À la sortie de son immeuble, rue du Pont à Hendaye, Marina Gonzales peste encore. Devant cette habitante de l’ensemble Hegoaldea, côté logements sociaux, des scooters barrent le passage : « Et encore, là, il n’y en a pas beaucoup ! » Au sol, aux abords de l’escalier qui mène au parking, des détritus. En se dirigeant vers la rue de l’Église pour pointer du doigt une vitrine fêlée depuis des semaines, elle prévient : « Des dalles sont descellées. Attention à ne pas tomber, des gens se sont fait mal ici. » Le tableau est déjà peu reluisant. Marina Gonzales, elle…
À la sortie de son immeuble, rue du Pont à Hendaye, Marina Gonzales peste encore. Devant cette habitante de l’ensemble Hegoaldea, côté logements sociaux, des scooters barrent le passage : « Et encore, là, il n’y en a pas beaucoup ! » Au sol, aux abords de l’escalier qui mène au parking, des détritus. En se dirigeant vers la rue de l’Église pour pointer du doigt une vitrine fêlée depuis des semaines, elle prévient : « Des dalles sont descellées. Attention à ne pas tomber, des gens se sont fait mal ici. » Le tableau est déjà peu reluisant. Marina Gonzales, elle, n’en peut plus.
C’est ce qui amène cette locataire à régulièrement exprimer sa colère quant aux conditions de vie dans l’immeuble, inauguré il y a deux ans et demi : « Pourtant, quand j’ai su que je pourrais bénéficier d’un appartement ici, dans un bâtiment neuf, j’ai sauté de joie », se souvient-elle. Depuis, la résidente espagnole déchante, désignant tous azimuts le bailleur social et une partie du voisinage peu respectueuse, selon elle, des règles basiques de vie en communauté.
Un avis partagé par sa voisine de palier, « d’abord ravie d’avoir trouvé une solution rapide alors que des soucis de santé nécessitaient que je me rapproche du centre-ville, mais déçue dès le premier jour. Je cherche désormais à partir dès que possible ».
Dans son appartement, un T3 parfaitement entretenu, Marina Gonzales peste pêle-mêle contre « ces gens qui lancent des miettes aux oiseaux » sur la terrasse qui jouxte son balcon « alors que c’est interdit », des factures et régularisation pour le chauffage et l’eau chaude qu’elle ne comprend pas et pour lesquelles elle s’est adressée au médiateur de la République, cette fuite d’eau qui a nécessité neuf mois d’attente avant d’être réparée, ou encore « la caméra du visiophone qui ne fonctionne pas ».
« Je suis tout de même étonné parce que pour nous, Domofrance est un interlocuteur constructif, remarque Richard Irazusta, adjoint au logement. J’ai souvenir d’un cas à la cité des Douanes, pour lequel ils avaient été très présents dans la médiation afin de résoudre les difficultés que rencontraient les habitants. » Sur le pas de sa porte, nettoyée après qu’un voisin l’a souillée de déchets divers, Marina Gonzales, bien connue de tous ici « parce que je ne me tais pas », n’attend que cela.
Dans le hall d’entrée de son immeuble, un écran affiche un avertissement sérieux adressé par le gestionnaire : « Nous constatons une augmentation significative des détériorations dans les parties communes de votre ensemble immobilier (poignées de portes arrachées, poubelles incendiées…). Domofrance portera plainte au commissariat pour ces dégradations. »
C’est la première fois que la grogne se fait entendre de façon si claire de ce côté de la rue. Elle rejoint celle des habitants de l’autre immeuble, en majorité des locataires de bailleurs privés qui ont déjà dénoncé à plusieurs reprises l’installation de squatteurs dans les parties cachées du parking souterrain, la saleté et les diverses déjections retrouvées dans les espaces laissés pour l’instant vides des commerces qui devaient s’y installer, et les quelques dysfonctionnements techniques constatés aux étages.
C’est d’une ambiance générale que se plaignent les résidents. Un sentiment d’abandon qui douche l’enthousiasme suscité à l’origine par ce projet immobilier, prouesse technique pour avoir été construit au-dessus de la ligne de chemin de fer, et surtout acte fondateur pour la municipalité de la réhabilitation d’un centre-ville offrant aux habitants toute l’offre de services et de loisirs à quelques pas.
Las, depuis la cérémonie d’inauguration, rien n’a physiquement changé au pied des immeubles. Si une salle de sport doit ouvrir au rez-de-chaussée du bâtiment dévolu au logement social, la place qui lui fait face reste toujours désespérément vide de vie.

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