La préfecture a donné son accord pour la construction d’un poulailler industriel à Sergines, au nord de l’Yonne. Ce projet fait l’objet, depuis plusieurs mois, d’une pétition qui a rassemblé près de 40 000 signatures contre son implantation.
La préfecture de l’Yonne a signé le projet le 20 septembre dernier, mais l’information était restée confidentielle. Bientôt, la commune de Sergines, au nord de l’Yonne à la frontière avec la Seine-et-Marne, accueillera un poulailler industriel de 1800 m², pouvant accueillir 39 600 poulets, soit 22 volailles au mètre carré. 
La parcelle appartient à une famille d’agriculteurs déjà implantés dans la commune, mais uniquement en production céréalière. Ils souhaitent se diversifier via cette production de volailles. La parcelle sur laquelle sera construite le poulailler leur appartient, et est jusqu’à présent exploitée en culture.
Selon les documents consultables publiquement sur le site de la préfecture, les poulets seront élevés pendant 40 jours dans le bâtiment.
Le dossier validé par la préfecture stipule : “L’épandage a lieu sur des parcelles agricoles et n’entraine aucune destruction ni aucun endommagement des couloirs écologiques ou biologique. Aucune haie ou espaces boisés ne seront détruits. Les doses d’épandage sont raisonnées agronomiquement et les distances d’épandage vis-à-vis des cours d’eau sont respectées.”

L’exploitant est lié pour une durée de 15 ans avec l’industriel Duc, l’un des leaders français du marché de la volaille. Ce dernier participe à hauteur de 54 000 euros au projet, soit 30 euros par mètre carré, sur les près de 600 000 euros que coûtera la mise en fonction du bâtiment. Cette aide à l’installation s’inscrit dans le cadre du “plan stratégique d’accroissement des volumes à l’abattoir de Saint-Bauzély“, précise Duc dans un courrier versé au dossier présenté en préfecture. 
Cet abattoir est situé dans le Gard, au nord de Nîmes. En conséquence, à Sergines, le trafic routier lié à l’arrivée et à la sortie des poulets va augmenter : le projet table sur 84 passages de camions par an, avec une activité plus intense au moment du ramassage des animaux. “Environ 5 camions sur 15 jours“, est-il précisé dans le dossier. 
► À LIRE – Le dossier complet de l’installation du projet, consultable sur le site de la préfecture
Si la préfecture et la mairie de Sergines ont validé cette installation, une pétition contre l’implantation de ce poulailler industriel a réuni près de 40 000 signatures. Les signataires mettent en cause, d’une part, la pollution : ils craignent “un impact sur la faune et la flore” lié à l’épandage, des “odeurs nauséabondes, d’ammoniac et d’oeuf pourri“, la “prolifération de rats et de mouches” à proximité du bâtiment, et pointent aussi l’aspect de la souffrance animale : “22 poulet au m², soit un poulet sur une feuille A4“.
Et ce n’est pas l’unique projet de méga-poulailler qui fait débat dans l’Yonne : en septembre 2021 déjà, une autre pétition était lancée contre un projet à Neuvy-Sautour. 
► À LIRE AUSSI : Une pétition contre l’arrivée d’un poulailler industriel dans l’Yonne, le porteur du projet se défend
Plus récemment, en mars 2022, le journal Mediapart publiait une enquête sur les nombreux projets menés par le volailler Duc sur un axe Yonne, Aube, Côte-d’Or et Nièvre. Dans cet entretien réalisé avec l’autrice de l’enquête, Amélie Poinssot expliquait que “le plan est construire en tout près de 80″.
La journaliste avertissait également sur le risque de voir fleurir des productions de mauvaise qualité. “Il y a encore quelques temps, le numéro 2 de la volaille en France, Duc, racheté par le géant néerlandais Plukon, produisait des poulets bio. Rien de choquant donc. Sauf qu’après le rachat, Plukon a décidé d’arrêter le bio et de revenir à un système archaïque, le tout-industriel; pour produire du poulet bas de gamme en très grandes quantités.”
► À LIRE AUSSI :  INTERVIEW “Les méga-poulaillers, un grand bond en arrière” : Amélie Poinssot, auteure de l’enquête Médiapart sur l’industriel Duc dans l’Yonne

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