Le maire de Bidart, Emmanuel Alzuri, veut tirer la sonnette d’alarme. Il pointe les règles imposées de production de logements sociaux qu’il juge en inadéquation avec la réalité de la demande. Face à l’explosion des prix des biens dans des communes comme la sienne, il estime qu’elles laissent les classes moyennes et moyenne supérieures sans horizon. Il prône la refonte d’urgence des critères d’accès à des logements à prix maîtrisés et veut laisser plus de place au dispositif du Bail réel solidaire (BRS). Ce dernier permet de faire de l’accession sociale tout en laissant…
Le maire de Bidart, Emmanuel Alzuri, veut tirer la sonnette d’alarme. Il pointe les règles imposées de production de logements sociaux qu’il juge en inadéquation avec la réalité de la demande. Face à l’explosion des prix des biens dans des communes comme la sienne, il estime qu’elles laissent les classes moyennes et moyenne supérieures sans horizon. Il prône la refonte d’urgence des critères d’accès à des logements à prix maîtrisés et veut laisser plus de place au dispositif du Bail réel solidaire (BRS). Ce dernier permet de faire de l’accession sociale tout en laissant à la puissance publique la maîtrise du foncier à long terme et donc des prix.
La question de l’augmentation des prix du logement et des difficultés que rencontrent beaucoup d’habitants du territoire à y accéder n’est pas nouvelle. Vous voulez tirer la sonnette d’alarme. Pourquoi maintenant ?
J’ai voulu laisser passer la période des législatives. Maintenant, nos députés doivent se mobiliser : il faudra en passer par la loi pour nous aider. Avec le Covid, on fait face à une accélération phénoménale du problème. Sur le marché libre, on a basculé dans des prix irrationnels. À Bidart, pour un T3 sans rien d’exceptionnel, il n’y a pas grand-chose à moins de 500 000 euros. Les gens éligibles à de l’accession sociale ou un peu au-dessus des plafonds n’ont plus d’horizon. Le fossé entre social et accession libre est trop grand. Le Programme local de l’habitat (PLH) de l’Agglomération de 2021 est déjà obsolète. On est en train de laisser de côté toute une génération de classes moyennes. Nous, élus, on a la responsabilité de faire voler en éclat les règles posées à une autre époque. Même si, l’autre époque, c’était il y a seulement deux ans.
Sur votre commune, quel écart constatez-vous entre les règles actuelles de construction de logement social et ce qui remonte du terrain ?
On n’est pas du tout en phase. Les règles du PLH ne correspondent ni aux demandes, ni à la sociologie de notre population. Pourtant, depuis 2011 à Bidart, la part des logements aidés a doublé. On est presque à 17 % et on continue à actionner tous les dispositifs possibles pour atteindre les 25 % imposés par la loi SRU. Pour chaque nouvelle construction, notre PLU (Plan local d’urbanisme, NDLR) impose entre 50 % de logements sociaux pour un tout petit programme et 60 à 70 % pour les autres. Donc faire du social et loger les gens, c’est possible avec un cadre adéquat. Mais ça ne suffit pas.
Pourquoi ?
À l’intérieur de l’enveloppe de social, nous devons respecter des quotas par type de logement. C’est 30 % minimum de PLAI – le logement très social – et 40 % de logements pour les petits revenus. On a le droit au maximum à 30 % de locatif ou d’accession en BRS pour les foyers dont les revenus sont proches des plafonds. Sauf que cette répartition n’a rien à voir avec la réalité.
Sur votre commune, quel écart constatez-vous entre la demande et la typologie des logements sociaux imposée ?
À Bidart, on a 141 demandes pour du locatif social – souvent des personnes seules ou de jeunes couples – dont seulement 22 éligibles à du très social. À côté, on a 214 demandes pour de l’accession. Clairement, le très social, c’est minoritaire. Il ne faut pas arrêter d’en faire, mais on a la chance d’être dans un territoire où les gens travaillent. Et parmi eux, beaucoup sont éligibles au BRS. Avoir le droit de n’en faire que 30 %, c’est insuffisant. Et en plus les plafonds de revenus sont trop bas. Notre population, c’est 54 % foyer avec enfants, 66 % d’actifs et un revenu médian de 4 000 euros par mois pour un couple. Le couple avec deux enfants qui gagne plus de 4 007 euros dépasse les plafonds de revenus. Vu les prix délirants, l’accession libre lui est complètement inaccessible.
Quelles solutions proposez-vous ?
Il faut relever la proportion des BRS autorisés et augmenter les plafonds pour que plus de gens puissent y accéder. Pourquoi interdire à ceux qui bossent d’accéder à la propriété ici puisqu’on a un système qui le permet ? Avant, l’accession sociale avait une durée limitée. Les gens pouvaient ensuite revendre et faire une plus-value énorme. Avec le BRS, on échappe à cet effet pervers. Ces logements resteront dans le domaine public et occupés à l’année. C’est la clé. Au Pays basque, il n’est utilisé que depuis 2019. C’est très récent et on ne l’a pas assez bien intégré dans le PLH de l’Agglo. Il faut d’urgence adapter les critères et que tout le monde s’y mette, partout. Sinon, il n’y a pas d’avenir dans un territoire où tout est aussi cher.

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