Lire le
journal
Lire le
journal
Se connecter
Samedi soir à Juan-les-Pins, le musicien basé à Ramatuelle était la tête d’affiche du festival Electro Summer. Toujours aussi fou de musique à l’approche de ses cinquante ans de carrière.
On retrouve Marc Cerrone au bar de l’Hôtel AC Ambassadeur. à quelques mètres de la Pinède-Gould, où il se produira quelques heures plus tard, c’est déjà bien agité. On se dit que le soleil a dû taper un peu trop fort sur la tête de vacanciers. À moins que l’apéro y soit pour quelque chose. Après plusieurs migrations dans le hall, l’échange pourra débuter.
L’occasion de regarder dans le rétro, comme ce pape disco le fait durant tout l’été pour la radio Nostalgie, du lundi au vendredi, à 18 heures. Mais aussi d’aborder le présent.
À l’approche de ses cinquante ans de carrière, qu’il fêtera en novembre prochain, l’auteur de Give Me Love, Supernature, Love in C Minor ou encore Je suis music, est bien déterminé à aller de l’avant. En partant, il nous saluera en lâchant: “Merci, et rendez-vous dans dix ans!” Chiche.
Cela ne fait pas si longtemps que vous montez sur scène en version DJ, et pas derrière votre batterie. Qu’est-ce qui vous a décidé?
En 2021, j’avais joué au Montreux Jazz Festival. Un super souvenir, Quincy Jones était venu me voir, il était resté à côté de moi pendant tout le show. Après ça, on m’a proposé de faire des festivals électro, en me disant que j’avais ma place, que j’étais à l’origine de pas mal de choses… Quand ils m’ont expliqué qu’il fallait que je me mette aux platines et pas derrière la batterie, je les ai pris pour des malades.
Pourquoi donc?
Ce n’était pas une insulte, mais je me demandais ce qu’on allait dire, si on allait croire que je venais cachetonner. Alors que j’ai un super catalogue, je n’ai pas de problème à ce niveau. Au fur et à mesure, j’ai pris le matériel adapté, comme si je trimballais ma console d’enregistrement. Je ne travaille pas avec les platines, j’utilise Ableton Live [un séquenceur musical, ndlr]. C’est rempli de ma discographie et je m’amuse avec.
Cette forme de live vous ravit…
J’essaye d’être à la hauteur de la voie qui s’ouvre. Les festivals sont l’équivalent des discothèques de l’époque, qui avaient changé la donne par rapport aux night-clubs. Les jeunes ont les bras en l’air, ils sont dans l’énergie. C’est motivant, touchant. Je termine souvent avec Supernature, que les gens reprennent pendant que je salue. L’émotion est forte.
Supernature, sortie en 1977, abordait les questions écologiques et la mutation des humains. Comment est née cette chanson?
L’envie d’aborder ce thème m’est venue d’une sonorité que j’avais trouvée par accident. Sur ce troisième album [Supernature (Cerrone 3), ndlr], le single était Give Me Love. La maison de disques était ravie, elle savait qu’elle tenait quelque chose. Donc je me suis permis de faire une face B différente. On m’avait livré des synthés, c’était nouveau, on ne savait même pas ce que ça voulait dire. Pour les paroles, j’avais la chance d’avoir Lene Lovich, qui était issue du mouvement punk. L’anti-disco, quoi. Et on bossait ensemble! J’avais envie d’un truc strange, qui touche nos peurs les plus profondes. Cela a pris des mois. Et un jour, je suis tombé sur le film L’Île du docteur Moreau. On est partis dans cette direction.
À vos yeux, comment notre monde a-t-il muté?
Aujourd’hui, on est dans l’uniformisme le plus total. Les nanas ont toutes les lèvres, le cul, les seins et les pommettes gonflées, avec les mêmes coupes de cheveux. C’est étrange. Un certain progrès, notamment dans la médecine, me fait dire qu’on vit une période fantastique. Et en même temps, les gens semblent complètement paumés. J’essaye d’être à l’affût de tout ce qui se passe, mais ça va trop vite.
Côté musique, en revanche, vous semblez suivre les jeunes artistes, comme Breakbot & Irfane, que vous appréciez…
Ce sont de bons copains, j’aime bien ce qu’ils font. Cela fait partie de la bonne nu-disco française. La disco, c’est quelque chose de particulier. Ce n’est pas de l’électro, ce n’est pas une question de BPM [battements par minute, ndlr] non plus. C’est un truc qui sent la chaleur. C’est festif, oui, mais ça doit insinuer quelque chose, ça doit transpirer… Ce parfum, Breakbot & Irfane l’ont bien compris. Purple Disco Machine l’a aussi très bien cerné. Dans quelques jours, on sortira un duo ensemble.
Quel regard portez-vous sur votre demi-siècle de carrière?
Je ressens toujours de la surprise. Quand j’ai enregistré Love in C Minor, mon premier album, je pensais que ce serait le dernier. Il y a toujours eu de la sincérité dans ce que j’ai fait. Je n’ai jamais sorti de disques pour faire des hits ou pour passer à la télé. Ce qui m’intéresse, c’est la communion incroyable avec le public. J’ai découvert ça avec mes solos de batterie sur le port de Saint-Tropez, en faisant la manche. Juste en tapant sur des fûts, j’attirais des regards sympas. C’était comme un jeu de séduction.
 
Le 4 août, Cerrone jouera à Nikki Beach Saint-Tropez, pour les 20 ans de l’établissement.
À l’origine du hip-hop, les groupes ont abondamment pioché dans les disques funk et disco. Cerrone fait partie des artistes ayant été énormément samplés. La première fois, c’était en 1984. , de Run DMC, reprenait un passage de batterie entendu sur son morceau . [Morville, alias Joey Starr, ndlr].
Le site whosampled.com ne recense pas moins de 208 autres artistes ayant samplé Rocket In The Pocket.
En 2020, Cerrone a également confié Experience, morceau tiré de son dernier album studio, DNA, au rappeur Laylow.
“C’est moi qui l’ai appelé. Je trouve que c’est un mec décalé. Il est venu à mon studio, on a parlé. Il a trouvé un truc qui l’inspirait et je lui ai proposé de passer directement dans la cabine. Quatre heures plus tard, le titre était fait. J’aime être dans cette énergie.”
“Rhôooooooooo!”
Vous utilisez un AdBlock?! 🙂
Vous pouvez le désactiver juste pour ce site parce que la pub permet à la presse de vivre.
Et nous, on s’engage à réduire les formats publicitaires ressentis comme intrusifs.

source

Catégorisé: