Le costard cravate, il s’y est plié. « Pour les grandes occasions et les rendez-vous à la préfecture. » Mais, au quotidien, c’est surtout en tenue de chantier que les Tussonnais croisent leur maire Éric Bouchet, un tournevis plus souvent à la main que l’écharpe tricolore autour du cou. « Depuis que je suis élu, pas un électricien n’est intervenu sur des chantiers de la commune, avoue le vice-président de Cœur-de-Charente délégué au tourisme, qui vient de faire les circuits de la future nouvelle mairie et agence…
Le costard cravate, il s’y est plié. « Pour les grandes occasions et les rendez-vous à la préfecture. » Mais, au quotidien, c’est surtout en tenue de chantier que les Tussonnais croisent leur maire Éric Bouchet, un tournevis plus souvent à la main que l’écharpe tricolore autour du cou. « Depuis que je suis élu, pas un électricien n’est intervenu sur des chantiers de la commune, avoue le vice-président de Cœur-de-Charente délégué au tourisme, qui vient de faire les circuits de la future nouvelle mairie et agence postale et à qui il arrive même de dépanner les particuliers. Parce que j’aime bien rendre service et qu’il est difficile de trouver un artisan aujourd’hui. »
La polyvalence, c’est le propre de la fonction de maire d’un petit village. A fortiori à Tusson, où cet ancien militaire, mécanicien équipement bord de l’armée de l’air, devenu maire en 2020, est un vrai couteau suisse, un peu artisan, un peu archéologue, photographe, guide touristique voire même agent immobilier. « Il a même fallu que je me mette à l’anglais, rigole Éric Bouchet, attentif à la moindre opportunité dans une commune où une dizaine de maisons se sont vendues depuis 2020. Les gens qui cherchent me disent : il paraît qu’il faut vous appeler pour trouver une maison à Tusson. »
Un effet post-confinement dans ce village de 230 habitants où ont emménagé un paquet d’artisans d’art et d’artistes dans la foulée des réhabilitations lancées par Jacky Flaud et l’ex-Club Marpen. « Ça fait un an que je travaille avec une artiste peintre pour trouver un lieu », avoue Éric Bouchet, qui se démène. Avec l’objectif de conserver le cachet du village. « En évitant de voir ouvrir des boutiques qui vendent du made in China. Il n’y a pas de village équivalent en Charente qui concentre autant d’activités économiques pour un si faible nombre d’habitants. »
Un amoureux de la campagne. Au point que l’ancien technicien et instructeur dans l’armée de l’air, qui a travaillé sur les bases aériennes de Toulouse, Rochefort ou Bourges entre 1984 à 2007, a préféré prendre la tangente plutôt que rejoindre Villacoublay. La région parisienne, très peu pour lui. « Je suis attaché au milieu rural, j’ai trop besoin de la nature, dit celui qui a grandi à Cognac, mais venait, enfant, passer tous ses week-ends chez ses grands-parents, fermiers à Bessé et Salles-de-Villefagnan. J’ai toujours rêvé de revenir ici, c’est à Tusson qu’on a trouvé une maison à acheter. » Il a passé vingt ans à la retaper. Un bricoleur. « Petit, j’avais l’habitude d’aider un oncle menuisier », poursuit Éric Bouchet, qui a fait tous les métiers du second œuvre pour un pavillonneur après l’armée puis s’est mis à son compte comme artisan, avant de prendre sa retraite en 2019.
« Une pseudo-retraite car, quand on est maire, on fait largement un temps complet. La dématérialisation n’a rien arrangé. On est vite débordé au milieu des logiciels si une secrétaire est en arrêt maladie », confie Éric Bouchet, qui, à 58 ans, fait entre 6000 et 8000 km à vélo par an avec le Cyclo-club d’Aigre : « Mon antistress, qui me permet d’être zen pour écouter les gens. » Un mode de transport privilégié aussi pour ses trajets dans le village. Loin des vols de contrôle réalisés sur des Nord 262, Alpha Jet ou Awacs du temps de l’armée.
Ça n’empêche pas Éric Bouchet de faire huit vols par an au-dessus de la Charente, appareil photo à la main, à la recherche de traces du passé. Le seul à faire de la prospection archéologique aérienne dans la région. « Une chasse aux trésors fabuleuse », lance ce passionné d’histoire et d’archéologie, intégré à l’équipe du CNRS de Vincent Ard qui fouille les sites néolithiques du secteur chaque été. Une passion d’enfance. « Tout petit déjà, je faisais des petits musées avec les objets trouvés dans la ferme de mes grands-parents à Bessé : peignes, vieilles lampes, pièces de monnaies. Le premier silex biface que j’ai trouvé dans un champ, je l’ai caressé pendant des heures. C’est fabuleux de tenir entre ses mains un objet utilisé il y a 40 000 ans ». À force, il a accumulé des connaissances, animant des conférences, avec le souci de vulgariser la recherche scientifique. Autant que l’histoire plus récente de Tusson qu’il raconte l’été aux touristes, en alternance avec son premier adjoint. On n’est jamais mieux servi que par soi-même.
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