dans la montée en puissance, il faudra amener des nouveaux talents, on a commencé à interagir avec les parties prenantes pour voir sur quelles filières de formation on peut s’appuyer. Je suis positive mais ce qui peut nous ralentir, c’est ça, les infrastructures. Il faudra faire venir des personnes, cela veut dire des nouveaux logements, de nouvelles routes, de nouvelles écoles. Il faut se synchroniser au plus tôt pour faire en sorte que ça marche bien.
L. M. : On va se faire fort de donner le rythme.
Sur le foncier nécessaire à l’implantation d’une Gigafactory (dans le cadre du développement de la technologie de Genvia à grande échelle) : "Oui nous avançons sur la précision de ce que sera la Gigafactory, nous avons une équipe qui travaille activement sur ça. Mais la décision se fera sur des critères industriels. Pas avant 2023-2024. Et cela voudra dire qu’on a coché toutes les cases", répond Florence Lambert.
Le site pourrait-il être envisagé en dehors de l’Ouest Hérault ? "Non, ce serait bien bête de casser la dynamique, on sera dans la continuité d’action, ça a pris ! Je ne vois pas de raison qu’elle ne soit pas là." Et Luc Mas de souligner : "Il faudra qu’on arrive à avoir une vraie ambition d’attractivité."
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