On passera sur le CV long comme un bras de Roger Molina, né dans le sud du département avant de venir vivre avec sa famille à Royan et de s’exiler à Paris, après un début d’études de médecine à Bordeaux, pour intégrer l’école de cinéma de la rue de Vaugirard. L’intéressé, qui a notamment été assistant réalisateur d’Édouard Molinaro et de Pierre Tchernia, a participé au lancement de Canal+ où il est resté dix-sept ans notamment comme directeur de l’auto promotion. À 74 ans, le Royannais est revenu…
On passera sur le CV long comme un bras de Roger Molina, né dans le sud du département avant de venir vivre avec sa famille à Royan et de s’exiler à Paris, après un début d’études de médecine à Bordeaux, pour intégrer l’école de cinéma de la rue de Vaugirard. L’intéressé, qui a notamment été assistant réalisateur d’Édouard Molinaro et de Pierre Tchernia, a participé au lancement de Canal+ où il est resté dix-sept ans notamment comme directeur de l’auto promotion. À 74 ans, le Royannais est revenu au bercail. « J’ai été repéré par Robert Hossein, dans les années 1970, grâce à un petit film tourné en Super 8 réalisé dans le cadre du club vidéo. Lorsque je suis revenu m’installer à Royan, je suis redevenu adhérent de ce club pour les aider. La boucle est bouclée », constate Roger Molina.
En revanche, elle est loin d’être bouclée en ce qui concerne les projets. Le dernier né, « Rives et rivages 17 », n’aurait pas pu aboutir avant. « Si le drone avait existé, oui. Sauf qu’à l’époque le seul moyen de filmer les côtes du littoral de Charente-Maritime depuis le ciel était l’hélicoptère. Trop compliqué », confie le réalisateur, natif de Saint-Thomas-de-Conac. C’est d’ailleurs ici qu’il faut aller puiser l’origine de son film.
« J’y suis propriétaire d’un tout petit terrain, héritage de mes grands-parents, qui est loué à un éleveur du coin. Je n’ai jamais su où il se trouvait exactement. C’est en allant sur Google Maps que j’ai pu le localiser. En même temps, je me suis rendu compte qu’il y avait sur la carte une multitude de ronds situés à proximité jusqu’à port Maubert. Je me suis demandé ce que c’était et j’ai appris qu’il s’agissait de petits étangs. Il y en a une centaine. Pas grand monde ne le sait. C’est ce qui m’a décidé à me lancer dans le projet de ce film », raconte Roger Molina.
Ni une ni deux, l’intéressé investit dans un drone. « Le fait que cet engin puisse voler beaucoup plus bas qu’un hélicoptère apporte une dimension humaine dans les images. Attention, il y a aussi des prises de vues normales, au sol. » Voilà comment le réalisateur a balayé les 453 kilomètres de côtes pendant trois ans.
« Savez-vous qu’il existe une toute petite île au pied de celle d’Oléron qui s’appelle Nôle ? Moi, j’ai découvert les écluses à poissons dans l’île d’Oléron ou encore les cabanes de Gabelous qui pistaient les contrebandiers sur l’île de Ré. Mon film de 52 minutes va aussi servir à faire ce type de découverte », prévient Roger Molina qui au début avait prévu d’arrêter son périple à La Tremblade.
C’est Benjamin Boutin, masseur-kinésithérapeute de son état et comédien amateur, qui a prêté sa voix pour lire le texte narratif écrit par l’initiateur du projet. « C’est un film fait maison. » Et qui a demandé beaucoup de patience. « Dans le cinéma, les trois choses les plus difficiles à filmer sont les enfants, les animaux et les bords de mer. Ces derniers ne sont jamais pareils. Or, il faut trouver une unité dans les couleurs et donc revenir sur place en fonction de la météo. »
Remonter les rives du plus grand estuaire d’Europe n’a pas toujours été une sinécure. « Il y a eu un vrai travail de préparation avec un équilibre à trouver dans le découpage de l’espace et du temps qui laisse autant de place à La Rochelle, par exemple, qu’à la baie de Royan. » Le seul regret de Roger Molina aura été de n’avoir pas pu filmer le centre pénitentiaire de Saint-Martin-de-Ré. « Je n’ai pas voulu le faire, au risque de me faire arrêter », reconnaît-il.
Pour le reste, il s’est employé comme « un tâcheron, un ouvrier équipé d’un drone de loisirs ». Encore une fois, il n’a pas voulu rentrer la boucle d’une professionnalisation du projet. « J’ai gardé ma liberté et je ne suis pas allé à la chasse aux subventions », insiste-t-il. Sa seule entorse : un partenariat avec le Crédit agricole de Cozes. On lui pardonne.

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