Les vignerons de l’AOP côtes-de-millau espèrent un "cru d’exception."
 
Comme partout en France, la maturité du raisin a fait battre des records de précocité des vendanges. Rien d’étonnant donc à retrouver les vignerons de l’AOP des côtes-de-millau sur le pont à quelques heures maintenant de l’ouverture du ban annoncé jeudi. "Avec la canicule et le stress hydrique, l’arrêt végétatif est arrivé assez tôt cette année… vers la fin juillet, début août. Ce qui nous permet aujourd’hui de lancer les vendanges trois semaines plus tôt que prévu", confirme Eddi Bertau, à la tête d’un petit vignoble de 4,5 hectares converti en biodynamie, à Montjaux.
Si l’été météorologique 2022 qui vient de se terminer a été historique à plus d’un titre : vagues de chaleur à répétition ; sécheresse record en juillet ; restrictions d’eau généralisées ; multiples incendies de forêts… pour les viticulteurs, il est surtout annonciateur d’un cru d’exception, reconnaît Ludovic Bouviala, le président de l’appellation installé à Boyne.
A la tête du domaine du Vieux Noyer, le quadragénaire valide. "Plus il faut chaud, plus la vigne souffre, meilleur est le vin. Les rendements seront sûrement à la baisse – on estime en moyenne qu’un kilo de raisin donne 70 % de jus, on sera sans doute en deçà cette année – mais la qualité sera vraiment au rendez-vous."
Un avis que les premières analyses confirment. "Les pluies de la semaine passée ont permis aux baies de grossir. Tout est sain, beau, mûr, c’est magnifique… avec des taux de sucre juste parfaits, explique Martine, pour le domaine Bertau, un œil sur son réfractomètre qui lui permet aujourd’hui de déterminer le taux d’alcool de la prochaine cuvée.
"Les analyses de pré-récoltes sur les tanins, l’acidité, l’azote nous le confirme. L’année sera belle", confirme Ludovic Bouviala. Si quelques-uns des cinq producteurs de l’appellation ont commencé à vendanger, lui attend jeudi pour inaugurer le chai. "On est assez impatients", poursuit le président d’une appellation qui profite de la singularité de son terroir pour s’illustrer.
Il poursuit : "Le stress hydrique, conjugué à des nuits fraîches – c’est l’avantage d’un vignoble en altitude -, permet à la vigne de se reposer la nuit et respirer la journée. Cette amplitude thermique est un facteur essentiel de développement de la vigne, de la qualité des baies et joue aussi sur la typicité de l’appellation."
Et de plaider : "Nous sommes la seule à mélanger le gamay à la syrah. Deux cépages opposés géographiquement. L’un septentrional, l’autre méridional. Cet assemblage donne des vins de dégustation, souples, faciles à boire… Les gens se déplacent de partout pour le découvrir."
Avec 65 hectares, le cru 2022 des côtes-de-millau s’annonce donc "exceptionnel. À nous maintenant de bien travailler au chai", prévient Eddi Bertau qui, quand d’autres peinent à recruter, prévoit pour sa part de faire appel à la famille et aux proches pour récolter les précieuses baies. Et à l’entendre, les amateurs sont déjà au rendez-vous.
Avec 32 hectares de vigne sur les 65 que compte l’appellation, le domaine du Vieux noyer est le poids lourd de la catégorie des vins des côtes-de-millau. Laurent Bouviala n’est pourtant pas du genre à boxer seul. "J’ai besoin de recruter une quinzaine de personnes pour les vendanges. C’est le nerf de la guerre, mais on peine vraiment à trouver du monde. Les étudiants sont repartis à l’école."
Lui qui a lancé un appel sur les réseaux sociaux n’a réussi, pour l’heure, qu’à séduire la moitié des petites mains nécessaires. À son grand malheur. "C’est une problématique importante dans des vignobles tels que le nôtre qui penchent beaucoup. Ici, les machines nous sont d’aucune aide."
Le président de l’AOP lance donc un appel aux bonnes volontés. "Si vous êtes dispo, je vous embauche de suite !" À vos sécateurs.
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Cela fait plaisir de voir des agriculteurs heureux ; seule ombre au tableau la difficulté (comme partout) de trouver de la main d'oeuvre malgré les 5,5 millions de chômeurs et les 2 millions de RSA ! ! !

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