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La trentaine de bovins d’une ferme de Wambrechies épinglée fin 2020 par des militants de la cause animale ont été menés la semaine dernière à l’abattoir. Une fin qui laisse un goût amer à tous ceux qui se sont battus près de trois mois pour confier les bêtes à un sanctuaire.
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Fin 2020, Marion Pécher, de l’École du chat à Marcq-en-Barœul lançait une pétition en ligne dénonçant « La ferme de l’horreur » appartenant aux deux frères P. à Wambrechies. Selon plusieurs militants de la cause animale, une bonne trentaine des vaches y seraient maltraitées. Le jour de l’An, l’appel sur Internet recueillait déjà près de 90 000 signatures.
Aujourd’hui, il avoisine les 125 000 signatures. L’objectif des signataires : confier les bêtes à la fondation Brigitte Bardot qui propose de les accueillir dans un sanctuaire et de les nourrir à ses frais.
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Samedi 9 janvier, notamment à l’appel de l’association L214, quelque 80 militants de la cause animale se rassemblaient place de la République à Lille pour protester contre l’attitude de l’État et continuer de réclamer la saisie du troupeau des 36 vaches. Malgré une énumération des maux repérés par des bénévoles (poil en mauvais état faute de soins, côte saillante du fait d’une malnutrition, gonflement trahissant la présence de vers...), le préfet Lalande faisait savoir qu’à la suite des rapports de la Direction départementale de la protection des populations (DDPP), il ne demanderait pas le retrait du troupeau.
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Suite à la plainte des associations de défense animale, le parquet de Lille ouvre début janvier une enquête préliminaire. Les chefs d’accusation : « sévices graves, actes de cruauté et abandon envers des animaux ». Le même jour, en application de l’article L.214-23 du code rural, la DDPP dépêche un vétérinaire indépendant sur place. Selon l’expert, les bêtes sont en bon état de santé. « Ce n’est pas un élevage exemplaire, confiait alors Magali Pecquery, responsable de la DDPP Nord, également vétérinaire, mais les vaches ne sont pas maigres. Elles ne sont pas en danger imminent et la situation ne réclame pas en tout cas de retrait immédiat du troupeau. »
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Plus récemment, après qu’un camion bétaillère a été aperçu entrant et sortant de la propriété, une autre bénévole de l’École du chat, Sylvie Delfosse, décide d’ouvrir une cagnotte en ligne. Le but : recueillir 50 000 € pour pouvoir racheter le troupeau aux frères P. ou à la DDPP, et le confier au sanctuaire. En deux journées, elle engrange près de 10 000 €. À ce jour, avec les chèques reçus au siège de l’association, elle totalise environ 22 000 €. « Ces animaux ont assez souffert, écrit la militante, et méritent qu’on leur épargne la terreur et la douleur du couteau. »
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Aujourd’hui, la DDPP confirme une « opération de chargement des animaux effectuée le mercredi 24 février sur l’exploitation agricole de Wambrechies », un transport, explique la directrice, qui « fait suite à une décision des éleveurs de cesser toute activité d’élevage et suite également aux opérations de traçabilité permettant d’identifier les animaux qui pouvaient l’être ». Et de préciser : « Ils ont ainsi fait le choix de commercialiser les animaux à un abattoir dans le respect des réglementations de traçabilité en vigueur. » Pour elle, il faut respecter « ce libre choix des éleveurs puisque les animaux sont en bon état général et demeure leur propriété ».
Sylvie Delfosse, initiatrice de la cagnotte en ligne pour acheter et sauver le troupeau, est la première à réagir. « On avait l’argent, assure-t-elle. Ça nous aurait fait mal au ventre de payer la maltraitance mais on était prêts à le faire. » La bénévole de l’École du chat s’est en effet renseignée sur les tarifs à la revente. « Pour un taureau, et les frères P. en avait onze, précise-t-elle, il faut compter 1000 € par tête, 700 à 800 € pour une vache et 400 à 500 € pour un veau. On aurait eu le compte. »
C’est donc avec une profonde amertume mêlée de colère que la militante a appris la fin du troupeau wambrecitain. « J’ai l’habitude des cagnottes en ligne mais je n’ai jamais vu une telle mobilisation en si peu de temps, des dons de 5 € à parfois 1000 €. C’est la première fois que je vais rembourser les donateurs. » Et de rager : « Quand les frères P. disent qu’ils vont cesser leur activité d’élevage, c’est faux. Ils ont gardé quatre bovins », prétend-elle.
Marion Pêcher, la lanceuse d’alerte combative pendant ces trois mois de lutte, est quant à elle effondrée. « Je suis très triste, avoue-t-elle, et je n’en reviens pas de ces méthodes de voyous. Je ne suis pas une militante mais juste une citoyenne. J’ai voulu sauver ces vaches et je n’ai pas réussi. » Elle reste néanmoins sur le qui-vive et se dit « très inquiète » car elle est persuadée qu’il reste des vaches gestantes* parmi les quatre bovins encore sur place, « potentiellement huit vies à sauver. Soit la maltraitance va recommencer, imagine-t-elle, ou alors on emmènera aussi le reste du troupeau avec les veaux à l’abattoir. »
Et Marion de lancer : « L’association Arcade qui vient en aide à ces gens-là a prétendu que leurs animaux étaient un peu comme leurs enfants. C’est pour ça qu’ils ont privilégié l’abattoir. »
(*) Une loi européenne de 2004 interdit le transport ou l’abattage de femelles gestantes au-delà de 90 % de la période de gestation.
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