Dimanche 10 avril, la Santa Maria quitte le port de Canet-en-Roussillon (P-O) pour rejoindre Escale à Sète. Arrivée ce lundi 11 avril. L'équipage m'a accueillie en vraie famille et m'a dévoilé les ficelles du métier.
"Tu as pris des cachets avant de venir ?". Évidemment que non. Un léger regret commence à poindre à mesure que la houle grossit : 1 à 2 m de creux sont attendus. On distingue la terre au loin, ainsi que la silhouette du Nao Victoria, réplique du navire de Magellan, qui nous talonne. Marco, capitaine de la Santa Maria, et Quiny, l'un des 18 membres de l'équipage, peinent à tenir la barre. Nicolas, pilote de ligne embarqué pour la traversée avec son fils, Théo, se réfugie dans sa cabine. "Et on ose me dire que ça bouge en avion", lâche-t-il en s'enfonçant dans la cale de laquelle il remonte une heure plus tard revigoré. Parfois, une vague plus téméraire que les autres s'étale sur le pont inférieur. "On abaisse la voile du grand mât, on se presse", crie Pedro.
 
Embarquer sur une caravelle était mon rêve. C'est chose faite grâce à Escale à Sète. Dimanche 10 avril, il est 17 h quand je monte à bord de la Santa Maria. La réplique du navire de Christophe Colomb, construite en 2018, quitte Canet-en-Roussillon sous l'oeil aguerri des sauveteurs de la SNSM et les applaudissements du public. "Nous allons nous diriger vers le large, puis obliquer vers Sète", récapitule Pedro en espagnol. Le vent n'est pas favorable. Marin aguerri, second du capitaine, il espère pouvoir "pegar el viento", comme il aime à répéter. Le trouver et l'épouser pour avancer. À bord du voilier, chacun connaît sa place. "Llevamos los chorizos !", plaisante Carlos. Les grosses bouées d'accostage, sont levées une à une tandis que le moteur commence à gronder.

Pedro, second à bord du Santa Maria
Pedro, second à bord du Santa Maria MIDILIBRE – Margault Demasles

 
Velouté de butternut : dans la cuisine on frôle le gastro. L'équipe cuisto du jour découpe avec minutie, courges, pommes de terre et salades qui viendront accompagner les restes des pâtes bolognaises de la veille. Mais attention aux doigts : Le cuisinier me montre comment les positionner pour éviter de les couper si le bateau tanguait un peu trop fort. "Serre les abdos, plie les genoux, sois souple sur le haut de ton corps", me conseille Miguel, couteaux en main. Les cuisiniers enchaînent les carottes en véritables équilibristes, secoués par les vagues qui continuent de nous malmener. "Mais ici, tout est fait avec amour !", sourit-il. "Un bon repas. C'est ce qui remet du baume au cœur dans une navigation !"
 

21 h. Les membres de l'équipage de la Santa Maria viendront manger en fonction de leur quart.
21 h. Les membres de l'équipage de la Santa Maria viendront manger en fonction de leur quart. MIDI LIBRE – Margault Demasles

 
16km/h de vent. La Santa Maria devrait arriver dans 1h30. Le froid devient mordant, mais la traversée n'en reste pas moins magique. "El mareo", le mal de mer, est passé. Théo, attrape sa guitare et les mélodies de Manu Chao commencent à recouvrir le bruit des vagues. Le pont supérieur se transforme en piste de danse illuminée au clair de lune. Dans le poste de pilotage, Marco relève les données de la navigation dans une ambiance tamisée. "La lumière rouge est essentielle. Dans la nuit, sur le pont, ta pupille est dilatée. Une lumière blanche t'éblouirait et pourrait te rendre aveugle pendant plusieurs minutes". À éviter au risque de passer par-dessus bord. 

Chacun son tour, un membre de l'équipage relève les données de navigation de la Santa Maria.
Chacun son tour, un membre de l'équipage relève les données de navigation de la Santa Maria. MIDI LIBRE – Margault Demasles

Sète est en vue. Pas question de sonner la corne de brume à 3 h du matin, mais le cœur y est. "Rapprocher la poupe !" Marco prend les commandes et ses ordres résonnent dans le port désert. Sur la rive, Marina est venue accueillir, avec l'équipe portuaire, ses camarades. Elle attrape au vol un bout que Clarissa lui lance et l'enserre d'une main experte à la bitte d'amarrage. "La Santa Maria, c'est comme une famille", répète Marga. "On peut compter sur l'équipe terrestre pour organiser notre arrivée". Le navire est amarré, mais un craquement sourd coupe l'émotion du moment. Luiz, mécanicien de bord est formel : l'axe reliant l'hélice et le moteur a cédé. "Nous allons devoir faire l'impasse sur la parade de mardi, mais nous avons eu de la chance que ça n'arrive pas en mer !". L'équipage se dirige vers le coin couchette. Une vraie nuit de repos est nécessaire. Même à quai, ils seront prêts pour accueillir le public d'Escale à Sète.
 

Au sein de la Fondation Nao Victoria règne une ambiance familiale. Marine est venue préparer l'arrivée de la Santa Maria et accueil son équipage, à Sète.
Au sein de la Fondation Nao Victoria règne une ambiance familiale. Marine est venue préparer l'arrivée de la Santa Maria et accueil son équipage, à Sète. MIDI LIBRE – Margault Demasles

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