l’essentiel En décembre 1986, Martine Escadeillas, 24 ans a disparu de son appartement de Ramonville, près de Toulouse, où elle vivait. Deux fois l’instruction a été refermée puis rouverte, une troisième fois, en août 2018. En janvier 2019, 32 ans après, un homme a été arrêté. Il a avoué et nie depuis. Jugement début juillet.
L’année 1986 se termine. En l’espace de onze mois, la France vient d’enterrer Daniel Balavoine, Coluche, Thierry Le Luron et… Simone de Beauvoir. Fin avril, le nuage radioactif de Tchernobyl s’est, comme par magie, arrêté aux frontières de l’Hexagone. À Toulouse, en cette fin d’année, le temps est froid et gris.
Martine Escadeillas sort d’une semaine de maladie. La jeune femme a passé la semaine chez ses parents, à Plagnoles, au sud de Toulouse, aux limites du Gers. Ce lundi 8 décembre, elle doit reprendre le chemin de son travail à Portet-sur-Garonne. D’abord, vers 8 h 40, cette jolie jeune femme de 24 ans prend le volant de sa Renault 5 blanche pour accompagner Thierry, son petit ami depuis presque deux ans, prendre le bus route de Narbonne, un peu plus bas vers Toulouse.
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Du classique pour cette secrétaire comptable. Thierry, qui livre des pièces automobiles, l’ignore mais il ne reverra jamais Martine. Vers 8 h 45, dans l’immeuble moderne où ils vivent avenue Tolosane à Ramonville-Saint-Agne, aux portes de la Ville rose, la propriétaire du 4e entend des cris dans la cage d’escalier. Elle passe la tête, aperçoit sur le palier du 3e un homme « quarante-cinquante ans » qui se dispute avec sa voisine. Elle affirme avoir entendu parler de « police ». Elle rentre chez elle.
Que s’est-il passé ce matin-là sur le palier devant le logement de Martine Escadeillas ? Du sang, trace de violence, a été découvert dans l’escalier en milieu d’après-midi. Mais le corps de Martine, dont la mort ne fait pas de doute, reste introuvable. Pendant 30 ans, les gendarmes ont cherché. L’enquête s’est engagée sur la piste d’un policier « véreux » qui pourrait correspondre à ce que la propriétaire du 4e avait entendu. « Ou croit avoir entendu… », lâche un des connaisseurs du dossier.
Refermé en 1989 sans suspect sérieux, rouvert en mars 1996 après l’émission "Témoin numéro 1" de TF1, le dossier tourne encore autour du policier fantôme, mais aussi de Patrice Alègre, le tueur en série arrêté par les gendarmes de la SR de Toulouse en septembre 1997. Douze ans plus tard, en novembre 2008, malgré la mise en examen d’un homme qui aimait se faire passer pour un policier mais qui a bénéficié d’un non-lieu rapidement, le dossier est renfermé par les juges Lemoine et Rives. Encore.
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Pourtant dans les synthèses des gendarmes, une hypothèse devait être étudiée : Joël Bourgeon. Cet ami de Thierry et de Martine a été entendu en le 17 décembre 1986. Sans suite. Sauf qu’en 2016, un courrier arrive au parquet de Toulouse. Une amie de Thierry et Martine s’étonne que l’hypothèse Bourgeon n’ait pas été étudiée.
Le parquet de Toulouse transfère la lettre, envoyée aussi au garde des Sceaux et au ministre de l’Intérieur sans provoquer de réaction, aux gendarmes de la SR de Toulouse. Les premières investigations patinent mais le directeur d’enquête persiste. Et le 6 août 2018, l’instruction est rouverte, une troisième fois.
Le 22 janvier 2019, trois enquêteurs débarquent près de Grenoble, dans une entreprise de formation où travaille Joël Bourgeon, 55 ans. Ils arrêtent ce formateur, syndicaliste, décrit « un peu grande gueule » par ses collègues et certains de ses voisins, pas vraiment des amis. Le suspect ne hurle pas son innocence et après 24 heures de garde à vue, passe aux aveux de manière assez précise.
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Fin de l’histoire ? Non, parce qu’après une semaine de détention, revenu devant le juge Fabrice Rives, ce père de deux filles, qui a quitté Toulouse quelque mois après la mort de Martine, effectue une volte-face complète. Il affirme que ses aveux ont été « escroqués ». Depuis, il nie toute implication dans le meurtre de Martine Escadeillas.
En détention depuis trois ans, il va devoir convaincre les jurés de la cour d’assises de la Haute-Garonne début juillet. Poursuivi pour meurtre, Joël Bourgeon encourt 30 années de réclusion criminelle. Convaincus de sa culpabilité, Jean, Nicole et Simone, frère et sœurs de la disparue, conservent un espoir : savoir, enfin où se trouve le corps de Martine.
140000 €
Dans un quartier calme de Ramonville , proche de toutes commodités, de la p[…]

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