L’ostréiculture sans petites mains. Comme dans beaucoup d’autres secteurs d’activité, les candidatures ne se bousculent pas pour aller travailler, en décembre, à l’emballage des huîtres pour les expéditions de fin d’année. Les saisonniers sont une espèce en voie de disparition et c’est un gros problème. Céline Renouleau, responsable du groupement d’employeurs Aider 17 (1) pour la branche agricole, s’en rend compte tous les jours. Elle n’a jamais autant galéré pour répondre à la demande en main-d’œuvre des ostréiculteurs…
L’ostréiculture sans petites mains. Comme dans beaucoup d’autres secteurs d’activité, les candidatures ne se bousculent pas pour aller travailler, en décembre, à l’emballage des huîtres pour les expéditions de fin d’année. Les saisonniers sont une espèce en voie de disparition et c’est un gros problème. Céline Renouleau, responsable du groupement d’employeurs Aider 17 (1) pour la branche agricole, s’en rend compte tous les jours. Elle n’a jamais autant galéré pour répondre à la demande en main-d’œuvre des ostréiculteurs.
« Notre boulot est de trouver des candidats aux contrats saisonniers. Que ce soit dans la viticulture ou depuis quelques années dans l’ostréiculture. Depuis deux ans, c’est devenu très compliqué. Il nous manque pour l’instant entre 300 et 400 saisonniers pour la saison des huîtres. » L’intéressée parle de l’effet Covid-19.
C’est aussi ce que pense Aurélie Duzon, responsable du recrutement aux Établissements Duzon à Saint-Just-Luzac. Pour elle, le rapport à la valeur travail a changé. « Pendant les confinements, certains ont apprécié le confort de rester chez eux. Avec les aides qui sont tombées, ça n’encourage pas à reprendre une activité. Surtout lorsque le boulot est un peu pénible avec des contraintes », constate-t-elle sans langue de bois.
Pourtant, les conditions de travail pour la mise en cagette se sont améliorées. « Les bâtiments sont désormais chauffés et les bourriches ne sont plus aussi lourdes. Ce n’est pas un travail qui demande de la force. Il y a quinze ou vingt ans, il fallait soulever quinze ou vingt kilos. Aujourd’hui, elles pèsent au maximum deux kilos », précise Aurélie Duzon. Les amplitudes horaires, elles, n’ont pas bougé. « Ce sont deux semaines de 60 heures. » Quant au salaire, les agents de conditionnement sont payés au SMIC. Ils voient en revanche leur rémunération grimper avec les heures supplémentaires. « En quinze jours, on peut gagner entre 900 et 1 000 euros pour un travail qui ne demande aucune qualification particulière », assure Céline Renouleau. Physiquement, il faut cependant pouvoir rester debout plusieurs heures de suite. « C’est du travail à la chaîne, répétitif. »
La hausse du prix du gasoil est un autre frein au recrutement. « Lorsque le saisonnier habite loin, il est certain que ça va lui poser un problème. Force est de constater que cette augmentation du prix du carburant ne va pas nous aider à recruter », souligne Patrice Mazenc, chargé de développement à Aider 17. La pénurie de logements, aussi, en rebute certains.
L’an dernier, les Établissements Duzon ont eu à conditionner 400 tonnes d’huîtres pour les fêtes. « Sur le mois de décembre, il nous faut 80 saisonniers. Je sais déjà qu’une vingtaine de personnes présentes l’année dernière vont revenir. Pour le reste, je n’ai aucune certitude », avoue Aurélie Duzon. Depuis mi-septembre, des employés en contrats CDI et CDD ont déjà commencé le tri. Il s’agit de sélectionner les huîtres en fonction de leurs calibres. Ceux qui sont attendus en décembre n’auront plus, si l’on peut dire, qu’à les disposer dans les bourriches. Alors tous les arguments sont bons pour convaincre. « La rémunération est cumulable avec le RSA (Revenu de solidarité active) », insiste Céline Renouleau.
Si jamais le compte de saisonniers n’y est pas, « on sera obligé de refuser des commandes de la grande distribution », souligne-t-on chez Duzon. Quant à revendre les huîtres en gros à d’autres ostréiculteurs, il ne faut probablement pas miser dessus. « Tout le monde risque d’avoir le même problème de main-d’œuvre. » Il y a quelque temps, Aurélie Duzon confiait en rigolant que les grandes surfaces allaient devoir faire de la vente d’huîtres en vrac comme pour les fruits et légumes. Plus ça va, moins elle rigole.
Surtout que les grandes surfaces réclament des quantités de plus en plus limitées. « Elles nous demandent si on peut faire des bourriches de six huîtres maintenant. C’est très compliqué. » Surtout si derrière il n’y a personne pour emballer…
(1) Les personnes intéressées pour faire la saison des huîtres peuvent appeler le 05 46 97 53 38 ou aller sur Internet (Aider 17 emploi agricole).

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