Des usagers du RER A entassés dans les transports de région parisienne mi-décembre 2021.Kristina Martin – Linkedin
“Aïe!”, “Arrêtez de pousser!”, “Vous me marchez dessus!”… Chaque matin, se rendre au travail est loin d’être un long fleuve tranquille pour Kristina Martin, qui n’a pas d’autre choix que de faire 45 minutes en transports en commun. Depuis la rentrée, cette femme chargée de recrutement dans le XVIe arrondissement de Paris commence ses journées au milieu des cris, des bousculades et des embrouilles entre voyageurs.
“J’ai la chance de généralement trouver une place assise car j’habite à une station au début de la ligne de RER”, raconte à BFMTV.com la Francilienne de 35 ans, qui dit assister à “des scènes surréalistes” sur son trajet.
“Un bel exemple ce matin dans le RER A où il est presque impossible de respirer et encore moins de se mouvoir!!!”, écrivait-elle mi-décembre, agacée, dans une publication Linkedin. “Des gens criaient pour entrer dans le train, il était presque impossible d’en sortir, un véritable enfer!!”
Depuis le mois d’octobre, les transports en commun d’Île-de-France sont confrontés à de nombreux dysfonctionnements en raison des difficultés de recrutement et des problèmes de maintenance du matériel de la RATP. Ainsi, les autobus et métro ne circulent pas à fréquence normale, avec pour conséquence des temps d’attente parfois très longs et des véhicules bondés.
Une situation qui suscite des tensions quotidiennes sur le réseau RATP, comme l’explique à BFMTV.com Arthur*. Ces derniers mois, ce manager qui travaille au niveau du terminus d’une ligne du métro parisien a pu constater une montée de l’exaspération des conducteurs de ligne. “Complètement démotivés” par la situation, ils n’en peuvent plus, tout comme les passagers qui sont constamment à cran.
“Nous voyons l’ampleur du problème par le nombre de malaises voyageurs qui a augmenté. Les gens sont serrés comme pas possible aux heures de pointe. Cela fait aussi l’affaire des pickpockets qui agissent plus aisément en présence de monde”.
Une situation “insoutenable” qui rend Yasmine Barr “sur les nerfs” et “aigrie” tous les matins. “Ça me sape toute ma bonne humeur. Lundi, j’étais toute pimpante pour le premier jour de l’année. J’avais la patate mais j’ai réussi à m’embrouiller avec un chauffeur de bus en allant travailler, parce qu’il ne voulait pas ouvrir les portes de son bus de manière à ce que l’on puisse attendre avec lui à l’intérieur”.
Cette consultante en immobilier d’entreprise, qui met en général 1h10 depuis Bourg-la-Reine pour rejoindre son travail situé faubourg Saint-Honoré à Paris, regrette l’escalade de tension permanente.
“Entre les voyageurs qui poussent pour pouvoir sortir des wagons et ceux qui veulent rentrer coûte que coûte, même quand il n’y a plus de place… Le pire, c’est que tout le monde pousse, donc on est obligés de le faire nous aussi! Bientôt il nous faudra des pousseurs comme au Japon (ndlr. pour faire rentrer les passagers dans les rames)”, poursuit-elle. RER B, lignes 14 puis 9 du métro, et enfin le bus n°22: les trajets de Yasmine s’apparentent à un véritable parcours du combattant.
“Les altercations sont devenues monnaie courante”, confirme à BFMTV.com Karen Renassia, une Francilienne de 25 ans qui emprunte la ligne H, la ligne 4 puis le RER B tous les jours pour aller de Montmagny (Val d’Oise) à la Chambre du Commerce et de l’Industrie, dans le VIIIe arrondissement de Paris.
“Il y a certes des incivilités, mais c’est compréhensible… Les personnes qui forcent ne le font pas par plaisir. Si elles veulent prendre ce métro coûte que coûte, c’est pour ne pas arriver en retard au travail ou en cours, parce qu’elles savent très bien que le prochain sera dans 20 minutes… et qu’il sera sans doute aussi bondé”.
Parfois, certains usagers n’hésitent pas à en venir aux mains lorsque râler, souffler ou crier ne suffit plus. “La semaine dernière, des gens sur les quais essayaient de pousser au maximum pour pouvoir rentrer dans le métro, qui était évidemment déjà plein. Et soudain, quelqu’un à l’intérieur a pêté un câble et s’est mis à les frapper pour qu’ils arrêtent”, raconte à BFMTV.com Rémi Gautrelet, un étudiant de 20 ans dans l’audiovisuel à Paris.
Comme la plupart des Franciliens, le jeune homme a lui aussi l’habitude de laisser passer cinq métros avant de pouvoir monter à bord. “Clairement ces ‘micro-agressions’ constantes, ça fatigue, et ça met en colère”, rapporte le jeune homme, tellement agacé par la récente hausse du prix de l’abonnement qu’il envisage de ne pas renouveler le sien le mois prochain, et de prendre le risque de frauder et de se voir infliger une amende entre 35 et 50 euros.
“Je suis loin d’être le seul, beaucoup de mes camarades pensent comme moi”, affirme-t-il. Il y a quelques jours, Karen Renassia se souvient d’ailleurs avoir été témoin d’une violente altercation entre un fraudeur et un contrôleur RATP à ce sujet. La Francilienne rapporte que le ton est monté et que les agents ont été contraints d’appeler les forces de l’ordre, parce que l’usager expliquait n’avoir volontairement pas payé, au regard du service médiocre proposé.
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