Au deuxième jour du procès de Paolo Cucchiara, 81 ans, pour l'assassinat de son épouse, les témoins sont venus raconter comment ils se sont retrouvés plongés dans ce drame le 12 août 2019 à Port-Vendres. Et comment ils ont essayé d'éviter son issue fatale de toutes leurs forces. 
Paolo Cucchiara sèche un instant les larmes qu'il déverse sur ses souvenirs sans discontinuer depuis la reprise de son procès. Il ne lâche plus la barre du regard. Spectateur attentif, et presque surpris, d'un drame dont il est pourtant l'acteur principal et qu'il se laisse raconter par les différents témoins. De simples citoyens, salués par la cour d'assises pour "le rare courage" dont ils ont fait preuve ce 12 août 2019 au soir à Port-Vendres, lorsque le tragique a soudain bouleversé leur quotidien.
Cet Irlandais, âgé de 67 ans à l'époque, officier du gouvernement en retraite, passait des vacances dans la maison de sa sœur rue Arago. Où Jacqueline, une amie de cette dernière, âgée de 71 ans, logeait aussi pour quelques jours dans le studio du rez-de-chaussée. Vers 19 h 30, le Britannique lit tranquillement dans un petit patio quand un homme aux cheveux blancs apparaît. "Il m'a demandé : où est Jacky ? Je lui ai répondu : "en bas". Il avait l'air calme et poli". C'est Paolo Cucchiara, le mari de la septuagénaire. Mais il ne le sait pas encore…  "Vingt minutes plus tard, j'ai entendu des cris. La voix d’une femme", poursuit l'Irlandais, qui descend aussitôt et trouve Jacky face à face avec l'homme qui l'avait interrogé. "Là, il avait perdu le contrôle. Il était excité et il avait un couteau à la main. Il a perdu l'équilibre, est parti en arrière. Jacky a trébuché aussi. Elle avait une petite tache de sang au-dessus de la poitrine, mais je n'ai pas compris. Je l'ai récupérée et je l'ai soutenue pour l'emmener vite dans la rue".
Or, Paolo Cucchiara s'est relevé et se trouve déjà derrière eux. "Il ne courrait pas mais il marchait très vite pour nous rattraper. Je regardais du coin de l'œil. Et je voyais qu'il étirait son bras au maximum pour nous toucher avec son couteau. Et Jacky est tombée à nouveau. Je ne sais pas si elle s'est évanouie. En même temps, l'homme a chuté à côté d'elle et a planté le couteau dans sa direction. Il avait l'air déterminé à continuer ce qu'il avait commencé. J'ai essayé de l'empêcher mais il était tenace. Heureusement, un autre homme est venu m'aider". 
À ce moment-là, un habitant du secteur, ingénieur conseil de 68 ans, part dîner à Collioure avec son épouse et passe par là en voiture. Bizarre. Une voisine se trouve en travers de la route et leur fait signe de s'arrêter. Il se souvient : "Là, je vois cette dame allongée sur le trottoir avec deux hommes, l'un qui tient un couteau, l'autre qui essaye de lui arracher". Ni une, ni deux, il court prêter main-forte. "On criait : "lâchez, lâchez ça", mais il ne lâchait pas. On n'y arrivait pas. Je me suis assis sur lui. Et on a mis trois minutes, à deux, à lui soulever doigt par doigt pour réussir à arracher le couteau".
Paolo Cucchiara s'en va "titubant" de la chaussée au trottoir, dans un état second, "les mains en sang", tandis que les autres se pressent au secours de son épouse. Toujours allongée au sol et atteinte de sept coups de couteau, "Jacky ne réagit plus". L'Irlandais tente de lui faire un point de compression. Les autres reçoivent les consignes des pompiers via le téléphone. En vain. Mortellement touchée au cœur, elle succombe. Entourée de ces gens qui ne la connaissaient pas, ou à peine, une heure plus tôt. Tous choqués. Et encore étonnés aujourd'hui que "malgré tous ces cris, les gens des maisons d'à côté ne soient même pas sortis". "Surtout que l’on était en été et que les fenêtres étaient ouvertes…"
 
Deux mois avant sa mort, Jacqueline, 71 ans, avait annoncé à son mari qu'elle le quittait parce qu'elle avait une liaison avec son amour de jeunesse. L'amant, un Anglais élégant de 77 ans en costume cravate, gérant d'hôtel retraité, a témoigné ce lundi, en visio conférence depuis le Royaume-Uni, de cette histoire de coeur hors du temps. 
"J'ai rencontré Jacqueline dans les années 60", raconte-t-il. "'On avait prévu de se marier. Mais j’avais des problèmes personnels avec l’alcool et cela m’a emmené à avoir beaucoup de soucis avec la police. Je voulais résoudre ces problèmes et je suis parti en Afrique du Sud en 1969". 
C'est ensuite qu'elle rencontre Paolo à Paris, son époux et père de ses deux fils. Son amour Outre-Atlantique, lui, rompt son deuxième mariage en 2017. Au moment où Jacky revient dans sa vie lors d'un séjour en Angleterre pour un mariage. "En 40 ans on ne s'était vu que deux fois. Et là il était clair que nous avions toujours des sentiments. On a commencé à s’écrire tous les jours, la passion est devenue forte et nous sommes retombés amoureux. Au départ, nous n’avions pas de projet de vivre ensemble car Jacky pensait que ce serait trop difficile de le laisser parce qu’il était trop âgé. Nous avions décidé qu’elle pouvait rester avec Paolo et qu’elle vienne une ou deux fois par an en Angleterre. On ne voulait faire souffrir personne. Quand Paolo a refusé tout compromis, il a été décidé qu’elle vienne s’installer définitivement chez moi, c'était trois semaines avant sa mort. Je suis désolé que notre désir de bonheur ait abouti à cette horrible conclusion. Qui aurait pu imaginer que cela finisse comme ça ?"
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81 ans..20 ans ,avec les remises de peine il en fera que les deux tiers soit + ou – 12.

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