« C’est votre première fois sur le fort ? Vous allez voir, c’est quelque chose ! » Même après dix ans, Willy Rovelli s’émerveille encore. « Pouvez-vous me prendre en photo ? » Le fantasque cuisinier de Fort Boyard ne se lasse de la lumière du levant, un jour d’embarquement vers le site.
« Impossible de se lasser ! », confirmera quelques heures plus tard Olivier Minne, taillant la bavette, au propre comme au figuré, depuis un balcon terrasse où l’animateur déjeune en moins de temps qu’il lui faudrait pour raconter…
« Impossible de se lasser ! », confirmera quelques heures plus tard Olivier Minne, taillant la bavette, au propre comme au figuré, depuis un balcon terrasse où l’animateur déjeune en moins de temps qu’il lui faudrait pour raconter ses vingt ans de fort, à lui. « Le caillou, comme je le surnomme. Y poser le pied me procure une émotion renouvelée… »
En mai, Olivier Minne, Willy Rovelli, Passe-Partout, Passe-Muraille font ce qui leur plaît : consacrer de longues et intenses journées au tournage de l’un des programmes télévisés préférés des Français. Chacun replonge avec le même émerveillement, depuis des années et des années… Depuis trente-deux ans, pour André Bouchet, alias Passe-Partout, dernier maillon avec la naissance du jeu imaginé par le producteur Jacques Antoine, dont un immense portrait trône en bonne place dans une cellule du fort.
Olivier Minne lui-même affiche le record de longévité ès qualités de maître du fort. Ce mois de mai 2022 marque sa 20e saison. « Je suis arrivé comme simple ‘‘hôte’’, attention ! Ça aurait fait bizarre que moi, 35 ans, je débarque comme ‘‘maître du fort’’ après deux animateurs quinquagénaires [Patrice Laffont et Jean-Pierre Castaldi, NDLR]. Aujourd’hui, je suis présenté comme le maître du fort, mais je ne l’incarne plus comme lorsque le maître défendait le fort. Moi, je me place plutôt du côté des candidats… »
Il n’est pas people, Olivier Minne. Il le confesse, les jours off, c’est « chez lui » qu’on le trouve. « À Paris, je ne connais pas grand monde… » Une façon de parler, soit, mais les candidats et leur pedigree, l’animateur les découvre parfois peu de temps avant les sites de fans qui déflorent en temps réel le casting de chaque journée de tournage. Le professionnalisme de l’animateur et des candidats crée la magie de la télé : la majorité du temps, la complicité se noue, accouchant de fous rires comme de crises de larmes.
Une candidate craque. Elle a beaucoup pris sur elle, déjà, lors de l’épreuve précédente. Ces fichues bestioles dont se régale Guillaume Ramin, le producteur artistique et créateur des jeux, ont eu raison de ses nerfs… Elle fond en larmes. La porte de la cellule s’ouvre, Olivier Minne prend instinctivement la candidate dans ses bras. Un jour sur le fort, un énième épisode, pour une 33e saison. Fraîche et nouvelle malgré les ans. La production s’emploie perpétuellement à renouveler le genre. Visiblement avec succès. Par sa majesté et son inaccessibilité, le fort se charge de parachever le succès de l’émission.
Les tournages de la seule version française du jeu réclament la présence quotidienne de 150 personnes, qu’Harold et son équipe doivent nourrir chaque midi. En deux services, mais au plus vite. Chaque journée est une course contre la montre, mais la réalisation d’un programme aussi rodé a ses astuces. « C’est quasiment tourné-monté », confirme Antoine Weber, onze ans de fort, directeur exécutif depuis trois ans.
Le retour vidéo du tournage en cours donne l’impression, en effet, d’assister à l’émission, avec ses plans de coupe, captés par une dizaine de caméras, pour certaines séquences, avec son enchaînement d’épreuves. Sans deuxième chance pour les candidats, qu’on se le dise.
« Ouvert » en mars comme on « rouvre » une résidence secondaire, le fort vit ensuite deux mois durant, presque, au rythme des débarquements et embarquements sur la plateforme offshore qui lui tient lieu de base logistique. Impossible de loger sur le fort les groupes électrogènes nécessaires aux gourmands tournages. La production réussit déjà le tour de force de montrer un fort en apparence livré aux seuls candidats et personnages, quand en réalité, la centaine de techniciens, figurants et autres acteurs se cachent derrière chaque porte close.
La magie de Fort Boyard réside aussi dans ses nouveautés, annuelles, pour entretenir la flamme. Son succès tient tout autant aux équipes qui se succèdent sur le fort. Sur les unes comme les autres, la production tente de conserver la primeur à l’annonce officielle de la nouvelle saison. On ne tient pas l’antenne chaque été sans savoir se faire désirer.

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