Ces dernières semaines, la découverte de cas de dengue a entrainé plusieurs opérations de démoustication en Occitanie. L’insecticide le plus fréquemment utilisé est un Pyréthrinoïde, la Deltaméthrine. Est-il dangereux pour l’homme ? Eléments de réponse.
Les opérations de démoustication se sont multipliées cet été en Occitanie, en particulier dans l’ex région Midi-Pyrénées. Blagnac ou Montauban par exemple n’y ont pas échappé. À chaque détection d’un cas de dengue autochtone, elles sont déclenchées.
C’est l’ARS qui sollicite une opération (obligatoire) de démoustication dans la foulée. En Occitanie, une société privée s’en charge et agit en pleine nuit. Elle utilise de la Deltaméthrine, un insecticide pour traiter un cas d’arbovirose comme la dengue. 
En France, les familles d’insecticides sont très limitées, explique Grégory L’Ambert, entomologiste médical de lEID-Méditerranée (Entente départementale pour la démoustication). Auparavant, il y avait beaucoup de produits qui présentaient des profils écotoxicologiques donc défavorables. L’Anses a décidé de retenir deux types de produits utilisables exclusivement et précisément pour ce type d’opérations, c’est la Deltamytrine, un produit de synthèse issue du pyrèthre, ou des pyrèthres naturels. C’est la même chose. La molécule est extraite de la plante pour l’un, l’autre est synthétisée chimiquement en laboratoire.
Lors de ces opérations exceptionnelles de démoustication, les habitants sont invités à prendre des précautions : rester chez soi forcément, rentrer ce qui traîne sur la terrasse, fermer les fenêtres, et même attendre trois jours avant de consommer les fruits et légumes du potager… Comme on peut le lire dans ce document distribué aux habitants concernés. 

Ces recommandations sont loin d’être rassurantes pour les habitants qui s’interrogent sur la dangerosité du produit diffusé, alors que les agents en charge de la démoustication portent masque et combinaison. Le sujet est sensible. Difficile d’obtenir un interlocuteur pour évoquer le sujet. C’est donc à nouveau Grégory L’Ambert de l’EID-Méditerranée qui répond sur ce point : “la Deltaméthrine est utilisée en agriculture mais aussi dans les plaquettes anti-moustiques, à des doses adaptées à l’espèce cible. Cela peut varier entre 5 et 12g par hectare. Nous, pour la lutte anti vectorielle nous l’utilisons à un gramme par hectare. Pourquoi cette dose faible ? L’objectif n’est pas de désinsectiser durablement. L’objectif c’est d’avoir des actions flashs sur un temps très court.
L’utilisation de l’insecticide dans de trop fortes proportions peut par exemple empoisonner mortellement des colonies d’abeilles situées à proximité.
Pour l’entomologiste, le risque dépend donc surtout de la dose et de son temps d’exposition : “si on veut diminuer le danger, il faut limiter l’exposition. D’où un certain nombre de recommandations de protection pour limiter au maximum leur exposition. En appliquant les recommandations de l’Anses, comme nous le faisons, ces mesures sur l’exposition n’ont pas de conséquences sur la santé. Si vous faites exactement ce que l’on vous dit, il n’y aura pas de problèmes. Nos agents sont en revanche constamment en contact avec ce produit, d’où les mesures de protection .”
La Deltaméthrine est un produit très photolabile : “dès que vous l’exposez à la lumière, il est très rapidement dégradé “. Au final, ces recommandations aux particuliers lors d’opérations de démoustication ne sont que le principe de précaution poussé jusqu’à son maximum avec un produit qui n’offre aucune autre alternative. 
La Deltaméthrine, seul insecticide à pouvoir être utilisé en France, tue les moustiques en très peu de temps. “Le produit agit sur le système nerveux, au niveau d’un canal qui assure la transmission de l’influx nerveux. Le moustique est KO et meurt dans la foulée“, détaille Jean-Philippe David, chercheur au CNRS, qui s’est intéressé aux effets de ce pyréthrinoïde.
Mais la Deltaméthrine a un autre inconvénient. Si en France métropolitaine, le moustique reste vulnérable à ce produit, avec le temps, il peut devenir résistant à l’insecticide. Et c’est en sachant ça que l’utilisation du pyréthrinoïde à dose minimale est primordiale. “Heureusement, cet insecticide est appliqué dans de bonnes proportions” souligne Jean-Philippe David. Car si les produits étaient sur-appliqués, “les moustiques résistants deviendraient majoritaires” indique le chercheur. Et là, ça ne serait pas la même histoire.
C’est le cas en Outremer. Après avoir employé durant des décennies la Deltaméthrine, l’insecticide est devenu inefficace dans la lutte anti-vectorielle. En Nouvelle-Calédonie, les autorités sanitaires ont été contraintes d’avoir recours au malathion, un produit extrêmement toxique pourtant interdit en France depuis 2008.
La meilleure arme pour éviter cette situation est la prévention afin de permettre aux populations de lutter au maximum contre les gîtes larvaires.

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