Témoin et acteur privilégié des événements, le maire d’Alès n’a rien oublié du drame, puis de la solidarité qui a suivi. Il revient aussi sur le coup de gueule passé à l'époque contre les autorités, et explique comment ces inondations ont changé sa façon de prendre la mesure du risque.
Vingt ans après, vous revoyez-vous encore les pieds dans l’eau, au milieu de la nuit du 8 au 9 septembre ?
C’est ineffaçable ! À 5 h30, l’eau a sauté le parapet des Prés-Saint-Jean. Ce qui me revient en mémoire, c’est la détresse des gens. Au-delà des biens immobiliers, on perd sa mémoire. La population était déboussolée. C’est pathétique de dire ça, mais face à l’eau on ne peut rien faire. Je me revois sur le Pont neuf, avec des caravanes, des voitures, des bonbonnes de gaz nous arriver dessus… C’était un paysage de désolation complète. C’est incroyable de voir comment la nature peut tout ravager en si peu de temps. Cette impuissance est à la fois frustrante et traumatisante. Moi, je n’ai pas dormi de la nuit. Au petit matin, je suis parti dans les quartiers en 4×4, avec un employé de mairie. Ensuite, je circulais avec mon quad personnel pour être mobile facilement.
Quel doit être le rôle d’un maire dans ces moments-là ?
C’est d’abord de vite mobiliser tous les services municipaux. Je peux vous dire que tout le monde était sur le pont au pied levé. On a aussi vu toutes les entreprises du secteur pour apporter une aide. Et puis, on a ouvert le boulodrome de Bruèges, où on a installé un grand supermarché municipal avec des dons. Les sinistrés ont pu se servir en denrées alimentaires, en électroménager, en vêtements… On a aussi insisté pour remettre rapidement en marche l’eau, le gaz, l’électricité… Le premier impératif, c’était de venir au secours des gens. À ce titre, c’était fou de voir le nombre de bénévoles dans les quartiers.
Dès le 9 septembre, vous piquez une immense colère contre l’état. Face au manque de soutien, aux problèmes de communication, vous partagez votre sentiment d’abandon…
C’est là qu’on voit qu’on est bien la République alésienne ! Honnêtement, ça avait crié fort. J’avais le sentiment que nous étions isolés, comme coupés du monde, à attendre les secours. Imaginez que le plan Orsec n’a été déclenché qu’à 8 h 30 par radio amateur ! Il a fallu pleurer. Alès était rayée de la carte de la préfecture. Il a fallu passer par des cibistes pour joindre la mairie de Nîmes. Même les pompiers n’avaient pas de ligne avec leurs collègues nîmois. C’était intolérable et c’est pour ça que j’ai gueulé.
À l’époque, je demandais des travaux de sécurisation. Après 2002, je me suis passé des autorisations !
Ensuite, c’est un immense élan de solidarité qui s’est mis en place…
Oui. Les Fous chantants ont organisé deux concerts à Nîmes, avec Goldman et plein d’autres artistes. On a monté une association qui existe toujours, Alès Solidarité, qui a permis d’acheter du matériel de cuisine. Des gens avaient tout perdu, alors on a remeublé certaines maisons. Je revois arriver des semi-remorques de vaisselles ou d’électroménager aux Prés-Saint-Jean, au Moulinet, à Tamaris, Bruèges, les Cévennes, le centre-ville…
Il se dit que ces événements, à l’époque, vous ont décidé à investir dans un téléphone portable…
Je ne sais plus si c’est vrai, en tout cas à l’époque, il n’y avait pas trop de portables. Pour communiquer, il fallait vous servir d’une mallette satellitaire. Mais bon, encore fallait-il bien l’orienter pour trouver le satellite ! La vérité, c’est qu’on était complètement dans le black-out.
Des inondations, il y en a toujours eu. Le problème, c’est qu’on a perdu la mémoire
Diriez-vous, vingt ans plus tard, que la ville était mal “conçue” face aux risques d’inondation ?
Le problème, c’est que toutes les villes de France sont construites au bord d’une rivière. Des inondations, il y en a toujours eu. Le problème, c’est qu’on a perdu la mémoire. Effectivement, on peut se demander pourquoi on avait construit aux Prés-Saint-Jean… Nos décideurs ont pensé qu’on s’en sortirait. Mais ça, ce n’est valable que si vous entretenez la rivière…
Justement, ce drame a-t-il fait évoluer votre politique en matière de prévention des risques ?
Il fallait qu’on soit mieux préparés à tout ça. Déjà, à l’époque, je demandais à l’état d’engager des travaux de sécurisation. Inutile de dire qu’après 2002, je me suis passé des autorisations pour mettre les engins dans la rivière ! Quelques semaines après, on a libéré le Gardon, on l’a nettoyé, on a enlevé du gravier… Cela a permis de faire tomber le niveau d’1,20 m. On a également créé une plateforme téléphonique pour avertir les écoles. On a monté une cellule qui fonctionne 24h/24 en temps de crise. Aujourd’hui, en trois secondes, on peut avertir les gens par quartier grâce à un automate. Ça les sécurise. Même si, à l’heure actuelle, ce n’est pas en leur envoyant trois alertes par jour qu’ils vont davantage se méfier. Au contraire…
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le bitume révolutionnaire permet une absorption de l'eau, à voir.
goudronnage, goudronnage, goudronnage !!!!!!!!!!!!…
goudronner autour des maisons voir les aménagements à Rochebelle, les anciennes maisons des mineurs, même en 2002 nous n'avions jamais été inondé en revanche après les travaux et le goudronnage autour des maisons!!!!

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